САНКТ-ПЕТЕРБУРГСКИЙ ГОСУДАРСТВЕННЫЙ УНИВЕРСИТЕТ
Филологический факультет
Кафедра романской филологии
Закирова Эльвира Альбертовна
ПЕРСУАЗИВНЫЕ СТРАТЕГИИ В РЕЛИГИОЗНОМ ДИСКУРСЕ
Выпускная квалификационная работа на соискание степени магистра
лингвистики
Научный руководитель:
д.ф.н., проф. Иванова Е. П.
Санкт Петербург
2016
UNIVERSITÉ D’ÉTAT DE SAINT-PÉTERSBOURG
Faculté de philologie
Département des langues romanes
MÉMOIRE
présentée par
Elvira ZAKIROVA
en vue de l’obtention du grade de
Master en Linguistique
STRATÉGIES PERSUASIVES DANS LE DISCOURS RELIGIEUX
Sous la direction de
M a d a m e l a Docteur
Ekaterina IVANOVA
Saint-Pétersbourg
2016
ès lettres
TABLE DE MATIERS
TABLE DE MATIERS.................................................................................................................... 2
INTRODUCTION........................................................................................................................... 3
CHAPITRE I. RHÉTORIQUE ET PERSUASION........................................................................ 7
1.1 Rhétorique ou argumentation ?.............................................................................................. 7
1.2 Rhétorique et religion...........................................................................................................11
1.3 Argumentation ou persuasion ?............................................................................................13
1.4 Persuasion et propagande.....................................................................................................19
1.5 Supradiscours persuasif....................................................................................................... 23
CHAPITRE II. DISCOURS RELIGIEUX.................................................................................... 27
2.1 Situation contemporaine...................................................................................................... 27
2.2 Genres du discours religieux................................................................................................32
CHAPITRE III. DISCOURS RELIGIEUX PERSUASIF.............................................................46
3.1 Particularités du discours religieux persuasif...................................................................... 46
3.1.1. Locuteur....................................................................................................................... 46
3.1.2. Conflit pré-communicatif............................................................................................. 47
3.1.3. Relations des interlocuteurs, le problème du récepteur................................................49
3.2 Les stratégies persuasives : les tactiques persuasives.......................................................... 53
3.2.1 Stratégies rationnelles................................................................................................... 54
3.2.1.1 Actualisation........................................................................................................... 54
3.2.1.2 Appel à l’autorité.................................................................................................... 59
3.2.1.3 Redéfinition............................................................................................................ 64
3.2.2 Stratégies émotionnelles................................................................................................69
CONCLUSION............................................................................................................................. 74
BIBLIOGRAPHIE.........................................................................................................................77
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES...................................................................................... 83
ANNEXE.......................................................................................................................................85
INTRODUCTION
Les études sur la communication persuasive ont des origines historiquement
profondes car les notions de la persuasion comme le but prépondérant de
l’intervention publique ont été introduites pour la première fois dans la rhétorique
antique. Aujourd’hui, la communication persuasive est considérée comme une
forme d’interaction mentale et linguistique des individus qui se caractérise par la
mise en œuvre de l’influence verbale de l’un des interactants sur un autre par le
biais des stratégies communicatives de persuasion pour atteindre le résultat désirée.
Dans les années dernières la stratégie persuasive et son étude sont devenues
importantes non seulement dans le domaine politique et médiatique, mais aussi
dans la religion. La nécessité d’étudier les processus de l’influence linguistiques
sur les récepteurs de l’information est devenue évidente depuis longtemps, surtout
dans le cadre de l’intérêt pour la rhétorique. Les sciences qui s’occupent des
questions théorétiques de la rhétorique après le regain de l’intérêt pour la
rhétorique (c’est-à-dire, après « Le Traité de l’Argumentation » de Perelman et
Olbrechts-Tyteca et la « Rhétorique générale » du Groupe μ) forment la nouvelle
rhétorique ou la néo-rhétorique. Pour comprendre le rôle de la nouvelle rhétorique
on distingue deux changements des paradigmes : le grand changement qui a amené
au regain de l’intérêt pour la rhétorique et le changement particulier qui a abouti à
l’apparition de la néo-rhétorique.1
Le grand changement culturel et scientifique prévoit le passage de la
conception du monde historique et évolutionniste, qui ne laisse pas de grand
espace à la pensée rhétorique, à la conception informationnelle qui est liée à
l’approche théorique et probabiliste dans l’étude de la parole et à la notion
systémique de la langue. La nouvelle conception du monde s’est manifestée dans
les mathématiques, les sciences naturelles, la linguistique, les recherches sur
l’intelligence artificielle et même dans les arts. Ce grand changement s’est trouvé
fructueux et a mené au regain de l’intérêt général pour la rhétorique, y compris la
rhétorique classique. Au sein de la nouvelle conception on voit apparaitre la néo1Хазагеров Г. Г. Риторический словарь [Version électronique] / Г.Г. Хазагеров. - 2е изд., стереотип. – М.:
ФЛИНТА, 2011. p. 21 – 22.
rhétorique à la suite des idées postmodernes et l’approche phénoménologique de la
conception du monde. Pour le dire en deux mots, la rhétorique classique s’occupait
de la vérité, tandis que la nouvelle rhétorique est centrée sur l’opinion. La néorhétorique voit la persuasion comme son but principal. Le pouvoir de persuader
l’auditoire est une tâche primordiale du discours rhétorique. Le concept de la
persuasivité dans la néo-rhétorique s’appuie sur la logique, la psychologie et
l’axiologie.
Notre travail est consacré aux stratégies persuasives dans le discours
religieux. Pour le faire, nous avons posé les tâches suivantes :
Analyser les approches dans le domaine des études rhétoriques
contemporaines ;
Comprendre les relations entre les notions de la rhétorique, l’argumentation
et la persuasion ;
Introduire la notion du supradiscours persuasif ;
Analyser le discours religieux ;
Définir le champ persuasif dans le discours religieux ;
Identifier les stratégies persuasives dans le discours religieux.
Le premier chapitre « Rhétorique et persuasion » envisage les questions
théoriques. Nous allons analyser la notion de la rhétorique et ses relations avec
l’argumentation et la persuasion. Nous proposons d’introduire la notion du
supradiscours persuasif pour décrire l’ensemble des pratiques discursives mises en
œuvre dans plusieurs types de discours.
Le deuxième chapitre est consacré à l’analyse du discours religieux. Nous
allons examiner l’état contemporain de la religion dans le monde, en particulier
celui du christianisme. Ce sont l’Église Catholique et l’Église Orthodoxe qui sont
au centre de notre intérêt. Nous proposons de faire l’analyse des genres religieux et
de trouver parmi eux ceux que nous pouvons classer dans le supradiscours
persuasif.
Le segment religieux du supradiscours persuasif fait l’objet du troisième
chapitre. Tout d’abord, nous proposons d’analyser les particularités du segment
religieux. La deuxième partie du chapitre est consacrée à l’étude des stratégies
persuasives dans le discours religieux. Nous proposons de distinguer deux groupes
de stratégies persuasives : une stratégie rationnelle et une stratégie émotionnelle.
La stratégie rationnelle a pour but d’influencer l’auditeur à partir des arguments
qui font appel au raisonnement logique. La stratégie émotionnelle s’appuie sur les
arguments dont la tâche essentiel est d’influencer les émotions des récepteurs.
Aujourd’hui, les recherches sur l’argumentation sont basées sur des textes
des médias et des textes politiques. Ce sont les modèles, les moyens et les
modalités de l’argumentation qui font l’objet des recherches contemporaines. Tout
de même, on n’utilise pas souvent les textes religieux comme base de recherche sur
l’argumentation tandis qu’ils représentent un champ d’investigation très
intéressant. Dans notre recherche le champs d'investigation se limite au discours
religieux chrétien, orthodoxe et catholique en particulier. Depuis plus de 2000 ans
le Christianisme, et l'Eglise Catholique en particulier, influence la formation de la
civilisation occidentale. La présence de la religion dans notre vie est incontestable
et cela touche non seulement la vie quotidienne, mais aussi le domaine politique.
La religion a toujours sa force et son influence inspirantes aussi bien que
destructives. La plupart de la population de notre planète partagent des convictions
religieuses quelconques qui influencent leurs interactions et leur conception du
monde. La nécessité de comprendre la structure du discours religieux persuasive
dans le contexte des changements actuels est évidente.
L’importance théorique de notre recherche consiste en l’élaboration du
concept du supradiscours persuasif avec la définitions des stratégies universelles
persuasives. Les résultats de la recherche peuvent être utilisés dans le cadre des
cursus universitaires linguistique, ou pour l’élaboration des cours spécialisés sur la
manipulation et influence linguistique.
Les proposition à soutenir sont les suivantes :
1.
Le concept du supradiscours persuasif décrit les pratiques
communicatives de l'interaction des individus qui se fondent sur les différents
types de discours ayant certains traits communs tels que les traits cognitifs,
structurels, stylistiques, communicatifs et pragmatiques.
2.
Dans le discours religieux il est possible de définir plusieurs genres
qui peuvent être caractérisés comme appartenant au supradiscours persuasif.
3.
Les stratégies persuasives rationnelles et émotionnelles représentes les
deux types de stratégies persuasives qui sont réalisées dans le segment persuasive
du discours religieux.
La recherche est fondée sur les homélies et les messages du Pape François
(2013 – 2016, 145 unités) ; les messages du Pape Benoît XVI (2005 – 2013, 24
unités) les homélies et les messages du Patriarche Cyrille (2015 – 2016, 113
unités) ; les homélies des diacres (50 unités) ; au total : 332 unités. Les homélies et
les messages proviennent du site officielle du Saint-Siège2, du site officielle du
patriarcat de Moscou3 et du site qui regroupe des homélies proposées par des
diacres4.
2 URL : http://w2.vatican.va/content/vatican/fr.html
3 URL : http://www.patriarchia.ru/index.html
4 URL : http://homelies-diacres.danielbichet.fr/index.html
CHAPITRE I. RHÉTORIQUE ET PERSUASION
1.1 Rhétorique ou argumentation ?
Dans les recherches contemporaines sur l’argumentation quand on parle de
relation entre la rhétorique et l’argumentation, la rhétorique est tout d’abord
considérée comme le discours de persuasion. Bien plus, avec l’apparition des
travaux de Perelman on parle de la nouvelle rhétorique (« Traité de
l'argumentation, la nouvelle rhétorique », Chaïm Perelman, Lucie OlbrechtsTyteca5). Cette ouvrage a bien favorisé l'assimilation de ces deux concepts. D’un
coté les auteurs de l’ouvrage souligne que la notion de rhétorique a changé et il ne
peut correspondre entièrement à la notion de la rhétorique d'Aristote. D’autre coté
Perelman continue la tradition de considérer la persuasion comme la fonction
essentielle de rhétorique. Le concept de la nouvelle rhétorique de Perelman est né
dans le cadre de l’apparition de la nouvelle paradigme qui est fondée sur
l’approche phénoménologique, la notion de l’intersubjectivité, et les idées
postmodernes. La néo-rhétorique inclut dans ses études le contexte du temps :
l’accent est déplacé de la vérité incontestable sur l’opinion et l’’évaluation qui
peuvent changer, et de la preuve sur l’argumentation et la persuasion6.
Frans Hendrik van Eemeren, un des fondateurs de la théorie pragmadialectique, voit dans la rhétorique un autre approche de la compréhension de
l’argumentation, il l’oppose à la dialectique. Cette dernière considère que le but de
l’argumentation est de lever les doutes et rapprocher les points des vus des
locuteurs; tandis que la tache principale de l’argumentation rhétorique est la
persuasion du récepteur. En même temps Eemeren pense que dans les pratiques
argumentatives ces deux approches coexistent : dans le processus de règlement de
n'importe quel conflit les locuteurs, afin de réaliser leurs objectifs, se servent de la
rhétorique et de la dialectique. Aussi nous pouvons dire que la rhétorique est vu
comme un moyen de l'argumentation.
5 Perelman, Chaim, Olbrechts-Tyteca, Lucie, The New Rhetoric: A Treatise on Argumentation //transl. by
Wilkinson, John and Weaver, Purcell. University of Notre Dame Press. Notre Dame, Indiana, 1969. – 566 p
6 Хазагеров Г. Г. Риторический словарь [Version électronique] / Г.Г. Хазагеров. – 2е изд., стереотип. – М.:
ФЛИНТА, 2011. p. 21 – 22.
Il faut mentionner aussi les idées de Nicholas Rescher, qui comprend la
rhétorique comme l’art de la présentation persuasive, mais qui ne se réduit pas à
cette caractéristique. Selon Rescher, l'argumentation est soumise aux relations
d'enchaînement, c'est-à-dire que la thèse de l'argumentation doit s'appuyer sur les
autres propositions, la conclusion découle des arguments représentés et c'est plus
tôt le domaine de la logique ; tandis que la rhétorique ne se limite pas aux relations
d'enchaînement, elle représente le moyen de persuasion. Alors la rhétorique forme
les notions de base qui sont acceptées en tant que telles. Le locuteur se sert des
moyens rhétoriques pour former les opinions primaires auprès des récepteurs au
cours de l'argumentation.7 Ainsi cette approche envisage la rhétorique comme
fondement de l'argumentation, comme sa partie inhérente.
Le Dictionnaire d'analyse du discours donne la définition suivante : « La
rhétorique est la science théorique et appliquée de l'exercice public de la parole,
prononcée face à un auditoire dubitatif, en présence d'un contradicteur. Par son
discours, l'orateur s'efforce d'imposer ses représentations, ses formulation, et
d'orienter une action »8. Les auteurs du Dictionnaire distingue également la
rhétorique argumentative qui « part d'une compétence naturelle, la compétence
discursive, et la travaille en l'orientant vers les pratiques langagières sociales. [...]
Une intervention rhétorique est constituée d'un ensemble d'actes de langages
planifiés, finalisés, s'adressant à un public dubitatif [...] »9. Donc la rhétorique ici
est considérée comme discipline au cœur de laquelle il y a l'argumentation. Les
auteurs du Dictionnaire proposent deux conceptions de l'argumentation qui peut
ainsi être interprétée comme présentation d'un point de vue et comme composition
d'énoncés.
« Rhétorique et argumentation renvoient toutes deux à une question qui
mesure tout ce qui sépare (ou réunit, le temps de la poser, ou plus longtemps si la
relation est davantage caractérisée par le psychologique) les protagonistes de la
7Мигунов А.И. Соотношение риторических и аргументативных аспектов дискурса // РАЦИО.ru. 2010. № 4.
С. 3-28.
8 Dictionnaire d'analyse du discours [sous la direction de Patrick Charaudeau P et Dominique Maingueneau],
éditions du Seuil, 2002, p. 505
9 Ibid., p. 508
relation rhétorique. Ils ne se connaissent pas forcément, comme l’homme politique
qui s’adresse par l’intermédiaire de la télévision à son électorat, ou l’écrivain qui
ignore quels seront ses lecteurs. La rhétorique, envisagée cette fois comme
discipline, réunit toujours un orateur et son auditoire sur une question donnée
qu’ils négocient. A travers elle, c’est la distance, la différence entre eux, qu’ils
mettent sur la table. Qu’est-ce qui est hors-question, qu’est-ce qui est en question,
qu’est-ce qui, dans leurs positions respectives, est négociable ? Ce sont là les
questions de base de la rhétorique (et de l’argumentation) ».10 En somme, nous
pouvons dire que la rhétorique-discipline contient l'argumentation; cependant il
faut prendre en considération que la rhétorique peut représenter aussi la technique
de l'argumentation et dans ce cas-là elle utilisé comme synonyme de l'éloquence.
Examinons la situation de communication rhétorique. L'acte de
communication rhétorique peut avoir lieu en condition d'existence de locuteur
(émetteur), récepteur (destinataire) et du discours (le texte). Le but d'un acte pareil
est de convaincre le récepteur. Cette influence est mise en œuvre dans deux
direction: le locuteur se sert de l'argumentation pour convaincre le récepteur au
niveau logique d'un coté, et d'autre coté il influence les émotions du récepteur.
Cette approche de l'analyse des actes communicatives viens de l'Aristote et sa
rhétorique. La tradition antique a bien sur son influence sur l'étude du discours, et
si nous pouvons le dire, elle jette les bases de la pensée scientifique. La nouvelle
rhétorique ne peut pas ignorer les acquisitions de l'Antiquité ; en même temps elle
propose des approches nouvelles qui ne sont pas structurées dans un paradigme
scientifique unifié. La pluralité des points de vus dans les questions de la
détermination des objets, des buts et des taches de la nouvelles rhétorique résulte
en ce qu'il existe des définitions parfois opposants de la rhétorique.
Ainsi, le terme « rhétorique » n’est pas assez précisément déterminé ce qui
facile à comprendre. Dans l’antiquité la rhétorique s’est formé comme l’art de la
parole destiné à l’audience de masse et elle avait le caractère syncrétique. La
10 Meyer, Michel. « Comment repenser le rapport de la rhétorique et de l’argumentation ? » , Argumentation et
Analyse du Discours [En ligne], 2 | 2009, mis en ligne le 01 avril 2009. URL: http://aad.revues.org/211 (Consulté le
19.01.2016)
rhétorique comprenait ce que nous avons aujourd’hui comme disciplines à part
ayant pour objet d’études la langue et la parole dans toutes leurs formes et
manifestations. Dans le contexte du développement de ces disciplines, la
rhétorique renait, mais tout à fait dans sa forme contemporaine.
Dans l’ensemble, nous pouvons voir que les opinions sur les relations entre
rhétorique et argumentation partent des positions d’une distinction nette, à un
équilibre variable entre ce qui est considéré comme deux disciplines à part, mais
complémentaires en même temps, et jusqu’à la proposition d’une association dans
le cadre d’une même activité verbale. Chacune de ces opinions est fondée sur une
conception particulière de l’argumentation, et sur des présupposés distincts.
1.2 Rhétorique et religion
La rhétorique s'est développée au sein des sociétés démocratiques ; son
intérêt était plutôt centré sur le discours politique et public. Les théoriciens grecs et
latins ont formalisé les concepts de cette science. Peu à peu l'art de bien parler
entre dans le domaine religieux; comme nous sommes intéressés au christianisme,
il serait utile de nous rappeler que la rhétorique était en plein force quand la
religion chrétienne a vu le jour.
C'est le Moyen Age qui donne naissance au rhétorique sacrée ou
homilétique, qui change la structure du discours rhétorique et présente une image
nouvelle du rhéteur. Le but de la rhétorique chrétienne est la formation d'une
personnalité nouvelle, la création d'une société conforme aux normes moraux du
christianisme dont les membres appartiennent à l'Eglise universelle. L'art de
l'argumentation théologique atteint son apogée dans les œuvres des pères de
l'église: Athanase d'Alexandrie, Basile de Césarée (le Grand), Grégoire de
Nazianze (le Théologien), Cyrille de Jérusalem, Jean Chrysostome, Grégoire I er le
Grand. A cette époque la religion chrétienne et l'Eglise avaient l'influence
prépondérant dans le domaine d'éducation et de formation, aussi bien que dans la
vie culturelle de la société. Au fur et à mesure l'Eglise a monopolisé le système
d'éducation et de formation; la rhétorique et la grammaire ont devenu les
instruments de la religion, l'art de bien parler était au service de l'homélie.
La Réforme et la Renaissance ont changé le rapport des forces. Au XVII
siècle l'étude rationnel de la langue se développe. La rhétorique était vue comme la
science de langue et vers XVII-XIX siècles elle était comprit plutôt comme l'étude
de l'argumentation dans les textes écrits11. Comme la rhétorique avait été enseignée
dans le cadre de l'éducation religieux, au moment des tensions entre l'Etat et
l'Eglise cette discipline représentait le symbole rétrograde. Laïcisation de la
société, de l'enseignement, de l'état a porté ses fruits: la rhétorique été délégitimée,
ayant la logique séparée de ses études. Cependant l'intérêt pour les études
11Волков А. А. История риторических идей. /Образовательный портал "Слово"/ Mis en ligne 16.06.2012.
URL : http://www.portal-slovo.ru/philology/45601.php (Consulté le 20.01.2016.)
d'argumentation se maintenait dans le domaine du droit et de la théologie. « A la
même époque, les discours polémiques à contenu politique et religieux sont d'une
violence particulière, et produisent, du coté catholique, des ouvrages
impressionnants, notamment par leur volume, prenant la défense du dogme »12.
L'Eglise devait faire valoir ses convictions et mobiliser tout son savoir de
l'éloquence pour faire face aux grandes découvertes et tous les acquis scientifiques
de l'époque. La non-conformité de la science et la théologie a porté l'ombrage aux
pratiques argumentatives, qui était vues comme fallacieux.
12 Christian Plantin. L'argumentation : histoire, théories et perspectives. Paris : Presses Universitaires de France,
2005, p. 12 / Que sais-je ? : collection encyclopédique
1.3 Argumentation ou persuasion ?
Au premier regard, les questions touchés par la rhétorique et la logique
semblent être de différente nature. Pour beaucoup de personnes la rhétorique est
associée tout d'abord avec la mise en œuvre de l'argumentation persuasive ou
l'étude du discours persuasif. La question concernant le style de présentation des
arguments représente le point de désaccord essentiel: la logique traite la structure
des arguments et leurs exactitude, tandis que la rhétorique s'occupe de l'efficacité
des arguments qui sont utilisés pour influencer l'auditoire 13. Ayant la structure
erronée ou fausse, un argument peut tout de même parait persuasif pour les
récepteurs, et vice versa. D'autre coté nous ne pouvons pas limiter la rhétorique à
l'efficacité seule des arguments, alors que la structure correcte des arguments est
probablement liée à l'efficacité de leur effet persuasif. La structure d'un argument
est bien sur importante, mais son usage dans le discours est également significatif.
Ainsi la rhétorique et la logique doivent coopérer dans le cadre de cet approche.
Argumentation représente l'ensemble des raisonnements ayant pour but de
changer le point de vue ou les convictions d'autre partie 14 ; ce sont les
raisonnements « par lesquels on déduit les conséquences logiques d'un principe,
d'une cause ou d'un fait, en vue de prouver le bien-fondé d'une affirmation, et de
convaincre » (CNRTL). Un raisonnement ou un argument est un ou plusieurs
énonciations reliées. Les raisonnements sont utilisés pour appuyer la thèse
d'argumentation, autrement dit l'affirmation que le locuteur doit inspirer à ses
auditeurs et faire parties de leurs convictions.
Les définitions de l'argumentation sont nombreux : elle est liée à plusieurs
disciplines; tout de même nous proposons de nous référer tout d'abord à la logique,
parce qu'elle nous aidera de trouver l'essentiel de l'argumentation, les points de
base que nous pouvons utiliser pour nous appuyer.
13Walton, Douglas. Dialog theory for critical argumentation. - Amsterdam; Philadelphia: John Benjamins
Publishing Company, 2007. - XVIII. - (Controversies (CVS) / ed.: Marcelo Dascal ; vol. 5), p. 91
14Ивин А. А. «Основы теории аргументации: Учебник.». М.: Гуманит. изд. центр ВЛАДОС, 1997. p. 3
Nous pouvons citer plusieurs caractéristiques essentielles de
l'argumentation :
— l'argumentation est toujours manifestée dans la langue, elle prend la
forme des énoncés ou des propositions écrites; la théorie d'argumentation étudie les
liens entre ces unités laissant à part les idées, les arrière-pensées ou les motives
cachés des arguments ;
— l'argumentation représente une activité orientée vers un but précis: celle
de renforcer ou affaiblir des convictions ;
— l'argumentation est une action sociale car elle est tendue vers une
personnes ou vers un certain nombre de gens; elle présuppose la situation de
dialogue des interactants et la réaction active des récepteurs ;
— l'argumentation s'appuie sur la raison des interlocuteurs qui sont capables
d'estimer les arguments, les accepter ou les contester.
De point de vue de la logique, on distingue deux type d'argumentation:
empirique, dont les arguments essentiels représentent l'expérience, et théorétique,
fondée sur le raisonnement. Les données empiriques qui sont utilisées au cours de
l'argumentation prennent le forme des exemples (quand un fait concret permet de
généraliser la situation), des illustrations (quand un fait soutient une idée déjà
existante) et les modèles (quand un fait est tenu pour un modèle). L'argumentation
empirique toujours demande le recours à l'argumentation théorétique, car
d'habitude ce sont les raisonnements théorétiques qui apparaissent d'être décisifs au
moment du choix entre les idées opposées. Les méthodes d'argumentation
théorétique incluent le raisonnement déductif, argumentation méthodologique,
argumentation systémique, et d'autres.
En vue de l'auditoire pour laquelle l'argumentation est présentée la logique
distinguer l'argumentation universelle et contextuelle. De leurs noms il est assez
évident que l'argumentation contextuelle est effective au milieu de certains
récepteurs. Les moyens d'argumentation contextuelle comprennent l'appel à la
tradition, à l'autorité, à l'intuition, à la foi, au bon sens. Pourtant nous pouvons dire
qu'en gros ces moyens sont tous soumis à la tradition, car tous ce qui est mentionné
plus haut se forme d'après la tradition historique et dépend de cette dernière. Elle
aussi détermine la réceptivité de l'auditoire. La technique d'appel à la tradition
représente un instrument effectif quand l'argumentation touche les questions
morales.
Appel à l'autorité peut être définit comme référence à l'opinion ou à l'action
d'une personne reconnue dans la domaine de la problématique du discours
par ces convictions ou actions. A la différence de la tradition qui se forme
d'une façon spontanée et n'a pas d'auteur, l'autorité est une personne
concrète.
L'intuition est semblable à la foi: elle se définit comme une conviction
profonde, sincère et émotionnelle dans la vérité d'une point de vue.
La foi se manifeste par acceptation de certaines dispositions comme
certaines et incontestables.
L'argumentation, vue comme discours logique, représente une sorte de
procédé de raisonnement. D'après les définissions classiques l'argumentation a
pour base un constellation d'énoncés ou propositions qui sont liées à un certain
système de vus. Dans le chapitre précédent nous avons essayé d'expliquer les
différences entre les concepts de la rhétorique et de l'argumentation. De nos
réflexions il est évident que la logique forme l'argumentation rhétorique, mais la
question se pose: ou mène cette logique, quel est son but ? La réponse est la
persuasion.
« L a persuasion peut être vue comme le produit des processus généraux
d'influence. [...] La rhétorique argumentative s'intéresse fondamentalement au
discours tenu dans un débat ouvert et contradictoire, structuré par l'intention
(illocutoire) de persuader, c'est-à-dire de communiquer, expliquer, légitimer et faire
partager le point de vue qui s'y exprime et les mot qui le dise [...]. La persuasion
(perlocutoire) résulte de tout ou partie de la réalisation de l'ensemble de ces
intentions. La façon dont elle se réalise ou non est une question empirique, dont
l'étude doit se mener en collaboration »15. Nous pouvons décrire les relations entre
les trois concepts envisagés d'une façon suivante (Figure 1. Les trois concepts) :
Rhétorique
Argumentation
Per
sua
sio
n
Figure 1. Les trois concepts
Effectivement, nous considérons ces trois notions comme appartenant à des
niveaux différents. La rhétorique représente le domaine disciplinaire ayant
l'argumentation comme « moyen » pour atteindre son but de persuader. Il est
important de tenir en compte ces relations hiérarchiques car il existe beaucoup de
définitions pour expliquer ces notions et nous pouvons finir par perdre leurs
limites.
Dans leur travaux commun C. Perelman et L. Olbrechts-Tyteca montre aussi
la différence entre la notion de persuasion et celle de conviction. Ils proposent en
effet « d'appeler persuasive une argumentation qui ne prétend valoir que pour un
auditoire particulier et d'appeler convaincante celle qui est censée obtenir
l'adhésion de tout être de raison »16. Tout de même nous devons essayer de trouver
les caractéristiques essentielles de la persuasion.
Comme nous avons déjà mentionné, la persuasion peut être considéré
comme le but de l'argumentation, donc on recours à l'argumentation pour persuader
notre interlocuteur. Cette situation communicative se répand dans tout les
domaines de nos vies. En effet, nous avons tous la perception générale de la
persuasion comme l'acte de changement de l'opinion dans le cadre de l'interaction
verbale. Il faut préciser que le changement de l'opinion représente plutôt le résultat
de la persuasion, tandis que la persuasion elle-même stimule ce changement.
15 Dictionnaire d'analyse du discours, 2002. p. 428-429
16Cité de : Christian Plantin. L'argumentation : histoire, théories et perspectives. Paris : Presses Universitaires de
France, 2005, p. 38 / Que sais-je ? : collection encyclopédique
Etant donné que le processus de persuasion fait part de l'acte communicatif,
il faut au moins deux participants (ou il est mieux de dire, deux parties
interactantes) pour mettre en œuvre l'acte de persuasion. Pour comprendre
l'essence du processus nous proposons la définition détaillée de la persuasion
élaborée par Douglas Walton : « The proponent persuades the respondent to accept
a designated proposition A as true if and only if the proponent puts forward a chain
of argumentation meeting the following requirements. First, each step, or single
inference in the chain, is a structurally correct argument according to some
appropriate requirements set out in the opening stage of the dialogue. Second, the
premises of the argument are all propositions that are already commitments of the
respondent in the dialogue or are propositions that he can tentatively accept or be
gotten to accept by argument later in the dialogue. Third, the ultimate conclusion
of the chain of argumentation, at the final step of inference, is the proposition A »17
(Le propagateur peut persuader le répondant/récepteur d'accepter la proposition
indiquée A comme vraie si, et seulement si, le propagateur présente une chaine
argumentative conforme aux critères suivants. Premièrement, chaque pas ou
inférence dans la chaine représente un argument structurellement correcte en
conformité des exigences instaurés au début du dialogue. Deuxièmement, les
prémisses de l'argument sont les propositions qui sont déjà les engagements du
répondant dans le dialogue ou sont les engagements qu'il peut accepter
provisoirement ou qu'on peut lui faire accepter par argument au cours du
dialogue. Troisièmement, la conclusion principale de la chaine argumentative à la
fin de l'inférence est la proposition A)18.
Cette définition met en relief trois éléments principaux de la persuasion. Le
premier concerne l'argumentation : pour persuader l'interlocuteur, les arguments
doivent être logiques et la conclusion doit suivre des prémisses ; cette partie de la
définition nous renvoi aux technique de l'argumentation, à la « forme extérieure »
de la persuasion et nous fait penser sur la question de la structure des arguments et
17 Walton, Douglas. Media argumentation: dialectic, persuasion, and rhetoric. Cambridge University Press, 2007, p.
87-88
18 Remarque : toutes les traductions présentées dans le texte de ce recherche sont faites par l’auteur de la mémoire,
Elvira Zakirova.
de leur enchainement. Le deuxième élément concerne les prémisses du récepteur et
son engagement à ses convictions qui est transféré des prémisses à la conclusion.
Le troisième élément indique la notion de la conclusion principale qui en effet
représente l'essence de la persuasion, c'est la fin de l'acte de persuasion : le
propagateur doit convaincre le récepteur d'accepter la conclusion.
Ainsi il est possible de désigner l'acte de persuasion comme un effort d'une
partie de changer l'opinion, les sentiments, les action d'autrui. Il existe aussi deux
autres formes d'influence: la coercition et l'incitation. La différence entre ces deux
formes consiste en ce que la coercition offre les conséquences positives du
changement tandis que l'incitation effroi des conséquence négatives. Pouvons nous
les traiter comme types de persuasion ? Pour le comprendre nous devons prêter
attention au but de ces actes: la persuasion amène à l'acceptation d'une proposition
comme vrai à la base des engagements du récepteur, tandis que la coercition et
l'incitation offrent une sorte de compromis pour que le récepteur puisse acquérir ce
qu'il apparemment veut. L'une des traits prépondérant de la persuasion est la
liberté : le récepteur doit accepter librement la conclusion que l'énonciateur lui
présente.
1.4 Persuasion et propagande
Le mot « propagande » a émergé dans la langue avec la création de la
Congrégation de Propaganda Fide au XVII siècle : ce département de
l'administration pontificale était chargé de la propagation de la foi, c'est-à-dire sa
diffusion. Très rapidement l'action de la Congrégation s'étendait et la propagande
désignait ainsi la Congrégation elle-même, aussi bien que son action et le contenu
de ses messages : « Par la propagande, l’Église dépasse ses auditoires restreints
pour viser une communication large, ouverte, universelle. Les missions ont donc
une double charge de conquête des populations non chrétiennes et de reconquête
des chrétiens ayant abandonné le catholicisme. »19 A l'origine le mot n'avait pas de
connotations négatives, au moins pour les catholiques qui se trouvaient à son
origine. Quand même il est assez facile de deviner que les connotations négatives
ne se tardent pas à apparaitre, puisque le terme arrive au milieu des tensions
religieux et il est logique que pour les protestants la propagande s'associe aux
actions concrètes des catholiques, à leur défense d'un point de vue concret dans les
questions doctrinales.20
Le grand changement du sens se passe quand le mot entre le domaine
politique. Le mot « propagande » est utilisée pendant les deux guerres mondiales
pour décrire les actions des parties opposées qui sont caractérisées comme fausses
et mensongères, et le mot obtient des connotations forcement négatives. La
propagande désigne depuis un discours illogique, c'est-à-dire qui n'est pas bien
fondé, et discours contraire à l'éthique, qui implique la tromperie et la
manipulation. Les connotations négatives étant si fortes, en 1982 la Congrégation
de Propaganda Fide change son nom vers la Congrégation pour l'évangélisation
des peuples.
Aujourd’hui parmi les synonymes de la propagande nous pouvons trouver
tels mot que la mensonge, la tromperie ou même « le lavage du cerveau ». Le
19d’Almeida, Fabrice. « Propagande, histoire d’un mot disgracié », Mots. Les langages du politique [En ligne],
69 | 2002, mis en ligne le 14 mai 2008. URL : http://mots.revues.org/10673 (Consulté le 20.11.2015)
20 d'Almeida, Fabrice (1963- ). La manipulation. - 2e èd. mise à jour, 7e mille. – Paris : Presses Universitaires de
France, 2006. p. 81 – 87
Pocket Oxford Dictionary (1984) a présenté la définition de la propagande comme
« biased information » (information préjugée)21. Le problème des définitions de la
propagande consiste en ce qu’il y en a trop. Beaucoup de définitions de la
propagande postulent que son but est de changer les convictions des récepteurs ou
les faire accepter certaines propositions comme vraies ou fausses. En tant que traits
caractéristiques de la propagande, ces buts sont plutôt secondaires et la fin
principale est toujours de faire agir les destinataires ou les faire s'abstenir de
certaines actions. Alors la plupart des chercheurs admettent que la propagande
concerne l’influence sur les opinions et surtout elle est liée à la mise en œuvre de
l’influence émotionnelle plutôt que rationnelle. Lasswell a décrit la propagande
comme « manipulation of collective attitudes by the use of significant symbols
(words, pictures, tunes) »22 (manipulation des attitudes collectives par le biais de
symboles significatifs (les mots, les images, les mélodies)).
Pour atteindre à ses fins la propagande recours à la persuasion. Pour mieux
comprendre les relations entre l'acte persuasive et la propagande nous proposons
d'examiner les traits caractéristiques de la dernière d'après Walton23 :
1. La structure dialoguée : d'un coté se trouve le locuteur (un groupe ou une
personne représentant ce groupe) qui est l'émetteur du message. D'autre cote
il y a le récepteur qui est souvent l'audience de masse. Généralement les
relations entre deux parties sont déséquilibrées, car le locuteur joue un rôle
plus actif, tandis que le récepteur est plus passif dans la plupart des cas.
2. L e contenu du message représente une argumentation verbale ou nonverbale (ex. en images) qui est souvent soutenue par les moyens différents
tels que la musique ou les costumes.
3. La structure axé sur l'objectif : le but du destinateur est de faire agir le
récepteur, de faire accomplir une action certaine ou soutenir une politique
pour mener les actions; cette approche déterminée ou intentionnelle est
souvent caractérisée comme manipulatrice.
21 Cull, Nicholas John. Propaganda and mass persuasion: a historical encyclopedia, 1500 to the present / Nicholas J.
Cull, David Culbert, David Welch. ABC-CLIO, Inc., Santa Barbara, California, 2003. p. 317
22 Cité de : Cull, Nicholas John. Propaganda and mass persuasion. 2003. p. 318
23 Walton, Douglas. Media Argumentation, 2007, p. 109 - 113
4. L'auditoire de la propagande inclut les gens appartenant à des couches
sociaux différents dont les membres ont les intérêts communs.
5. La propagande est indifférente à l'application du raisonnement logique;
elle se sert de tels moyens argumentatives qui sont opportuns et justes dans
une situation de communication particulière.
6. La propagande peut être considérée comme un discours qui préconise un
seul point de vue, voire l'argumentation partiale.
7. L a persuasion est utilisée pour engager l'auditoire dans l'action, c'est le
moyen de la propagande pour accomplir sa tache principale d'inciter les
récepteurs à l'action.
8. La propagande en tant que l'action sociale est justifiée par les résultats à
atteindre.
9. L a lexique émotive aussi bien que les définitions persuasives sont utilisés
pour rendre les caractéristiques extrêmes aux points de vue opposés.
10.La propagande créer la dichotomie pour les auditeurs.
Il faut dire que ces caractéristiques de la propagande sont introduites par
Walton pour le discours médiatique, tout de même la propagande est un
phénomène qui est présente dans les domaine différents, y compris dans la
religion. En même temps la question se pose : comment devons nous traiter la
propagande, est-ce que nous devons la classer dans le discours persuasif ? Nous
avons souligné que la propagande a pour but de changer le point de vue du
récepteur pour qu'il agisse. Donc, il semble que la propagande et la persuasion sont
presque les mêmes, néanmoins il faut faire attention : quoique leur but de changer
le comportement post-communicatif peut être considéré comme caractéristique
pour les deux, les moyens d'y parvenir diffèrent. Il faut souligner que la
propagande ne fait pas de différence dans ses méthodes car tout est justifié par son
but (voir 5 et 8).
La diffusion de la propagande est une action consciente et délibérée. Le but
de la propagande est au centre de son action : c’est le but qui distingue la
propagande des autres activités politiques et sociaux et qui indique sa réalisation.
Dans son sens plus générale la propagande représente une action communicative
ciblée avec un objectif établis a priori ; elle influence l’opinion publique par la voie
de transmission des idées et des valeurs à une fin précise, sans violence. 24 Bien que
la propagande s’en sert de la persuasion comme un des outils pour atteindre ses
buts, nous ne pouvons la classer que dans le domaine de discours rhétorique
comme une forme d’influence manipulatrice, mais nous croyons qu’elle
n’appartient pas au supradiscours persuasif.
24Cull, Nicholas John. Propaganda and mass persuasion: a historical encyclopedia, 2003. p. 317 – 323.
1.5 Supradiscours persuasif
L’analyse du discours comme discipline est apparu dans les années 1960.
Les recherches de discours « sont situées au carrefour de tous les champs de
savoir »25. Norman Fairclough a développé le modèle à trois dimensions pour
étudier le discours ou il distingue trois formes séparées de l’analyse de discours qui
sont interdépendantes : l’analyse des textes oraux ou écrits, analyse des pratiques
discursives (le processus de la production textuelle, son distribution et son
consomption) et l’analyse des évènements discursives comme des exemples des
pratiques socioculturelles. Alors, on peut dire que la pratique discursive
représente le processus de la création du texte et son perception dans le cadre de
l’évènement communicatif inclus dans le contexte socioculturel. Cette définition
nous permet d’élaborer le concept de la pratique discursive et la représenter
comme l’interaction communicative des individus ou/et des groupes des individus
fondée sur les textes appartenant au domaine particulier de communication. Ainsi
la pratique discursive comprend beaucoup d'éléments tels que les sujets du
discours, les sources d’informations, les institutions, les idéologies, les rites, les
opinions, etc.
Dans les différents types de discours on peut trouver une telle pratique
discursive qui représente l’interaction communicative dont le but est de faire agir
le récepteur dans les intérêts du locuteur par le biais de conviction ou/et
persuasion. Nous parlons ici de telles réactions d'allocutaire qu’on peut caractériser
comme les décisions prises par le récepteur lui/elle-même sur la nécessité,
désirabilité, possibilité de l’action post-communicative. On peut trouver cette
pratique discursive dans tels types de discours comme discours politique, juridique,
religieux et même quotidien. Cette dispersion et importance du type de discours
indiqué nous permet de le distinguer des autres et le placer au-dessus dans la
hiérarchie : nous proposons de le nommer supradiscours persuasif.
25 Maingueneau, Dominique. « Que cherchent les analystes du discours ? », Argumentation et Analyse du Discours.
9 | 2012, mis en ligne le 15 octobre 2012. [En ligne] URL : http://aad.revues.org/1354 (Consulté le 18.01.2016)
Le concept du supradiscours persuasif décrit les pratiques communicatives
de l'interaction des individus qui se fondent sur les différents types de discours
ayant certains traits communs tels que les traits cognitifs, structurels, stylistiques,
communicatifs et pragmatiques. Le préfixe supra- souligne que les pratiques
communicatives persuasives peuvent se réaliser dans les différents types sociofonctionnels de discours. Donc, nous pouvons présenter les traits principaux du
supradisours persuasif (SDP) :
1. SDP représente une forme particulière de l'interaction communicatif.
2. SDP inclut certaines parties des autres discours ayants les traits communs.
3. C'est la persuasion qui détermine l'appartenance au SDP.
4. L'acte de persuasion est propre au tous les types du discours qui forme le
SDP, il a le caractère universel.
La caractéristique primordiale du supradiscours persuasif est la persuasivité.
Le supradiscours persuasif se caractérise par la mise en œuvre de l’influence
persuasive dont le but est de changer le comportement post-communicatif du
récepteur par biais de changement de son attitude pré-communicatif à l’égard de
l’objet du discours.
Les particularités de l’influence persuasive :
Conflit pré-communicatif (réel ou supposé) entre les participants sur la
nécessité/possibilité/désirabilité de l’action post-communicatif initiée par le
locuteur ;
Dichotomie de rationnel et de l’émotionnel : application des arguments
rationnels et émotionnels (explications, exemples, flatterie, etc.). « Faut-il rappeler
qu’Aristote, le fondateur de la théorie de l’argumentation européenne avec ses
traités « Topiques » et « Rhétorique », soulignait encore plus clairement qu’il est
légitime pour l’orateur d’utiliser non seulement des moyens persuasifs basés sur le
logos (l’argumentation rationnelle), mais aussi les émotions de l’auditoire (pathos)
et la réputation de l’orateur même, qui inclut notamment les émotions positives
suscitées par la personnalité de l’orateur (ethos) »26 ;
26Kienpointner, Manfred. « La liberté ou la mort. Les arguments émotionnels dans les Philippiques de Cicéron »,
Argumentation et Analyse du Discours 13 | 2014, mis en ligne le 14 octobre 2014. URL : http://aad.revues.org/1786
Libre choix : le récepteur prend la décision indépendamment sur la
nécessité/possibilité/désirabilité de l’action au bénéfice du locuteur
Le contexte de la situation communicative et les particularités de l’influence
persuasive présupposent certaines caractéristiques propres aux interactants. Tout
d’abord, il existe entre eux un désaccord sur la nécessité/possibilité/désirabilité de
l’action à réaliser par le récepteur, d’où découle l’intention persuasive dominante
du locuteur, son intérêt vif et sincère dans l’actualisation de ses intentions. Les
interactants possèdent des images cognitives les uns des autres, ils comprennent la
situation communicative et se servent du code linguistique et paralinguistique
commun. Ils possèdent aussi des connaissances communes (encyclopédique,
pragmatique et socio-culturelle) ; tout de même niveau de connaissances
communes de locuteur et récepteur peut différer et ce fait influence le choix des
stratégies argumentatives et des moyens linguistiques de leur actualisation.
La stratégie persuasive représente un phénomène universel dans certains
types de discours où l’un des objectifs prépondérants de l’expéditeur est de
changer le comportement post-communicatif du locuteur ; par exemple, ce sont les
discours politique, médiatique et religieux. La stratégie persuasive détermine
l’application des moyens linguistiques de la persuasion rationnelle, aussi bien que
de l’influence émotionnelle.
L’objectif de la stratégie persuasive est donc de changer le comportement
post-communicatif du récepteur dans la situation de libre choix : le récepteur doit
être convaincu qu’il est nécessaire, ou désirable, ou possible d’agir.
Dans son œuvre « Риторический
метадискурс :
основания
для
прагмалингвистического моделирования и социокультурной реализации (на
материале современного немецкого языка) » (« Le métadiscours rhétorique : le
fondement du modelage pragma-linguistique et de la mise en œuvre socioculturelle
(sur les exemples de l'Allemagne contemporain) »), M. Golodnov représente la
(Consulté le 08.02.2016.)
structure hiérarchique de la stratégie persuasive à cinq niveaux qui sont reliés par
les relations d’inclusion27 :
1)
2)
3)
Stratégie persuasive générale (intention générale) ;
Stratégies persuasives spécialisées ;
Démarches communicationnelles persuasives : tactiques persuasive (les
moyens de la mise en œuvre d'une stratégie persuasive) ;
4)
Outils communicationnels persuasifs ;
5)
Marqueurs persuasives (moyens linguistiques et extralinguistiques de
l’explication persuasive des outils communicationnels persuasifs dans la structure
du texte).
Nous allons nous appuyer sur cet approche et nous servir de conclusions
faites dans ce chapitre pour analyser les tactiques persuasives dans le discours
religieux.
27Голоднов, А. В. Риторический метадискурс: основания для прагмалингвистического молделирования и
социокультурной реализации (на материале современного немецкого языка). Астерион, СПб, 2011. p. 163 175
CHAPITRE II. DISCOURS RELIGIEUX.
2.1 Situation contemporaine
Aujourd’hui les recherches sur l’argumentation sont basé sur les textes des
médias, textes politiques. Ce sont les modèles, les moyens et les modalités de
l’argumentation qui font l’objet des recherches contemporaines. Tout de même, on
n’utilise pas souvent les textes religieux comme base de recherche sur
l’argumentation tandis qu’ils représentent un champ d’investigation très
intéressant.
« La réduction du discours aux textes, et de ceux-ci aux textes fondateurs,
laisse dans l’ombre le réseau dense des pratiques discursives de la vie religieuse :
des catéchismes aux émissions religieuses à la télévision, des bulletins paroissiaux
aux réunions de fidèles, etc., autant de genres qui sont laissés aux érudits, aux
historiens ou aux sociologues, qui les abordent avant tout comme des
documents »28.
Tout d’abord nous allons examiner le discours religieux et définir les genres
principaux et après il faut en sélectionner ceux que nous pouvons inclure dans le
domaine du supradisours persuasif (Figure 2. Le contenue du supradisours
Discours
juridique
Discours
religieux
Supradiscours
PERSUASIF
Figure 2. Le contenue du supradisours persuasif
Discours
médiatique
Discours
politique
persuasif).
28Maingueneau, Dominique « Introduction. La difficile émergence d'une analyse du discours religieux », Langage
et société 4/2009 (n° 130), p. 5-13. [En ligne] URL : www.cairn.info/revue-langage-et-societe-2009-4-page-5.htm.
(Consulté le 16.10.2015.)
Pourquoi alors s’intéresser dans le discours religieux ? D’un cote la religion
fait part de la vie privée et chaque personne a la liberté de confession et la liberté
de pensée ; mais d’autre coté le XXI siècle montre la renaissance de la religion en
tant que la force déterminant. La religion a toujours sa force et son influence
inspirantes aussi bien que destructives.
La plupart de la population de notre
planète partagent des convictions religieuses quelconques qui influencent leurs
interactions et leur conception du monde.
Dans notre recherche le champs d'investigation se limite au discours
religieux chrétien, orthodoxe et catholique en particulier. Pendant plus de 2000 ans
le Christianisme, et l'Eglise Catholique en particulier, influençait la formation de la
civilisation occidentale. Nous pouvons trouver les traces de la religion chrétienne
dans l'art, la musique, la littérature et l'histoire. Il est assez intéressant que ces deux
courants du christianisme subit aujourd'hui les tendances différentes. L'orthodoxie
est représenté par l'Eglise orthodoxe russe dans notre recherche, et voilà quelque
faits et chiffres tirés du récent rapport du patriarche Cyrille : « Сегодня наша
Церковь объединяет 293 епархии, то есть на 46 больше, чем в 2013 году и на
134 больше, чем в 2009 году. Созданы 24 митрополии: их число достигло
57»29 (Aujourd’hui notre Eglise comprend 293 diocèses ce qui est de 46 plus qu’en
2013 et de 134 plus qu’en 2009. 24 métropoles ont été crées et leur nombre total a
atteint 57). «[…] сейчас в Русской Православной Церкви 34 764 храма или
иного вида помещения, где совершается Божественная литургия, что на 3 379
больше чем в 2013 году, по уточненным данным. (Pour le moment l’Eglise
Orthodoxe Russe inclue 37 764 temples ou autre type de locaux ou la Divine
Liturgie est célébrée ce qui est de 3 379 plus qu’en 2013 d’après les données
précisées). В странах дальнего зарубежья действуют 8 9 1 приход и 56
монастырей Московского Патриархата, включая приходы и монастыри
Русской Зарубежной Церкви (A l’étranger (l’étranger lointain) nous avons 891
paroisses et 56 monastères de l’Eglise orthodoxe russe hors frontières).
29 Доклад Святейшего Патриарха Кирилла на Архиерейском Соборе Русской Православной Церкви (2
ф е в р а л я 2 0 1 6 г о д а ) [ О ф и ц и а л ь н ы й с а й т м о с к о в с к о г о п а т р и а р х а т а ] URL:
http://www.patriarchia.ru/db/text/4366063.html (Consulté le : 20.02.2016)
Nous voyons que l'Eglise orthodoxe russe renforce son influence et élargi sa
présence dans les médias. La situation est différente pour le monde catholique.
Depuis 1980 jusqu’à 2012 le nombre des catholiques a augmenté de 57% ; mais le
ratio des croyants catholiques reste plus ou moins stable depuis 50 derniers ans et
est égal à 17.2% dans le monde ce qui représente 1,228,612,000 des gens pour l’an
2012 selon les données du National Catholic Reporter30. En même temps il faut
souligner que le nombre des prêtres en Europe diminue aussi bien que la quantité
des baptêmes des enfants (de 3.6 mln à 2 mln) et des mariages religieux. Tandis
qu’en Europe et dans les Amériques nous assistons à la tendance de l’action laïque,
l’Afrique et l’Asie montre une hausse considérable des croyants : de 12.5% en
1980 à 18.6 % en 2012 pour l'Afrique et la population catholique en Asie montré la
hausse de 115% de 1980 à 2012 31. (Annexe A pour voir la distribution des
catholiques)
La présence de la religion dans notre vie est incontestable et cela touche non
seulement la vie quotidienne, mais aussi la domaine politique. En ce qui concerne
l'Eglise Catholique, elle a son propre corpus diplomatique, le Saint Siège : “The
Holy See [...] is recognized as a sovereign entity under international law, and it has
diplomatic relations with the vast majority of countries in the world. As of 2012,
The Holy See had bilateral relations with 179 nations out of the 193 recognized by
the United Nations.” 32 (Le Saint Siège est reconnu comme sujet de droit
international et entretient des relations diplomatiques auprès de la plupart des
états du monde. En 2012 le Saint Siège entretenait les relations bilatérales auprès
de 179 de 193 pays reconnus par l'Organisation des Nations Unis). Pour conclure,
nous devons constater l'importance de la religion dans la vie humaine et son
influence sur la vie des gens au XXI siècle. Ainsi de point de vue linguistique, il
est extrêmement intéressant d'étudier le discours religieux et d'y trouver les
moyens par lesquels on exerce cette influence. D'ici découle nos taches suivantes :
30Reese, Thomas. Global Catholic population up, number of priests down since 1980 by / May. 31, 2015 / National
Catholic Reporter [Independent News Source] URL : http://ncronline.org/blogs/ncr-today/global-catholicpopulation-number-priests-down-1980. (Consulté le 21.02.2016)
31 Ibid.
32Allen, John L. The Catholic Church : what everyone needs to know. – Updated ed. – New York: Oxford
University Press, 2014. p. 6
déterminer le discours religieux ;
analyser ses genres ;
nous concentrer sur ceux qui représente un intérêt particulier de point de vue
de notre recherche: les genres qui ont la force persuasive.
Comment définir le discours religieux ? Dans un sens étroit le discours
religieux représente la totalité des actes langagiers utilisés dans le domaine
religieux; dans le sens plus élargi sous le discours religieux nous comprenons la
totalité des actions dont le but est d'associer une personne à la fois, de la
communier, ce sont aussi les actes de langage employés par les interactants33. Les
formes d'existence du discours religieux sont déterminé par les objectifs
principaux: 1) affermir la foi des croyants ; 2) sentir l'appartenance à une
confession ; 3) attirer de nouveaux adeptes.
Le discours religieux s'étend bien loin des institution religieux. « Un examen
plus détaillé suppose de distinguer entre trois registres :
1. Le discours de la religion – dogmes, normes, doctrines et systèmes
philosophiques.
2. Le discours sur la religion, qui admet une très grande complexité, en ce
qu’il convoque la question des modalités différentes d’expressivité : théories
religieuses ou séculières de la religion, qu’elles se revendiquent d’une scientificité
ou pas.
3. Le discours religieux – qui est fondé sur une double identité : celle d’un
registre singulier du langage humain, qui n’est, dans les sciences sociales, jamais
isolable (sauf cas particulier) de son contexte historique, social et culturel ;
singularité qui se rapporte à ce qui, dans un groupe donné, est considéré comme
religieux (Spiro 1972) » 34.
La question des genres du discours religieux nous semble assez difficile. Il
faut souligner que le discours religieux se distingue par le caractère complexe de
33 Религиозный дискурс: ценности и жанры, Бобырева Е. В. / Знание. Понимание. Умение, Выпуск № 1 –
2 0 0 8 ; p. 162 – 167. [En ligne] URL: https://cyberleninka.ru/article/n/religioznyy-diskurs-tsennosti-i-zhanry.
(Consulté le 27.03.2016.)
34Obadia, Lionel. « Discours et religion : approche synoptique en sociologie et anthropologie », Langage et société
4/2009 (n° 130), p. 83-101. [En ligne] URL : www.cairn.info/revue-langage-et-societe-2009-4-page-83.htm.
(Consulté le 16.10.2015.)
communication à cause de la présence de Dieu (d'une Divinité qui se manifeste
différemment dans les religions diverses). Donc nous assistons toujours au certain
forme du dialogue explicite ou implicite entre les croyants et Dieux par
intermédiaire des institutions religieux et ses représentants (voir aussi
« Particularités du discours religieux persuasif. 1. Locuteur » ).
2.2 Genres du discours religieux
Dans ce recherche nous allons présenter un analyse bref des genres
religieux. Nous proposons de comparer le contenu des définitions en français et en
russe. Pour mieux comprendre les différences dans ces genres, nous allons
présenter plusieurs définitions en français et trouver celle-ci en russe, qui
corresponde mieux à la première.
Homélie / Проповедь
1FR : Discours familier destiné à instruire sur les matières religieuses. Les
homélies de saint Jean Chrysostome.
♦ En partic. « Commentaire pastoral de l'Évangile, après lecture de celui-ci, au
cours de la messe, et normalement prononcé par le célébrant lui-même » (Foi t. 1
1968). Synon. Sermon : − P. ext., péj. Écrit ou discours moralisateur, long et
ennuyeux (CNRTL)
1RU : 1. Речь религиозно-назидательного содержания, произносимая в
церкви (церк.). Воскресная проповедь. || перен. Наставление, нравоучение
(разг.). «Кому вы вздумали читать такую проповедь?» Некрасов.
2. перен. Устное или письменное распространение какого-нибудь учения,
идей, взглядов, мнений. (Толковый словарь Ушакова)
2FR : Prédication faite au cours de la messe. Les homélies étaient des
instructions familières que les Pères de l'Église grecque adressaient au peuple.
Remise à l'honneur par le concile Vatican II comme partie intégrante de la liturgie
de la Parole, l'homélie est une explication, à partir des lectures bibliques, des
mystères de la foi et des normes de la vie chrétienne. (Encyclopédie Larousse)
2RU : христианское церковное наставление, преподаваемое в храме за
литургией, имеющее своей задачей поведать и разъяснить слушающим
учение И. Христа. (Энциклопедия Брокгауза и Ефрона)
3FR : Méditation et commentaire sur les lectures bibliques lues au cours de
la messe. (Glossaire de l'église catholique)
3RU : главное орудие распространения и познания веры. Во времена
апостолов она считалась делом священным, а дар проповедника
отождествлялся с пророческим даром. В наши дни читать проповеди входит в
служебные обязанности каждого священника. (Православная энциклопедия)
4RU : пропаганда религиозной идеологии в форме публичной речи,
сообщающей важнейшие положения вероучения и побуждающей к
соответствующему поведению (Атеистический словарь)
5RU : 1) дидактическое произведение ораторского типа, содержащее
требования этического, преимущественно религиозного, характера. Вызвана
к жизни духовными движениями 9 - 5 вв. до нашей эры в Европе и Азии.
Один из главных жанров средневековья (в древнерусской литературе –
проповедь Кирилла Туровского).
2) Религиозное поучение, произносимое священнослужителем в конце
литургии. (Современная энциклопедия)
Alors, les points de convergence sont soulignés dans les définitions
correspondantes. Les définitions 3FR et 3RU sont présentées sous le même numéro
à cause de leurs sources : elle sont tirées des livres religieux, mais nous voyons
comment le mots est traité différemment. La définition qui se détache dans cette
représentation est la quatrième du fait qu’elle est tirée du dictionnaire athéistique,
qui attache les connotations péjoratives en décrivant l’homélie comme
« propagande ».
En français le mot « homélie » a plusieurs synonymes qui sont traduits en
russe par le même mot « проповедь » :
Prédication/
A. − Action de prêcher et, p.méton., contenu du message délivré.
1.a) RELIG. Art, exercice de la prédication; thèmes de la prédication.
b) En partic., RELIG. CHRÉT. Annonce de la Parole de Dieu normalement
réservée aux évêques et à leurs coopérateurs, les prêtres du second rang ou aux
ministres protestants
2. P. anal. Propagande par le discours.
B. − Synon. de homélie, prêche, sermon (CNRTL)
Sermon/
A. − RELIG. Discours prononcé par un prédicateur, généralement un prêtre
catholique, pour instruire ou pour exhorter les fidèles.
− LITT. Genre littéraire, à son apogée au XVIIe.
− P. anal. [P. allus. à Matth. V-VII inclus et Luc VI, 17-49] Sermon sur la
montagne. Paroles du Christ prononcées au début de sa vie publique sur une
hauteur dominant le lac de Tibériade et révélant à ses disciples et à la foule son
message messianique, l'idéal nouveau de l'Évangile et les Béatitudes.
B. − Souvent péj. Discours moralisateur, généralement long et ennuyeux, adressé à
une personne pour l'exhorter, lui reprocher sa conduite, l'engager à la modifier.
(CNRTL)
Prêche/
A. − RELIG. PROTEST.
1. Sermon s'appuyant sur un passage de l'Écriture et qui constitue l'essentiel du
culte ordinaire; par méton. le culte.
B. − P. anal., RELIG. CATH. Homélie, prône, sermon.
C. − Avec une connotation péj. Discours moralisateur, pontifiant, exalté. (CNRTL)
Prône/
B. − RELIG. Instruction, accompagnée d'avis, qu'un prêtre fait aux fidèles à la
messe paroissiale du dimanche.
− Fam. Remontrance longue, ennuyeuse et de ton moralisateur.
En russe nous pouvons considérer le mot « слово » comme synonyme de
l’homélie car ce genre représente une variante de l’homélie :
Слово/
Жанр византийской и древнерусской церковной письменности и проповеди.
В Византии жанр Слова достиг расцвета в IV веке благодаря
проповеднической деятельности св. Григория Назианзина, Василия Великого,
Епифания Кипрского и особенно Иоанна Златоуста, творения которого стали
образцами в странах православного мира. (Православие. Словарьсправочник)
4. ед. Публичное выступление, речь. Вступительное с. Заключительное с.
докладчика. Последнее с.подсудимого.
5 . Речь на какую-н. тему, повествование, рассказ (устар. и высок.) . « С. о
пользе стекла» Ломоносова. « С. о полку Игореве». (Толковый словарь
Ожегова.)
Psaume /Псалом
1FR : RELIG. Chacun des cent cinquante poèmes religieux, jadis attribués
au roi David, qui composent l'un des livres de la Bible et sont récités ou chantés
dans les liturgies juives ou chrétiennes (abrév. ps.). (CNRTL)
1RU : (церк., книжн.). Религиозное песнопение, входящее в состав
псалтыря. Автором псалмов библия считает царя Давида. (Толковый словарь
Ушакова)
2FR : Chant liturgique de la religion d'Israël passé dans le culte chrétien et
constitué d'une suite variable de versets. (Encyclopédie Larousse)
2RU : Религиозное песнопение, входящее в псалтырь. (Толковый
словарь Ожегова.)
Prière / Молитва
1FR : RELIGION. Élévation de l'âme vers Dieu (ou une divinité) pour lui
exprimer son adoration ou sa vénération, ses remerciements ou actions de grâces,
pour obtenir ses grâces ou ses faveurs; acte par lequel on s'adresse aux saints pour
obtenir leur intercession auprès de Dieu. (CNRTL)
1RU : 1. В религии: установленный канонический текст, произносимый
при обращении к Богу, к святым.
2. Моление, обращённое к Богу, к святым. (Толковый словарь Ожегова)
2FR : 1. Acte rituel par lequel on s'adresse à une divinité ou à ses
intercesseurs.
2. Ensemble de formules, en général codifiées, par lesquelles on s'adresse à Dieu
(Dictionnaire Larousse)
2RU : 1) обращение верующего к божеству.
2) Канонизированный текст обращения. (Большой Энциклопедический
словарь)
3FR : (mot dérivé étymologiquement du bas latin « praecaria », qui a donné
également « précaire ») La prière, est un dialogue avec Dieu. Elle suppose donc la
foi en un rapport possible avec Dieu. Cette foi a toujours été présente au cœur de la
prière du Peuple de Dieu. Elle s’exprime largement dans les Psaumes. La prière
chrétienne est telle une succession de variations musicales dont le thème serait
l’appel de Dieu et la réponse de l’homme dans un échange d’amour. (Glossaire de
l’Eglise catholique)
3RU : основная форма общения с Богом, обращение к Нему с
благодарностью, за помощью и благословением. Молитва является
естественным стремлением души к общению с Богом, как и жертву можно
назвать воплощенной молитвой. (Полный и подробный Библейский Словарь
к русской канонической Библии)
Parabole / Притча
1FR : Court récit allégorique, symbolique, de caractère familier, sous lequel
se cache un enseignement moral ou religieux, que l'on trouve en partic. dans les
livres saints et qui fut utilisé par le Christ dans sa prédication. (CNRTL)
1RU : 1. Рассказ, в иносказательной форме содержащий нравоучение
(книжн.). Евангельские притчи. Соломоновы притчи.
2. перен. употр. в восклицательных и вопросительных предложениях в знач.:
непонятная вещь, труднообъяснимое явление (разг.). (Толковый словарь
Ушакова.)
2FR : Genre littéraire en usage dans le judaïsme palestinien, consistant en
une comparaison développée dans un récit conventionnel dont les éléments sont
empruntés à la vie quotidienne et permettant de concrétiser un aspect de la
doctrine. (Jésus, dans son enseignement, a beaucoup usé de la parabole.)
(Dictionnaire Larousse)
2RU :
м а л ы й дидактико-аллегорический
литературный жанр,
заключающий в себе моральное или религиозное поучение («премудрость»).
Близка к басне; в своих модификациях - универсальное явление в мировом
фольклоре и литературе (напр., притчи Евангелий, в т. ч. о блудном сыне).
(Большой Энциклопедический словарь)
3FR : (du grec parabolè, comparaison) Comparaison imagée, dont les
éléments sont empruntés à la vie quotidienne, elle comporte un enseignement
religieux ou moral. Jésus y eut souvent recours pour faire comprendre ce qu’il
voulait révéler à ses auditeurs. (Glossaire de l’Eglise catholique)
3RU : иносказание, поучительный жизненный пример, которые
особенно часто употреблял Господь Иисус Христос в Своих беседах с
народом (ученикам же дано знать тайны Царствия Божия — Мат.13:10 ,
11,34). Притчами Господь пытался побудить слушавших понять высшее,
духовное через осмысливание простого, земного. (Полный и подробный
Библейский Словарь к русской канонической Библии.)
Confession / Исповедь
1FR : A.− Action de proclamer une croyance, une doctrine.
B.− Aveu devant témoin(s) privé(s) ou public(s).
1. RELIG. CATHOL. Aveu de péchés que le pénitent fait au prêtre ou à Dieu seul.
2 . Aveu qu'une personne fait d'un acte blâmable qu'elle a commis; action de se
confier
− LITT. Récit autobiographique où l'auteur rapporte les erreurs de sa vie, veut faire
preuve d'une sincérité totale. (CNRTL)
1RU : 1. У христиан: признание в своих грехах перед священником,
отпускающим грехи от имени церкви и Бога, церковное покаяние. Быть на
исповеди.
2. перен. Откровенное признание в чём-н., рассказ о своих сокровенных
мыслях, взглядах (книжн.). Авторская и. (Толковый словарь Ожегова.)
2FR : Aveu de ses péchés à un prêtre catholique, pour en obtenir
l'absolution. (le premier des définitions) (Dictionnaire Larousse)
3FR : - nom traditionnel du sacrement de pénitence et de réconciliation; le
pénitent « confesse » ses péchés au prêtre, représentant de Dieu, pour recevoir
l’absolution.
- confession de foi : action de déclarer sa foi publiquement. Certaines confessions
de foi sont devenues des formules officielles dans lesquelles des Églises se
reconnaissent. Exemple : la confession d’Augsbourg
- on désigne aussi par « confession » les différentes Églises chrétiennes. Exemple :
on peut être de confession catholique, luthérienne, calviniste, etc. (Glossaire de
l’Eglise catholique)
2/3RU : в христианстве таинство: раскрытие верующим своих грехов
священнику и получение от него прощения («отпущение грехов») именем
Христа. (Большой Энциклопедический словарь)
Nous proposons également d'examiner la liste des activités du Pape
présentée sur le site du Saint-Siège35.
1. Angélus- Regina Cæli (Traduction: молитва, обращённая к Богородице;
ангелус)
Définition : Prière en trois versets, en référence avec le récit évangélique de
l’Annonciation dont les premiers mots sont : « l’Ange du Seigneur annonce à
Marie… ». Un « Je vous salue Marie » suit chaque verset et une oraison conclut
cette prière. L’Angélus se récite trois fois par jour, le matin, à midi et le soir.
2. Audiences (Traduction : прием)
Définition : (Audiences générales) Accueil par le pape des pèlerins qui se rendent à
Rome. Les audiences ont lieu habituellement le mercredi. Cette coutume fut
instaurée par Pie IX.
3. Bulles (Traduction : булла, папская грамота)
Définition : (Bulle papale) Lettre solennelle du pape. Elle est scellée soit d’une
boule de métal (origine du mot), soit d’un cachet de cire. Les constitutions
apostoliques (équivalent d’une loi) se présentent souvent sous forme de bulles.
35La liste est rédigé au base de l'information du Saint-Siège, URL: http://w2.vatican.va/content/francesco/fr.html
Les définitions sont tiré du Glossaire de l'Eglise Catholique en France. URL : www.eglise.catholique.fr/glossaire/
(Consulté le 20.02.2016.)
4. Constitutions Apostoliques (Traduction : папские буллы)
Définition : Document solennel du pape, légiférant sur des questions de dogme, de
discipline générale ou de structure de l’Eglise.
5. Discours (Traduction : речь)
6. Encycliques (Traduction :энциклика /послание папы римского/)
Définition : Lettre solennelle du Pape adressée à l’ensemble de l’Eglise catholique
ou plus spécifiquement à une des parties d’entre elles évêques, clergé, fidèles. Les
encycliques sont des textes qui ont le plus souvent valeur d’enseignement et
peuvent rappeler la doctrine de l’Église à propos d’un problème d’actualité.
7. Exhortations Apostoliques (Traduction : Поучение, проповедь)
Texte semblable à une encyclique par son esprit et ses destinataires. Aujourd’hui,
les exhortations apostoliques présentent habituellement les conclusions du pape à
une réflexion collective, comme celle d’un synode des évêques.
8. Lettres Apostoliques (Traduction : папские послания)
Définition : Document solennel émanant du Saint Siège par lequel le pape
s’adresse soit à un responsable de l’Eglise, soit à une catégorie de fidèles. Il
souhaite ainsi leur faire connaître une orientation ou un enseignement qui concerne
l’un ou l’autre des destinataires. Elle n’a pas de portée universelle, mais elle se
veut être aussi « une lettre ouverte ».
9. Homélies (Traduction : проповедь)
10.Lettres (Traduction : письма)
11.Messages (Traduction : послание)
12.Motu
Proprio
(Traduction : апо столиче ско е по слание папы
/направленное по его инициативе без предварительного запроса
мнений/)
Définition : (De son propre chef) Acte législatif pris et promulgué par le Pape,
agissant de sa propre initiative, en pleine connaissance de cause et (non pour
répondre à une sollicitation). Cet acte équivaut à un décret qui précise des règles
d’administration et d’organisation dans l’Eglise.
13.Prières (Traduction : Молитвы)
14.Méditations quotidiennes (Traduction : Молитвы, размышления)
Définition : Exercice spirituel silencieux où l’intelligence s’applique à réfléchir sur
la Parole de Dieu. Un texte biblique, une parole des Ecritures, des ouvrages de
spiritualité… peuvent être le point de départ de la méditation. S’approprier le texte,
le confronter avec soi-même et en toute humilité, dans la foi, se laisser transformer
par Dieu. La méditation est source d’enrichissement pour la foi et elle alimente la
vie intérieure. Certains commentaires parlés ou écrits de l’Ecriture peuvent
également être appelés méditation.
Cette analyse brève, en tant que superficielle dans une certaine mesure, nous
permet tout de même de distinguer plusieurs genres religieux qui ont les traits du
discours persuasif conformément à leurs définitions :
homélie/prêche/sermon/prédication/prône et message, encyclique, lettre
apostolique. Si la première groupe ne pose pas de questions, la deuxième demande
plus d'explications. Si nous examinons le contenu des lettres apostoliques il sera
évident que ce genre religieux ne convient pas pour notre recherche et nous devons
l'exclure, car en effet ces lettres représentent les documents et les règlements du
Pape à propos de questions particulières, c'est plutôt les textes appartenant au
discours juridique. En ce qui concerne les encycliques, elle aussi représente un
document solennel du Pape, mais qui est dédié aux questions pertinentes sociales,
politiques ou morales, et l'encyclique est semblable à l'homélie, sauf qu'elle n'est
pas prononcé au cours de la messe. Les encycliques sont aussi beaucoup plus
longues que les homélies et elles sont plus rares (Tableau 1) :
Tableau 1
Pontife
François
Benoit XVI
Jean Paul II
Jean Paul I
Paul VI
Pontificat
13 mars 2013 –
24.IV.2005 – 28.II.2013 (8 ans)
22.X.1978 – 2.IV.2005 (27 ans)
3.IX.1978 – 28.IX.1978 (1 mois)
30.VI.1963 – 6.VIII.1978 (15 ans)
Nombre d'encycliques
2
3
14
0
7
Ainsi nous pouvons dire que l'encyclique peut être considéré comme
appartenant au segment persuasif, mais elle se trouve à la périphérie, aussi bien que
les exhortations apostoliques qui plaident toujours en faveur de l'engagement dans
une activité quelconque, ou de la prise d'une voie particulière.
Un autre genre qui attire notre attention est le message. Nous proposons de
le situer entre la périphérie et le centre du segment persuasif du discours religieux,
parce que d'un coté le message, bien sur, a sa force persuasive et dans certain cas il
peut être considéré comme un type d'homélie (par exemple, message Urbi et
Orbi) ; d'autre coté, il peut être caractérisé comme une forme spécifique et
occasionnelle du discours religieux.
Nous proposons de définir ces genres comme appartenant au supradiscours
persuasif. En plus, nous allons employer le mot « homélie » dans son sens le plus
général, comme discours ayant pour but d'instruire le récepteur, ce que nous aidera
d'éviter les répétions inutiles d'énumération des genres religieux, car le but de notre
recherche est de définir les stratégies et les tactiques persuasives dans le discours
religieux et montrer le caractère universelle de ces stratégies. Ainsi nous proposons
de nous servir du terme « homélie » qui englobe le prêche, le sermon, la
prédication et le prône. En somme nous pouvons ranger les genres religieux d'une
façon suivante (Figure 3. Segment persuasif du discours religieux) :
Exhortation
apostolique
Message
Homélie
Centre du
segment
persuasif
Périphérie
Encyclique
Figure 3. Segment persuasif du discours religieux
Cette approche nous permet de dire que le segment persuasif du discours
religieux compte plusieurs genres; elle nous permet aussi de tirer les exemples
pour la justification de notre point de vue de plusieurs sources. En ce qui concerne
les genres religieux dit « orthodoxes », dans leur majorité ils coïncident avec ceux
dit « catholiques ». « Послание » du Patriarche correspond au message du Pape
(пасхальное/рождественское послание - message Urbi et Orbi du Pape pour les
Pâques/le Noel). « Слово » du Patriarche nous pouvons classer comme sermon qui
s'effectue après le service.
Parmi tous les genres religieux l'homélie représente un intérêt particulier
pour notre recherche comme genre qui se trouve au centre du champs du
supradiscours persuasif. Le dictionnaire raisonné de culturologie définit l’homélie
comme un œuvre didactique rhétorique qui contient les prétention éthiques,
d’habitude religieuses, et qui en incite les récepteurs à la perception émotionnelle.
Le christianisme emprunte la technique qui est à la base de l’homélie du moralisme
antique et de la propagande religieuse orientale. L’homélie comme genre religieux
se forme vers le IV siècle sous l’influence de la tradition antique ; « l'étymologie
du terme grec (homoios, semblable; ilè, troupe, foule) le dit bien : l'homélie se
présente comme un discours développant un étroit contact avec les auditeurs et se
déployant comme un entretien familier à propos des textes et de la vie ».36
L’éloquence de la rhétorique religieux atteint son apogée dans les homélies de Jean
Chrysostome qui servent toujours comme exemple pour certain pays orthodoxes.37
Dans sa conception la plus universelle l'homélie peut être définie comme
discours destiné à présenter et expliquer l'enseignement de Jésus Christ et qui est
instruite au cours de la liturgie. L'homélie est aussi l'objet d'étude de l'homilétique,
partie de la théologie. Les questions sur la nature et l'essence de l'homélie sont
toujours ouvertes. Depuis longtemps l'homélie était traitée par les scientifiques et
chercheurs comme produit de la rhétorique .
Le Pape François fait remarquer que l’homélie « est un genre particulier,
puisqu’il s’agit d’une prédication dans le cadre d’une célébration liturgique; par
conséquent elle doit être brève et éviter de ressembler à une conférence ou à un
cours »38. Il est important d'analyser la structure de l'homélie, sa forme. Il est
possible de distinguer plusieurs types d'homélies, par exemple: homélie thématique
36Amherdt, François-Xavier. « L'art de la prédication », Revue des sciences religieuses 82/4 | 2008, document
82.407, mis en ligne le 08 février 2012. URL : http://rsr.revues.org/404 (Consulté le 25.02.2016)
37 Сергей Аверинцев/София-Логос. Словарь/Большой толковый словарь по культурологии. Кононенко Б.И.
2003
38 Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Directoire sur l’homélie. Cité du Vatican. 2014.
p.
5
[ Ve r s i o n
électronique]:
document
P D F.
URL:
scjef.org/biblio/Documents_actualite/Homelie_Directoire_sur_2014.pdf
(traite un thème concret, un sujet; explique un mot-clé de l'Ecriture Sainte),
textuelle (l'homélie a pour la base un extrait de la Bible à expliquer), appellative
(appel à la foi), etc. Mais les fondements des classifications pareilles sont assez
conditionnels et pour notre recherche la question de classification de l'homélie ne
représente pas un intérêt particulier.
Comme nous avons déjà mentionné, la religion ne perd pas ses positions
dans la société contemporaine, elle évolue dans le temps et les changements qui
touchent l'Eglise se manifestent dans l'interaction des hommes de l'église avec les
croyants. L'homélie étant le moyen le plus répandu du dialogue entre l'église et les
fidèle se trouve au centre de l'intérêt : « On y assiste en foule, en particulier quand
il s’agit de cycles de sermons qui reviennent à des moments déterminés de
l’année : l’Avent, qui précède Noël, et le Carême, qui précède Pâques. Mutatis
mutandis, ces cycles peuvent être comparés à des phénomènes contemporains
comme le Tour de France ou la période des soldes, qui rythment l’année. »39
Toute homélie comprend trois parties: l'introduction, la partie centrale et la
conclusion. L'introduction attrape l'attention de l'auditoire et le prépare au thème
biblique. On recours à des moyens différents :
Citation:
« "Pierre courut au tombeau" (Lc 24, 12). Quelles pensées pouvaient donc agiter
l’esprit et le cœur de Pierre pendant cette course ? » (Homélie du Pape François, 26
mars 2016)
« "Явилась благодать Божия, спасительная всей вселенной, дабы мы,
отвергнув нечестие и мирские похоти, целомудренно, праведно и
благочестиво жили в нынешнем веке» (см. Тит. 2:11-12). Эти замечательные
слова из Послания апостола Павла к Титу, которые мы только что слышали,
несут в себе ключевые смыслы, связанные с пришествием в мир Спасителя и
с праздником Богоявления» (Homélie du Patriarche Cyril, 19 janvier 2016)
(«Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. 12
39Maingueneau, Dominique. « Le sermon : contraintes génériques et positionnement », Langage et société 4/2009
(n° 130), p. 37-59. [En ligne] URL : www.cairn.info/revue-langage-et-societe-2009-4-page-37.htm (Consulté le
16.10.2015.)
Elle nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre
dans le siècle présent selon la sagesse, la justice et la piété » (Tite 2:11-12). Ces
mots remarquables de la lettre de l’apôtre Paul à Tite que nous venons d’entendre,
présentent les notions clés qui sont liées à l’avènement au monde du Sauveur et à
la fête de l’Epiphanie.)
La citation représente un moyen très effectif et souvent utilisé dans l'introduction
de l'homélie. De 48 homélies du Pape François, prononcé en 2014, 19 commence
par la citation même ou par la proposition qui introduit/contient la citation
Aborder le sujet centrale en directe :
« Nous fêtons aujourd’hui la Sainte Famille. Il s’agit de la famille de Nazareth,
celle de Jésus enfant avec ses parents Marie et Joseph ; Sainte Famille dont nous
venons d’entendre une des péripéties les plus connues, en tout cas le seul
événement que les Évangiles nous rapportent de l’enfance de Jésus. » (Homélie du
diacre Daniel Bichet, 30 décembre 2012)
La deuxième partie de l'homélie est la partie principale qui contient les idées
essentielles : après avoir présenté à l'auditoire le thème de l'homélie, le prédicateur
développe le sujet. Le but principale de cette partie est de donner l'explication des
vérités bibliques, présenter les fondements des assertions du prédicateur, retenir
l'attention et l'intérêt des récepteurs et les amener/préparer à la conclusion dans la
partie finale. C'est cette partie de l'homélie qui représente un intérêt particulier
pour notre recherche: c'est là ou le prédicateur recours à des outils communicatifs
pour mettre en œuvre les stratégies persuasives afin d'atteindre son but
communicatif. Nous allons aborder ce sujet dans le chapitre suivant.
CHAPITRE III. DISCOURS RELIGIEUX PERSUASIF.
3.1 Particularités du discours religieux persuasif.
Le discours religieux persuasif représente le champ de la mise en œuvre
d’une telle pratique rhétorique qui transmet le message moralisateur ayant le but de
persuader le récepteur par les moyens linguistique et non-linguistiques. En parlant
du discours persuasif religieux il est indispensable de prendre en compte les
particularités des interactants et la spécificité de leurs relations.
3.1.1. Locuteur
Qui est le locuteur du discours religieux persuasive ? C’est un acteur
religieux, un prédicateur, qui se manifeste comme médiateur et interprète d’un
texte sacré dans le cadre de la communication religieuse. C’est un « locuteur direct »
qui a le contact immédiat avec les récepteurs. Dans notre recherche les locuteurs
sont les prédicateurs de l'église catholique et orthodoxes de différent rang et
origine, ce que nous aide à montrer le caractère universelle des stratégies
persuasives. En même temps il faut souligner une particularité du discours
religieux : ce que nous devons comprendre, c’est l’existence du « locuteur initial »
pour les récepteurs, qui est Dieu lui-même. Pour les récepteurs l'homélie
représentent les commentaires à propos de la parole de Dieu.
Dominique Maingueneau définit trois niveaux hiérarchiques des actants du
sermon au XVIII siècle:
« En bas : les auditeurs, qui, par le fait même qu’ils appartiennent à l’Église
sont considérés comme des Sujets en quête d’un Objet de valeur, le salut,
qu’ils ne peuvent acquérir qu’en perfectionnant leur dévotion et leur
connaissance de la doctrine
– Légèrement au-dessus des fidèles, debout dans la chaire (meuble qui s’est
généralisé au XVIe siècle) : le prédicateur, qui joue le rôle de médiateur
autorisé de la parole de Dieu, de garant du sens autorisé par la Tradition. [...]
– En haut, dans l’univers céleste : Dieu, Destinateur de l’ensemble de
l’activité énonciative, qui est le garant du rapport de places qu’établit le
sermon entre les participants de la prédication et, plus largement, de la
communauté même qui les englobe, l’Église. »40
Nous pouvons présenter ainsi notre schéma de positionnement des
interlocuteurs (Figure 4. Positionnement des interlocuteurs) :
DIEU
locuteur
prédicateur
locuter/intermediaire
audience de
masse
récepteur
une
personne
récepteur
paroissiens
récepteur
Figure 4. Positionnement des interlocuteurs
Tout comme dans les autres types de supradiscours persuasif, dans le
discours religieux persuasif il existe un désaccord pré-communicatif entre les
locuteurs qui est le plus souvent lié à l'incompréhension réelle ou présupposée
d'une situation. Cette situation est placée au centre du discours que nous pouvons
caractériser comme les estimations du prédicateur dans le cadre du critère « ce qui
plait à Dieu – ce qui ne plait pas à Dieu », autrement dit le prédicateur explique
aux récepteurs ce que correspond aux dogmes religieux.
3.1.2. Conflit pré-communicatif.
Dans le chapitre concernant les particularités de l'influence persuasive nous
avons mentionné le conflit pré-communicatif comme un des traits indispensables
pour accomplir l'action persuasive. Il n'est pas surprenant que ce trait aie de
caractéristiques spécifiques dans le discours religieux.
Tout d'abord nous devons prendre en compte l'auditoire : en ce qui concerne
le christianisme il y en avait 2.2 milliards des croyants en 2010, autrement dit un
40 Dominique Maingueneau, « Le sermon : contraintes génériques et positionnement », Langage et société 4/2009
(n° 130), p. 44
sur trois personnes de la population mondiale appartenait à la religion chrétienne
ce qui en fait la religion la plus répandue dans le monde41. Et il serait naïf de penser
que chacun et chacune partage les regards exactement tels qu'ils sont représentés
dans la doctrine officielle. Le dissentiment peut prendre des formes organisés et
publiques ou de mécontentement personnel. Bien sur nous ne parlons pas des
éléments essentiels de la foi: il est impossible d'imaginer un fidèle qui ne partage
pas les principes de la religion, mais nous parlons ici des différents qui existent
entre les croyants et les ecclésiastiques, entre la compréhension des particuliers et
la politique officielle de l'Eglise. La question de dissentiment représente un
problème sensible dans le domaine religieux. L'existence d'autant des courants au
sein du christianisme témoigne de désaccords au niveaux ecclésiastiques (Annexe
B).
En même temps, si nous nous éloignons de la religion, nous pouvons dire
que cette situation en gros représente un conflit de compréhension. Nous
proposons de le traiter comme « conflit extérieure ». L'influence de ce type du
conflit pré-communicatif est incontestable, comme tout autre conflit il impacte sur
la stratégie persuasive, c'est-à-dire : l'intention du locuteur consiste à persuader le
récepteur de la justesse de la doctrine, de la position officielle de l'Eglise, ce qui
doit amener au changement du comportement du récepteur. Pourtant nous
voudrions opposer ce type du conflit, dit « extérieure », au différend « intérieure »
qui existe au cœur des dogmes chrétiennes. Nous avons déjà dit que le prédicateur
accomplit le rôle du médiateur entre Dieu et les croyants, ainsi il porte la parole de
Dieu. D'après le christianisme, les gens sont rebelles par leur nature, l'humanité a
déjà fait son choix de ne pas suivre les règles divines, c'est cette désobéissance qui
a séparé les gens de Dieu. La doctrine du péché originel se trouve au centre du
conflit pré-communicatif du discours religieux.
3.1.3. Relations des interlocuteurs, le problème du récepteur.
Pour comprendre les particularités des relations des interlocuteurs, nous
devons aborder la question de l'auditoire: qui sont les récepteurs du discours
41 Pew Research Center. Pew-Templeton Global Religious Futures Project. Christians: Overview. [En ligne] URL :
http://www.globalreligiousfutures.org/religions/christians (Consulté le 23.03.2016.)
religieux persuasif ? Il nous semble que le supradiscours persuasif présuppose
plutôt la forme de monologue avec les traits de dialogue : les destinateurs des
discours politique, religieux et des médias s'adressent dans la plupart des cas à des
masses. En même temps, les formes d'interaction sont nombreux, et nous pouvons
nous servir de la règle suivante : plus large est l'auditoire du rhéteur, plus son
discours est monologique (Figure 5. Relation « discours – récepteur ») :
Monologue
Rhéteur →
publiс de masse
Dialogue
Rhéteur →
récepteur (personne)
Figure 5. Relation «discours – récepteur»
Prenons comme exemple le message Urbi et Orbi de Pâques 2016 du Pape
François. Le site de France info indique que plus de 50,000 fidèles se sont réunis
sur la place Saint-Pierre à Rome pour entendre l'homélie pascale42. Est-il possible
de compter le nombre des gens qui ont entendu ce message ? Les réseaux de
communication font possible d'atteindre les destinataires dans les quatre coins du
monde. D'autre coté, si nous examinons les homélies destinées aux paroissiens,
c'est tout à fait un discours plus ciblé, et le prédicateur connait mieux son auditoire.
Le Directoire sur l'homélie ne laisse à coté cette question non plus : « Comme le
dit le Pape François, « Le prédicateur doit aussi se mettre à l’écoute du peuple,
pour découvrir ce que les fidèles ont besoin de s’entendre dire. Un prédicateur est
un contemplatif de la Parole et aussi un contemplatif du peuple » (EG 154). [...] En
plus de l’étude et de la prière, qui sont nécessaires, il faut prêter attention à ce qui
42 Urbi et Orbi : le pape délivre un message d'espérance, par Mathilde Imberty. FranceInfo. [En ligne] Mise en ligne
le 27 mars 2016. URL: http://www.franceinfo.fr/actu/societe/article/la-syrie-et-la-crise-des-migrants-au-centre-dumessage-de-paques-de-francois-777619 (Consulté le 5 avril 2016.)
se passe dans la paroisse et, plus largement, dans la société, pour suggérer des
pistes réflexions à partir de ce que la Parole de Dieu veut faire comprendre à telle
communauté dans le temps présent. »43 Il faut dire que le prédicateur a la
possibilité d'entrer en contact directe avec les récepteurs qui sont les paroissiens ;
le dialogue est possible hors de la messe, mais toujours dans le cadre du discours
religieux. En se servant de cette instrument puissant, le prédicateur peut définir les
questions les plus pertinentes de son auditoire, de transférer les prémisses d'un
interlocuteur aux tous les récepteurs de son message et rédiger son homélie sur la
base du « dialogue mental ». Les récepteurs forment ainsi une sorte d'entité social
qui représente le point de vue collectif.
Autre aspect qui influence considérablement le problème de l'auditoire est le
développement des communications. La religion est entrée dans l'espace des
médias : elle a la forte présence non seulement sur les pages des journaux ou sur
les chaines de télévision, mais l'Eglise a ses propres institutions médiatiques et
beaucoup d'entre eux sont indépendantes. Par exemple, Eternal World Television
Network (EWTN) est probablement la plus grande empire médiatique catholique
qui offre le contenu audio et vidéo en plusieurs langues et qui existe entièrement
sur les contributions des spectateurs et les dons des personnes privées 44. Il existe
des journaux nationaux (ex. National Catholic Reporter, National Catholic
Register, Wanderer), les paroisses ont leurs propres sites internet, les
ecclésiastiques participent activement dans les réseaux soucieux (Facebook,
Twitter, Instagram). Aujourd'hui il est possible de s'adresser aux fidèles par
plusieurs moyens. Ainsi, quand le discours religieux est diffusé, nous assistons « à
une situation de trilogue (Kerbrat-Orecchioni et Plantin (dir.) 1995) où le
prédicateur s’adresse à deux publics simultanément : les fidèles présents devant lui
et les téléspectateurs invisibles ».45
43 Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Directoire sur l’homélie. Cité du Vatican, 2014.
p. 22
44 Allen, John L. The Catholic Church, 2014. p.79
45 Maingueneau, Dominique. « Le sermon : contraintes génériques et positionnement », Langage et société 4/2009.
p. 38-39.
Le Directoire sur l'homélie souligne l'importance des liens avec l'auditoire
plusieurs fois : « Enfin, le quatrième aspect concerne les besoins spirituels de ceux
à qui est adressée la prédication de l’Eglise : leurs cultures et leurs situations
concrètes sont aussi des éléments qui influent sur la composition de l’homélie,
puisque celle-ci a pour objet de convertir à l’Evangile chacune des personnes qui
l’entendent ».46 L'influence sur la composition de l'homélie consiste en ce que le
prédicateur s'appuie sur les engagements de son auditoire pour s'en servir dans la
séquence argumentative qui amène les récepteurs à la conclusion indiquée. En
effet, la stratégie persuasif se fonde sur les engagements des récepteurs : « Strategy
in rhetorical argumentation characteristically requires the ability to use simulative
reasoning to judge what the commitments of the audience are, and how they will
draw conclusions based on those commitments »47. (Dans la stratégie de
l'argumentation rhétorique il est typique d'utiliser le raisonnement simulé pour
définir les engagements de l'auditoire et leur façon de tirer les conclusions à partir
de ces engagements).
De ce chapitre nous voyons que la question de l'auditoire attire une attention
spécifique non seulement dans le domaine théorétique, mais au sein de l'Eglise
elle-même. Il faut aussi tenir compte de la nature de la religion: le christianisme est
une religion missionnaire, donc elle présuppose qu'il faut convertir les gens dans le
christianisme. Dans le cadre de la problématique envisagée dans ce chapitre cet
élément doctrinal signifie que le prédicateur doit être prêt d'être entendu par toute
sorte de récepteur, quoi que ce soit un fidèle ou une personne qui ne croit pas. Il est
très intéressant comment l'émetteur du message peut se rendre compte de la
diversité des allocutaires et de même s'adresser directement à son auditoire : « Et je
suis heureux qu’aujourd’hui des croyants de diverses confessions religieuses
s’unissent aussi à notre supplication pour la paix en Syrie. Ne perdons jamais le
courage de la prière ! Le courage de dire : Seigneur, donne ta paix à la Syrie et au
monde entier. Et j’invite aussi les non-croyants à désirer la paix, avec leur désir,
46 Directoire sur l’homélie. Cité du Vatican. 2014; p. 2
47 Walton, Douglas. Media Argumentation, 2007, p. 341
ce désir qui élargit le cœur : tous unis, ou avec la prière ou avec le désir. Mais tous,
pour la paix. » (Message Urbi et Orbi du Pape François, 25 décembre 2013)
3.2 Les stratégies persuasives : les tactiques persuasives
La stratégie persuasive définit le « plan d'action » de l'émetteur, elle peut être
comparée avec la voie du locuteur vers son but de persuader le récepteur. Nous
proposons de définir la stratégie persuasive spécialisée comme stratégie
communicative ayant pour but de mettre en œuvre l'acte de persuasion. La stratégie
se compose des tactiques qui représentent l'ensemble des moyens linguistiques
communicatifs ayant pour but l'accomplissement de la tâche indiquée.
Nous proposons de distinguer les stratégies persuasives « rationnelles » et
« émotionnelles ». Sous les stratégie persuasives rationnelles nous proposons de
comprendre les stratégies qui consiste en présentation des tels arguments qui font
appel à la logique, au raisonnement critique des récepteurs. Sous les stratégies
persuasive émotionnelles nous comprenons telles stratégies qui ont l’influence
forte sur les émotions des récepteurs.
1. Stratégies rationnelles
a. Actualisation (le but est de convaincre l'auditoire que la situation
correspond à l'actualité)
b. Appel à l’autorité
c. Redéfinition (la présentation des définitions persuasives)
2. Influence émotionnelle
La stratégie rationnelle a pour but d’influencer l’auditeur à partir des
arguments qui font appel au raisonnement logique. La stratégie émotionnelle
s’appuie sur les arguments dont la tâche essentiel est d’influencer les émotions des
récepteurs.
3.2.1 Stratégies rationnelles
3.2.1.1 Actualisation
L’actualisation représente un processus de passage d’un état potentiel, qui ne
corresponde pas à la réalité, vers l’état d’actualité. Dans la religion cette tache en
effet consiste à montrer l’actualité des valeurs religieux, valeurs chrétiennes dans
notre cas. Quand nous parlons du christianisme, il faut tenir compte que nous
parlons des traditions qui sont en vigueurs depuis déjà plus de bimillénaire ; les
traditions qui ont été nées au sein du Proche Orient et influencées par l’Empire
Romain.
Pour analyser les tactiques et les moyens de la stratégie d'actualisation il
nous faut définir l'objet du discours religieux persuasif, plus précisément il en a
deux : la situation sacrale (les thèses des textes religieux qui demandent
l'explication à la suite d'une nouvelle situation dans la société) et la situation
profane (une situation sociale qui doit être expliquée à partir des thèses religieux).
L'implication de cette stratégie se produit dans deux direction : du profane au
sacrale et vice versa.
Quand nous parlons de l'actualisation du sacrale, les situations
réelles/profanes sont utilisées comme les exemples, elles servent de base
argumentative pour confirmer les thèses religieuses. Autrement dit, le prédicateur
part de la situation sacrale et l'actualise, c'est-à-dire montre la situation pareil
contemporain. Le schéma pour ce technique est le suivant : //S// → P (avec //S//
pour situation sacrale, → pour actualisation, P pour la situation profane). Cette
technique de démythologisation renforce l'argumentation ayant pour but à estimer
l'objet du discours. Nous pouvons dire que dans ce cas le sacré et le profane sont
comparés et les points communs servent de base pour comparaison - outil de
l'actualisation.
Exemple 1 :
//Quarante jours après sa naissance, Jésus est emmené au Temple. Marie et
Joseph l’emmenèrent pour le présenter à Dieu.// → Aujourd’hui, en la fête du
baptême du Seigneur, → vous, parents, amenez vos enfants pour qu’ils reçoivent
le baptême, pour qu’ils reçoivent ce que vous avez demandé au début, quand je
vous ai posé la première question : « La foi. Je veux la foi pour mon enfant ».
(Homélie du Pape François, 10 janvier 2016).
La situation profane est introduite par l'actualisateur aujourd'hui – l’adverbe
de temps lie la situation d’autrefois avec l’époque contemporaine. Le pronom
personnel et le déterminant possessif servent de préciser à qui s’adresse le
prédicateur. L'actualisation se fonde sur les parallèles suivantes : Marie et Joseph –
les parents, Jésus - les enfants, la présentation à Dieu – le baptême.
Exemple 2 :
Que parvienne à vous tous la voix joyeuse de l’Église, par les paroles que
l’ancien hymne met sur les lèvres de Marie Madeleine, la première à rencontrer
Jésus ressuscité le matin de Pâques. //Elle courut chez les autres disciples et, le
cœur tout battant, elle leur annonça : « J’ai vu le Seigneur ! » (Jn 20, 18).// →
Nous aussi, qui avons traversé le désert du Carême et les jours douloureux de la
Passion, faisons place aujourd’hui a u cri de victoire : « Il est ressuscité ! Il est
vraiment ressuscité ! ». (Message Urbi et Orbi du Pape Benoit XVI, 8 avril 2012)
Dans cet exemple nous assistons à l’actualisation de la résurrection de Jésus
Christ. A part de l’actualisation temporaire avec l’adverbe « aujourd’hui », le
prédicateur se sert d’adverbe « aussi » qui exprime la réitération des actions et sert
de base pour la comparaison des événements sacraux et profanes : l’annonce de
Marie Madeleine et le « cri de victoire » des fidèle. Le locuteur également garde la
structure syntaxique des deux propositions en conservant le discours directe : « J’ai
vu le Seigneur ! » et « Il est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! » ; ces deux
exclamations dans ce contexte exprime la même idée. L’autre chose très importante
dans cet exemple est l’emploi du pronom personnel « nous », qui sert non
seulement pour l’actualisation, mais qui souligne encore le rapprochement du
locuteur avec le récepteur, alors que dans l’exemple précédent (Exemple 1) le
prédicateur souligne la distance avec l’auditoire. Nous pouvons l’expliquer par le
rôle que joue le prédicateur dans l’acte de communication : nous avons déjà dit
qu’il est le médiateur de la Parole de Dieu et dans le premier exemple il accomplit
son mission de conférer le baptême – alors, il se positionne « plus haut », tandis
que dans le deuxième exemple il se montre plus proche aux fidèles car il lui-même
est le serviteur de Dieu, un être humain, et il est important de partager avec les
croyants la joie de la fête la plus importante, Pâques.
Exemple 3 :
//Comment ne pas faire le rapprochement avec cette voix venue du ciel lors
du baptême de Jésus : « Celui-ci est mon Fils bien aimé » ?// → Nous aussi, lors
de notre baptême, à la suite de Jésus, nous avons été marqués de l’onction avec
l’huile sainte, et nous sommes devenus enfants de Dieu. (Homélie du diacre Yves
Michonneau, 24 janvier 2010)
Dans cet exemple nous voyons encore une fois l’emploi du pronom
personnel et du déterminant possessif comme moyens d’actualisation de la
situation profane. L’actualisation est fondée sur la comparaison des baptêmes, tout
de même les actions comparées ne sont pas assez distinguées : la marque de
l’onction a la même force que la voix du Ciel ; pour montrer cette ressemblance le
prédicateur recours au moyen plus explicite en soulignant que tout est fait « à la
suite de Jésus ».
Et par contre, dans l'actualisation du profane les situations réelles sont
reliées avec le sacral qui sert à les expliquer.
Exemple 4 :
Cette responsabilité vis-à-vis d’une terre qui est à Dieu implique que l’être
humain, doué d’intelligence, respecte les lois de la nature et les délicats équilibres
entre les êtres de ce monde, → parce que // « lui commanda, eux furent créés, il
les posa pour toujours et à jamais sous une loi qui jamais ne passera » (Ps 148,
5b-6). // (Encyclique du Pape François, 2015)
Exemple 5 :
Lorsqu’on se croise dans la rue, on se dit souvent : « Alors, ça va ? », et le
plus souvent la réponse est : « Oui, oui, et toi ? » ou bien : « Ça va… ça va » ou, au
pire : « Ah, ça peut aller ! » Pour pouvoir s’exprimer avec plus de sincérité, il faut
du temps, de la confiance, de l’écoute. Qui d’entre nous peut se dire en parfaite
santé physique, morale, psychologique, spirituelle ? → //Pour recevoir ta Parole,
Seigneur, il me faut te faire confiance, être à ton écoute, prendre le temps de te
rencontrer.// (Homélie du diacre André Roul, 10 février 2013)
Ce passage nous montre qu’il est possible de comprendre la situation sacrale
dans le sens plus large : elle peut représenter non seulement les exemples de la
Bible ou des textes saints. Ce contraste du profane et du sacral peut exister comme
contraste dans les vies des croyants avec le profane indiquant les situation
ordinaire, de chaque jour, et le sacral se référant à leur vie spirituelle.
Ainsi nous assistons au mélange des discours quand les images bibliques
sont incrustées dans le contexte de la conjoncture contemporaine pour montrer au
récepteur l'existence des liens étroites entre le sacré et la situation profane, connue
au récepteur.
D'autre coté la technique de démythologisation peut s'appuyer sur l'antithèse
quand le sacral est manifesté comme plus important, plus significatif que le
profane.
Exemple 6 :
Mais il arrive que, quand nous allons bien et nous prenons nos aises, nous oublions
sûrement de penser aux autres → //(ce que Dieu le Père ne fait jamais)//, → [...]
(Message du Pape François pour le Carême 2015)
Nous voyons que dans la stratégie d'actualisation l'instrument essentiel est
l’analogie. L’analogie représente une similitude entre les objets. L’argumentation
qui a pour base l’analogie est un type d’argumentation inductive, quand sur la base
de la similitude de certains traits, la conclusion sur la similitude des autres traits est
faite. La métaphore peut aussi être considérée comme type de l’argumentation
analogique48. Donc, l'actualisation du profane ou du sacré peut être réalisée quand
il existe un lien entre les situations sacrales et profanes. Le prédicateur peut se
servir des métaphores, comparaisons ou allégorie. Il y a des comparaisons simples,
comme nous avons déjà cités, aussi bien que les comparaisons figuratives.
L'importance de ces dernières a été soulignée dans le Directoire sur l'homélie du
48 Хазагеров Г. Г. Риторический словарь [электронный ресурс] / Г.Г. Хазагеров. - 2е изд., стереотип. – М.:
ФЛИНТА, 2011. – p. 66
Vatican : « Un des efforts les plus nécessaires est d’apprendre à utiliser des images
dans la prédication, c’est-à-dire à parler avec des images. Parfois, on utilise des
exemples pour rendre plus compréhensible quelque chose qu’on souhaite
expliquer, mais ces exemples s’adressent souvent seulement au raisonnement; les
images, au contraire, aident à apprécier et à accepter le message qu’on veut
transmettre. Une image attrayante fait que le message est ressenti comme quelque
chose de familier, de proche, de possible, en lien avec sa propre vie. Une image
adéquate peut porter à goûter le message que l’on désire transmettre, réveille un
désir et motive la volonté dans la direction de l’Évangile »49
Exemple 7 :
Dieu n’est pas indifférent au monde, mais il l’aime jusqu’à donner son Fils
pour le salut de tout homme. A travers l’incarnation, la vie terrestre, la mort et la
résurrection du Fils de Dieu, la porte entre Dieu et l’homme, entre le ciel et la
terre, s’est définitivement ouverte. Et l’Église est comme la main qui maintient
ouverte cette porte grâce à la proclamation de la Parole, à la célébration des
sacrements, au témoignage de la foi qui devient agissante dans l’amour (cf. Ga 5,
6). Toutefois, le monde tend à s’enfermer sur lui-même et à fermer cette porte par
laquelle Dieu entre dans le monde et le monde en lui. Ainsi, la main, qui est
l’Église, ne doit jamais être surprise si elle est repoussée, écrasée et blessée.
(Message du Pape François pour le Carême 2015)
Dans cette exemple le prédicateur recours à la comparaison filée et il aussi
l'explique; le fait dernier nous montre que le prédicateur pense toujours à son
auditoire : comme c'est le Message pour le Carême du Pape François, en vue du
statut de locuteur et de l'importance de l'événement, il est destiné à un très grande
nombre des croyants de toutes les origines et il est très important que la
comparaison en tant que très vive soit compréhensible pour les larges couches de la
population.
Exemple 8 :
49 Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Directoire sur l’homélie. Cité du Vatican, 2014.
p. 21
Comme ces jarres pleines d'eau jusqu'à ras bord, nos vies sont toutes remplies
d'un tas de choses, de biens, d'occupations, d'envies et nous ne cessons d'en
accumuler de peur de manquer. (Homélie du diacre Patrick Douez, 17 janvier
2016)
Exemple 9 :
Vous pouvez habiter tout près d’une plage ou d’une piscine, mais rester
complètement sec ! Avouez qu’il y a une grande différence entre être tout prêt de
l’eau et s’y plonger… De la même manière, on peut être tout près de Jésus sans
être vraiment habité par Lui, sans être vraiment chrétien ! (Daniel Coronès, aout
2006)
3.2.1.2 Appel à l’autorité
L'autre stratégie importante consiste en ce que le prédicateur fait appel à
l'autorité : la solution des contradictions pré-communicatifs s'appui sur l'autorité.
En effet, invoquer l'autorité c'est estimer l'objet du discours car dans les textes
sacraux il est déjà caractérisé comme ce qui plait à Dieu ou non. L’appel à
l’autorité représente le référence du locuteur à l’opinion d’une personne reconnue
dans un domaine particulier et qui exerce une influence dans ce domaine. La
citation est un des moyens de présenter l’argument d’autorité dans le discours.
L’appel à l’autorité est un instrument d’influence sur l’auditoire, et pour que ce
type d’argument soit crédible dans le cadre de la persuasion il faut tenir compte de
ce qu’il est utilisé aux termes de l’acte persuasif :
L’appel à l’autorité doit correspondre au contexte de l’acte
communicatif ;
L’opinion de « l’expert » doit être utilisé dans le domaine correspondant
L’auditoire doit reconnaitre l’autorité
Nous pouvons partager l'autorité du discours religieux en deux groups:
1) l'autorité sacral qui est représentée par Dieu, les saints, etc.
2) l'autorité profane représentée par les scientifiques, les hommes politiques,
les organisations publiques, les institutions, etc.
Exemple 1 :
Peut-on conclure de cette escapade de Jésus qu’il serait dans une phase
rebelle ? L’évangéliste Luc nous donne des éléments clairs pour ôter de nous
cette idée : « Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth, et il leur était soumis »
[...] (Homélie du diacre Daniel Bichet, 30 décembre 2012)
Exemple de l'autorité sacrale : l'évangéliste Luc ou saint Lus, un disciple de
l'apôtre Paul.
Exemple 2 :
Cet appel missionnaire vous est aussi adressé pour une autre raison : vous en
avez besoin pour votre cheminement personnel de foi. Le bienheureux Jean-Paul
II écrivait : « La foi grandit quand on la donne » (Message du Pape Benoit XVI,
JMJ 2013)
L’autorité sacrale : Jean-Paul II était le pape catholique en période de 1978 à
2005, et il a été canonisé par le pape François le 27 avril 2014 et considéré comme
saint par l'Eglise catholique.
Exemple 3 :
Et, plus largement, nous confions au Seigneur toute la mission de l’Église,
selon le commandement explicite de Jésus : « Priez donc le maître de la moisson
d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » (Mt 9, 38). (Message du Pape Benoit
XVI, JMJ 2013)
Dans cet exemple le prédicateur fait l’appel à l’autorité de Jésus, mais les
mots de Jésus Christ sont pris de l’Evangile selon Matthieu. Cela signifie que le
prédicateur fait référence d’un coté à l’autorité sacral de Jésus, d’autre coté à
l’autorité sacral de l’Evangile, nous proposons de le nommer « l’autorité
redoublée »
Exemple 4 :
Le Catéchisme l’enseigne ainsi : « L’interdépendance des créatures est
voulue par Dieu. Le soleil et la lune, le cèdre et la petite fleur, l’aigle et le
moineau : le spectacle de leurs innombrables diversités et inégalités signifie
qu’aucune des créatures ne se suffit à elle-même. […] » (Encyclique du Pape
François, 2015)
Le Catéchisme est un livre qui contient l'enseignement sur la doctrine et la
morale chrétiennes ; c’est un exemple de l'autorité sacral. Comme ce texte est
utilisé pour expliquer les doctrines de la foi chrétienne, nous pouvons dire que ce
type d’autorité peur être considéré comme appel à la tradition.
Exemple 5 :
Dans le « Livre des Merveilles » qui est au fond de l’église, j’ai relevé trois
témoignages très riches donnés dans le cadre de la démarche « diaconia 2013 » .
- Le premier concerne les professionnels de la santé : « Je me souviens [...] »
- Le second est donné par un membre d’équipe d’aumônerie : « Une dame [...] »
- Le troisième est d’un membre de l’équipe du SEM : « J’ai beaucoup [...] »
(Homélie du diacre André Roul, 10 février 2013)
Exemple de l'autorité profane : témoignages des gens ordinaires.
Exemple 6 :
Наверное, самой страшной проблемой современности являются
гонения на христиан, и я удивляюсь, почему до недавнего времени она не
в ы з ы в а л а го р я ч е го о т к л и к а . Приведу данные международных
организаций: каждые пять минут в мире убивают христианина. За сутки —
около трехсот человек, более 100 тысяч в год. (Слово Святейшего Патриарха
Кирилла, 20 марта 2016) (Probablement, la persécution des chrétiens est le
problème le plus effrayant aujourd’hui, et il est étonnant pour moi que ce
problème ne ait pas provoqué une réponse vive jusqu’à nous jours. Je vais
présenter les données des organisations internationales : chaque 5 minutes on tue
un chrétien quelque part dans le monde. Cela fait 300 personnes pendant 24
heures, plus de 100 milles personnes pendant un an.)
Dans cet exemple le Patriarche s’appuie sur les données statistiques dont le
source est les organisations internationales. D’un coté, cette tactique est bien
utilisée car le prédicateur recours à l’autorité reconnue : pour être plus persuasif sur
la question des données il faut évidemment se référer à l’autorité profane ; le fait
que le Patriarche indique qu’il présente les données des organisation
internationales doit persuader les récepteurs dans la justesse des chiffres. D’autre
coté, il ne précise pas qui sont ces organisations et cela fait la faiblesse de cette
tactique. Tout de même nous pouvons expliquer ce pas par la situation
communicative : cette proposition juxtaposée contient l’idée centrale dans la
deuxième partie, donc l’attention de l’auditoire se fixe sur le rhème ; de plus, le
source de l’information n’est mentionné qu’une seule fois, le récepteur entend la
chaine des chiffres en ordre croissant – c’est tout à fait les données qui ont
l’influence plus importante dans cet énoncé50 (nous allons nous servir de cet
exemple dans le chapitre sur l’influence émotionnelle (p. ) pour continuer notre
réflexion). Ainsi, pour l’auditoire au moment de l’écoute de l’homélie il est
suffisant d’entendre la référence aux source.
Exemple 7 :
Il y a quelques années, je partais pour la ville de Grasse pour assister à un
baptême. Le baptême d’un couple d’amis… A côté de moi, une chère cousine.
Malgré son antipathie envers le christianisme, elle avait décidé de m’accompagner.
A notre retour, son regard n’était plus le même et depuis cette lueur dans ses yeux
n’a jamais disparu ! Elle est devenue chrétienne ! (Daniel Coronès, aout 2006)
Nous rangeons ce dernier exemple entre les deux catégories de l’autorité.
Nous voyons que le prédicateur présente ses propres témoignages, il raconte
l’histoire de sa vie. D’un coté, il est le représentant de l’Eglise, il porte la parole de
Dieu en masse, donc il a du pouvoir certain et de l’autorité. D’autre coté, il n’est
pas saint, bien qu’il soit lié à la religion ; il est toujours un homme, un être humain.
Ainsi, nous proposons de classer ce type de l’autorité entre l’autorité sacrale et
l’autorité profane, ce qui souligne d’ailleurs la fonction communicative du
médiateur du prédicateur. Nous proposons de nommer ce tactique comme appel a
l’autorité « intermédiaire ».
Exemple 8 :
50 Remarque : la recherche sur Internet a montré que ces données statistiques ont été présentées dans l’adresse de
l’archevêque Silvano Maria Tomasi au Conseil de Droits de l’Homme en mai 2013. Selon l’article de Ruth
Alexander pour BBC News (URL : http://www.bbc.com/news/magazine-24864587) ces chiffres viennent du rapport
d e Center for the Study of Global Christianity (Centre pour les recherches sur le christianisme global) et ils ne
reflètent pas en effet la réalité : ce nombre de 100 000 de chrétiens comprend les victimes de guerre en République
Démocratique du Congo, ce qui fait la statistique contestable car il n’y a pas de données exactes si ces sont les
victimes des persécutions religieuses.
La famille, c’est la valeur sûre et stable de nos existences. Mais vous le
savez, il est question en ce moment dans notre pays de bouleverser la stabilité de
cet équilibre de manière insensée, en instituant un « mariage pour tous » qui est en
réalité « le mariage de quelques-uns imposé à tous » comme le dit le cardinal
André Vingt-Trois. Nos évêques nous incitent fortement à nous mobiliser pour
empêcher cette dégradation de la famille, et je vous redis ici l’urgence de cette
nécessité. (Homélie du diacre Daniel Bichet, 30 décembre 2012)
André Armand Vingt-Trois est un cardinal français, archevêque de Paris et
président de la Conférence des évêques de France du 5 novembre 2007 au 30 juin
2013. C’est un autre type de l’autorité intermédiaire : dans ce cas-là, le prédicateur
s’en sert d’une citation d’un autre prêcheur qui a un état ecclésiastique plus haut
que le sien.
Exemple 9 :
Sur notre paroisse, il y a deux maisons de retraite : Les Cheveux Blancs et
Le Gué Florent. Ces personnes qui vivent dans ces maisons font parties intégrantes
de notre communauté. Lundi dernier, aux Cheveux Blancs grâce à deux prêtres et
l’équipe d’aumônerie, 24 personnes ont reçu l’onction des malades. Selon le
témoignage des membres de l’équipe d’aumônerie, elles sont remontées dans
leurs chambres profondément apaisées. (Homélie du diacre André Roul, 10 février
2013)
Le prédicateur se réfère a l’autorité « intermédiaire », mais qui dans ce caslà est représentée par plusieurs personnes ; ainsi nous pouvons caractériser ce type
de l’autorité comme collective. Dans cet exemple nous voyons aussi comment le
prédicateur montre la connaissance de son auditoire : il inclut dans son discours
l'événement de sa paroisse relatif au thème de l'homélie – la santé – et souligne
l'importance de chaque personne dans la communauté des fidèles.
La tactique d’appel à l’autorité est fondée sur le prestige de la source.
Souvent cette tactique est considérée comme faible, néanmoins pour atteindre
l’effet considérable sur les auditeurs il faut respecter les règles de l’appel à
l’autorité : se référer aux sources dont le prestige est reconnu par les récepteurs et,
ce qui est très important, dans le domaine correspondant.
3.2.1.3 Redéfinition
La définition persuasive représente un outil très effectif de l'argumentation,
qui est utilisé pour assurer la perception positive des arguments du locuteur. Ogden
et Richards proposent de distinguer la signification descriptive du mot qui
correspond à son contenu et la signification émotive qui représente les sentiments
ou les attitudes positives/négatives provoquées par le mot. Dans l'argumentation on
recours à la tactique de redéfinition en changeant la signification descriptive : ainsi
l'énonciateur garde la signification émotive positive du mot tandis que les
récepteurs ne se rendent pas compte d'en être influencés51.
D'un coté, la définition réelle doit présenter les choses telles quelles sont,
elle doit décrire l'essence des mots. D'autre côté, les définitions ne sont que les
accords des gens sur l'utilisation des mots, conformément à l'analyse de Perelman.
Donc, cette approche enlève la question de légitimité de redéfinition et chaque mot
peut être considéré comme argument. Pour définir l'efficacité des définitions
persuasives il faut prendre en compte les dispositions suivantes :
1. Le mot qui est défini doit avoir une connotation émotive très forte ;
2. La signification descriptive du mot envisagé doit être vague et ambiguë pour
que le parlant ait la possibilité de modifier le contenue sémantique ;
3. Le changement de définition n'est pas aperçu par les récepteurs ;
4. La signification émotive reste la-même.
Ces critères montrent en effet que l'efficacité de la redéfinition dépende de la
réaction émotionnelle de l'auditoire et du fait si les récepteurs ont remarqué le
changement de définition.
Exemple 1:
67. Nous ne sommes pas Dieu. La terre nous précède et nous a été donnée.
Cela permet de répondre à une accusation lancée contre la pensée judéochrétienne : il a été dit que, à partir du récit de la Genèse qui invite à « dominer »
51 Walton, Douglas. Media argumentation, 2007, p. 275 - 298
la terre (cf. Gn 1, 28), on favoriserait l’exploitation sauvage de la nature en
présentant une image de l’être humain comme dominateur et destructeur. Ce n’est
pas une interprétation correcte de la Bible, comme la comprend l’Église. S’il est
vrai que, parfois, nous les chrétiens avons mal interprété les Écritures, nous devons
rejeter aujourd’hui avec force que, du fait d’avoir été créés à l’image de Dieu et de
la mission de dominer la terre, découle pour nous une domination absolue sur les
autres créatures. Il est important de lire les textes bibliques dans leur contexte,
avec une herméneutique adéquate, et de se souvenir qu’ils nous invitent à
« cultiver et garder » le jardin du monde (cf. Gn 2, 15). Alors que « cultiver »
signifie labourer, défricher ou travailler, « garder » signifie protéger,
sauvegarder, préserver, soigner, surveiller. Cela implique une relation de
réciprocité responsable entre l’être humain et la nature. Chaque communauté peut
prélever de la bonté de la terre ce qui lui est nécessaire pour survivre, mais elle a
aussi le devoir de la sauvegarder et de garantir la continuité de sa fertilité pour les
générations futures ; car, en définitive, « au Seigneur la terre » (Ps 24, 1), à lui
appartiennent « la terre et tout ce qui s’y trouve » (Dt 10, 14). Pour cette raison,
Dieu dénie toute prétention de propriété absolue : « La terre ne sera pas vendue
avec perte de tout droit, car la terre m’appartient, et vous n’êtes pour moi que des
étrangers et des hôtes » (Lv 25, 23). (Encyclique du Pape François 2015).
La mise en relief la définition d'un mot-clé ou d'une phrase peut être
directement reliée avec le but de la conversation. Il même existe un certain type
d’homélie qui est centré autour de l’explication d’un mot qui est significatif dans le
cadre des notions chrétiennes. On appelle ce type d’homélie thématique ; le thème
de l’homélie n’est pas pris de l’Ecriture Sainte, tout de même cela ne signifie pas
que le prédicateur ne doit pas se référer à la Bible.
Exemple 2 :
Одной из величайших христианских добродетелей является кротость.
Это понятие с трудом воспринимается в наше время — так далеко отстоит
образ кроткого от образа сильного, преуспевающего человека. [...] Так что же
такое кротость? Процитирую слова святителя Иоанна Златоуста: «Кротость
есть признак великой силы. Смотри, не подумай, будто мало нужно сил,
чтобы в ответ на оскорбление не возмутиться». Давайте применим эти слова
к самим себе. [...] Кротость — это великая внутренняя сила, но это не сжатые
от злобы зубы, это не сжатые кулаки. Кротость — это даже не терпение.
Кротость — это внутреннее состояние духа, это сила, которая поднимает
человека над окружающим миром, помогает ему взглянуть с высоты на
происходящее... [...] Кротость — это великая внутренняя свобода. [...] А
теперь несколько слов о кротости как средстве достижения успеха в жизни.
(Homélie du Patriarche Cyrille, 18 mars 2016) (La douceur est l’un des vertus
chrétiens les plus signifiants. Cette notion est très difficile à comprendre
aujourd’hui :autant est loin l’image d’un homme douce de celle d’un homme fort
qui réussit. [...] Qu’est-ce qui est la douceur alors ? Je vais citer Jean
Chrysostome : « La douceur est le signe d'une grande force. Ne pense pas qu'il
n'en faut pas de la force pour ne pas répondre à l'insulte ». Appliquons ces mots à
propos de nous-mêmes. [...] La douceur est une grande force interne, mais ce n’est
pas les dents serrés de la colère, ce n’est pas les poings serrés ou la patience non
plus. La douceur est l’état interne dz l’esprit, c’est la force qui soulève un homme
au-dessus du monde environnant et qui l’aide à regarder sur la situation de haut…
[...] La douceur est une grande liberté interne. [...] Maintenant, plusieurs mots à
propos de la douceur comme moyen pour atteindre le succès dans la vie.)
Les propositions dans cet exemples son tirées de l’homélie du Patriarche et
elles représentent les points d’appuis de son homélie. Pas à pas le prédicateur
explique le concept de la douceur comme vertu chrétien dans le contexte
contemporain. Les définitions du mot « кротость » dans les dictionnaires se
limitent dans la plupart des cas à la série des adjectifs, par exemple :
« незлобивый, покорный, смирный » (Толковый словарь Ожегова) (bénin,
obéissant, doux). Comme nous le voyons, le mot garde son contenu émotive ; mais
ce mot représente une qualité personnelle, ce que nous pouvons traiter comme une
notion abstraite. Donc, pour le parlant il est assez facile de présenter son propre
définition du mot envisagé. La première proposition représente le thème de
l’homélie : La douceur est l’un des vertus chrétiens les plus signifiants. Alors, le
but du prédicateur est d’en persuader les récepteurs. Il présente à l’auditoire une
chaine argumentative qui se forme sur la présentation des redéfinitions du mot-clé ;
les définitions sont rangées en ordre croissant de point de vue du volume de la
notion (Schéma 1 : Hiérarchie des notions) :
признак великой силы
Signe comme témoignage concret de la force
(le signe d’une grande force)
(CNRTL)
↓
великая внутренняя сила
La force comme ensemble des ressources
(une grande force interne)
physiques, morales ou intellectuelles qui
↓
внутреннее состояние духа
permettent à une personne de s'imposer ou de
réagir ; courage moral (CNRTL)
L ’ e s p r i t c o m m e principe immatériel,
(l’état interne de l’esprit)
↓
substance incorporelle (CNRTL)
великая внутренняя свобода
La liberté comme état de celui, de ce qui n'est
(une grande liberté interne)
pas soumis à une ou des contrainte(s)
externe(s). (CNRTL)
Schéma 1: Hiérarchie des notions
De plus, le locuteur fait appel à l’autorité (la Bible, Jean Chrysostome,
Éphrem le Syrien) pour s’appuyer son point de vue sur les définitions données par
les personnalités bien connus et respectées dans la chrétienté.
La stratégie de redéfinition représente une pratique bien élaborée dans le
domaine religieux. Comme le doute sur la vérité littérale de la Bible se répandait,
les ecclésiastiques ont proclamé que la fois n’exclut pas le doute (y compris la
doute sur les dogmes religieux). Presque tous les concepts du christianisme on été
révisés, car ils sont devenus inacceptables dans leur sens originel. Cette tactique est
le moyen effectif pour l’église de présenter ses dogmes en réalisant les
expectations des auditeurs contemporains.
3.2.2 Stratégies émotionnelles.
Beaucoup de chercheurs dans le domaine psychologique soulignent
l’importance universelle des émotions dans la vie des gens et dans leurs activités.
On estime que la fonction d’incitation et de l’activation de l’organisme est un des
particularités des émotions. La psychologie constate que les émotions sont
responsables de l’évaluation de la situation, son importance pour l’individu et elles
aide à comprendre de quoi l’individu a besoin dans une situation particulière. D’ici
découlent trois fonction de la communication interpersonnelle : fonction
évaluative, fonction signalétique et la fonction incitative.52
Pour que l'influence du discours ait de succès, il faut prendre en compte les
émotions de l'auditoire, la pitié et la peur ne sont pas exclus de cette liste. Nous
allons parler de deux types d'argument – appel à la peur et appel à la pitié – qui
sont les outils effectifs d'argumentation s'ils sont bien présentés.
Appel à la peur est un argument en vogue parmi les organisations puissantes
tels que les agences de publicité et des relations publiques ou organismes
gouvernementaux. Ce sont les acteurs qui forment et influencent l'opinion
publique. En général, l'appel à la peur décrit la situation qui est considérée comme
dangereuse pour le récepteur ; cet argument propose une action pour éviter ce
danger. Comme nous avons insisté sur le fait que certains genres du discours
religieux appartiennent au supradiscours persuasif, nous pouvons ainsi trouver ces
types d'argument dans certains homélies, surtout celles dont le but est d'attirer les
nouveau croyants, de convertir les gens d'autres religions, les homélies
« appellatives ». Un des indices caractéristiques des homélies pareils (en outre de
leur but) est la présentation à l'auditoire de la notion du péché et du châtiment. Le
prêcheur doit montrer l'importance de cette question, il doit souligner que les
récepteurs sont posé devant l'alternative : soit de suivre leur propre chemin et aller
dans l'obscurité et laisser Dieu à côté, soit de choisir à se soumettre à la volonté de
Dieu et y trouver leur sauvetage, la joie et la lumière53.
52 Горянина В.А. Психология общения: Учеб. пособие для студ. высш. учеб. заведений. − М.: Издательский
центр «Академия», 2002. p. 42 – 48
53Мелвин Е. Лоренцен. Призывная проповедь. Самоучитель молодого благовестника. – М.: «Либрис», 1997.
– 224 p.
Tout comme dans les autre types du supradiscours persuasif, le prédicateur
décrit la situation dangereuse : il parle du danger pour les âmes des récepteurs,
c'est le risque spirituel. Pour se sauver il faut se repentir et laisser Dieu dans leurs
vies. Quelle est l'objectif de cette tactique ? Après avoir entendu les descriptions de
la vie sans espoir, sans Dieu, et de la perspective de perdre leurs âmes, les mots
décrivant l'amour de Dieu et l'image du sauvetage et du bonheur dans son royaume
céleste seront plus attirants ; le prêcheur joue la carte du contraste. Tout de même,
une question légitime se pose : si l'homélie a pour but d'attirer les nouveaux
adeptes, est-ce que nous pouvons compter cet argument comme effectif ? L'appel à
la peur dans le discours religieux semble persuasif dans le cadre de l'argumentation
contextuelle ; c'est-à-dire, pour les croyants ce tactique peut être considérée comme
réussie. En ce qui concerne les autres gens, nous devons prendre en comptes les
critères de l'acte persuasif décrit dans le chapitre « Argumentation ou
persuasion ? », particulièrement ce concernant les prémisses : le récepteur accepte
provisoirement les propositions, donc ceux qui sont prêt à écouter les homélies
sont déjà partiellement persuadés.
A part des homélies appellatives nous pouvons trouver la tactique d’appel à
la peur dans les homélies ordinaires.
Exemple 1 :
Наверное, самой страшной проблемой современности являются
гонения на христиан, и я удивляюсь, почему до недавнего времени она не
вызывала горячего отклика. Приведу данные международных организаций:
каждые пять минут в мире убивают христианина. За сутки — около
трехсот человек, более 100 тысяч в год. Сегодня на христиан обрушились
такие гонения, каких не было никогда, — ни в Римской империи, ни в
Советском Союзе. А мы живем так, будто ничего не происходит, — нас же не
гонят. В Ираке было полтора миллиона христиан — осталось 150 тысяч; в
Сирии полтора миллиона — осталось 500 тысяч. (Слово Святейшего
Патриарха Кирилла, 20 марта 2016) (Probablement, la persécution des chrétiens
est le problème le plus effrayant aujourd’hui, et il est étonnant pour moi que ce
problème ne ait pas provoqué une réponse vive jusqu’à nous jours. Je vais
présenter les données des organisations internationales : chaque 5 minutes on tue
un chrétien quelque part dans le monde. Cela fait 300 personnes pendant 24
heures, plus de 100 milles personnes pendant un an. Aujourd’hui les persécutions
des chrétiens ont atteint l’envergure sans précédant, il n’y avait pas de situation
pareille ni en Empire Romain, ni dans l’URSS. Et nous vivons comme si rien ne se
passe : on ne nous chasse quand même. En Irak il y avait 1,5 millions de chrétiens
et il n’en reste que 150 milles, il y avait 1,5 millions de chrétiens en Syrie et il
n’en reste que 500 milles.)
Nous avons vus comment le prédicateur emploie la tactique d’appel à
l’autorité dans le chapitre précédant (p. ). Maintenant faisons attention aux chiffres
et la façon de leur présentation. La gradation est un outil de la tactique d’appel à la
peur ; le prédicateur présente la série des chiffres qui montre le nombre des
personnes tués : 1 → 300 → 100 000 →1,5 mlns / 150 000 → 1.5 mlns / 500 000.
Le locuteur décrit la situation de danger, il montre que dans le monde entier les
chrétiens sont persécutés et tué à cause de leur religion. Nous allons voir comment
cette tactique est lié avec l’idée principale en examinant l’exemple suivant qui
représente le paragraphe suivante de l’homélie.
Exemple 2 :
Я имел возможность посетить Сирию в самом начале войны. Я видел
(1), как там жили люди, каким страхом они были объяты (2), опасаясь, что
в результате военных действий произойдет непоправимое — христиане
будут уничтожены или вытеснены (3). Позднее я встречался с главами
многих Православных и иных христианских Церквей на Ближнем Востоке, и
все в один голос просили: сделайте что-нибудь, у нас нет сил, защитите,
мы погибаем! (4) И я говорил об этом громко и на встречах с президентами
разных стран, и на международных собраниях, — но как будто никто ничего
не слышал… (Слово Святейшего Патриарха Кирилла, 20 марта 2016) (J’ai eu
le chance de visiter la Syrie au début de la guerre. J’ai vu (1) comment les gens y
vivait, quelle peur ils éprouvaient (2), en craignant que la guerre amènerait à la
situation irréparable : que les chrétiens seraient exterminés ou délogés (3). Après
j’ai rencontré avec les leaders des églises orthodoxes et des autres églises au
Proche Orient et ils tous me demandaient d’une seule voix : faites quelquechose, nous n’avons pas de forces, protégez nous, nous périssons ! (4) Et j’en ai
parlé en haute voix et lors les rencontres avec les présidents des différents états,
lors des réunions internationales, mais on dirait que personne n’a rien entendue
…)
Cet exemple nous montre comment le prédicateur se sert de plusieurs
tactiques pour influencer les sentiments de l’auditoire : il parle de son propre
expérience, transmet son conversation avec les autres ecclésiastiques (appel à
l’autorité « intermédiaire » – 1 et 4) et il recours au discours direct pour atteindre
l’effet de présence des récepteurs au cours de ces discussions. Pour le prédicateur il
est important que le récepteur soit pris par le sentiment de pitié pour ceux qui
demandent de la protection (4) et ceux qui sont en danger, qui se croient faire face
à la mort, qui ont peur (3 et 2) – c’est la tactique d’appel à la pitié. Il est aussi
important que le prédicateur souligne dans ses arguments que la demande de la
protection est fondée sur le concept du sauvetage des chrétiens, ce que rend
légitimes ces arguments dans ce contexte. Cet exemple continue l’idée de
l’exemple 1 et nous pouvons trouver ici également l’appel à la peur. C’est le
sentiment de la peur qui nous signale de danger et nous pousse à chercher de
l’aide, de la protection.54 Ces sont les leadeurs des églises qui demande de l’aide au
Patriarche (4) qui, en son tour, le cherche auprès des institution étatique et
internationaux, donc institutions mondaines. La tactique d’appel à la peur
contribue à la persuasion des récepteurs d’accepter l’idée centrale de cette homélie :
agir ensemble avec l’Eglise catholique pour être entendu par les états et lutter
contre la déchristianisation dans le monde, comme les croyants se sont trouvés
dans une situation exceptionnelle de danger.
Souvent les arguments qui sont destinés à influencer les sentiments des
récepteurs (tels que l’appel à la pitié ou l’appel a la peur) sont considérés comme
54 Горянина В.А. Психология общения, 2002. p. 113
fallacieux. Le faux raisonnement représente une tactique rusé que l’un des
interlocuteurs emploie pour obtenir le meilleur (ce qu’il veut) de l’autre d’une
façon injuste. Ainsi, les arguments ou les tactiques fallacieux représentent les
mouvements trompeux du dialogue.55 L'autre chose que nous devons mentionner
c'est que l'appel à la peur était au centre de nombreux recherches empiriques ayant
pour but de comprendre la façon dont il change le comportement des destinataires.
Ce type d'argument contient un aspect cognitif dont le fonctionnement n'est pas
encore bien compris, et quoique l'appel à la peur soit effectif dans certains cas, il
est intrinsèquement négatif et son efficacité est contestée par les arguments positifs
dans leur essence.56
Tout de même, nous ne pouvons pas laisser à coté la stratégie qui influence
les émotion des récepteurs. Comme nous avons vus, la stratégie rationnelle tout
d’abord contribue à la présentation de l’information devants les auditeurs, elle
considère les engagements des récepteurs, tandis que l’objectif de la stratégie
émotionnelle est de générer le désir : « La dimension affective a donc un rôle
important pour contribuer au choix de l’auditeur de donner une suite à la
prédication afin d’en vivre le message »57.
55Walton, Douglas. Dialog Theory for Critical Argumentation, 2007, p. 164 – 167
56 Walton, Douglas. Media Argumentation, 2007, p. 133
57Monet, Gabriel. « Prêcher avec persuasion ». Hokhama 99, 2011. p. 90
CONCLUSION
La linguistique contemporaine est orientée vers l’étude du fonctionnement
de la langue dans les domaines différents de nos vies, c’est pourquoi elle se sert de
la notion du discours comme une catégorie qui intègre les pratiques langagières
avec les pratiques sociales. La diversité des pratiques sociales nous permet de
définir plusieurs types de discours, tels que le discours politique, médiatique,
juridique, scientifique, religieux, etc.
Notre travail nous a conduit a élaborer une notion de supradiscours
persuasif. Le concept du supradiscours persuasif décrit les pratiques
communicatives de l'interaction des individus qui se fondent sur les différents
types de discours ayant certains traits communs tels que les traits cognitifs,
structurels, stylistiques, communicatifs et pragmatiques. Le préfixe supra- souligne
que les pratiques communicatives persuasives peuvent se réaliser dans les
différents types socio-fonctionnels de discours.
Le supradiscours persuasif se caractérise par la mise en œuvre de l’influence
persuasive dont le but est de changer le comportement post-communicatif du
récepteur par biais de changement de son attitude pré-communicatif à l’égard de
l’objet du discours. La persuasivité en tant que caractéristique essentielle du
supradiscours persuasif présuppose les traits du SDP suivants : le conflit précommunicatif (réel ou présupposé) entre les interlocuteurs sur la
nécessité/possibilité/désirabilité de l’action post-communicatif initiée par le
locuteur ; le libre choix du récepteur dans la prise de la décision sur la
nécessité/possibilité/désirabilité de l’action au bénéfice du locuteur ; l’interaction
réelle ou présupposée de l’émetteur et du récepteur.
Le but du supradiscours persuasif consiste à influencer le récepteur par le
biais de la mise en œuvre des stratégies et tactiques persuasives différentes.
Comme l’intensité de persuasion n’est pas le même dans les types de discours
différents, nous pouvons distinguer le genres centrales du SDP et les genres
périphériques. Ainsi, l’analyse du discours religieux a montré que l’homélie peut
être considérée comme un genre appartenant au centre du supradiscours persuasif.
En parlant du discours persuasif religieux il est indispensable de prendre en
compte les particularités des interactants et la spécificité de leurs relations. Tout
d’abord, il faut dire que les relations des interlocuteurs peuvent être caractérisées
comme « tripartite » ave le prédicateur en tant que locuteur–intermédiaire. L’autre
particularité consiste en problème du récepteur. Pour le prédicateur il faut connaitre
son auditoire, même en personne, et en même temps dans certains cas cette tache
est presque impossible quand le prédicateur s’adresse à l’audience de masse.
La stratégie persuasive définit le « plan d'action » de l'émetteur, elle peut être
comparée avec la voie du locuteur vers son but de persuader le récepteur. Nous
p r o p o s o n s de distinguer les stratégies persuasives « rationnelles » e t
« émotionnelles ». Sous les stratégie persuasives rationnelles nous proposons de
comprendre les stratégies qui consiste en présentation des tels arguments qui font
appel à la logique, au raisonnement critique des récepteurs. Sous les stratégies
persuasive émotionnelles nous comprenons telles stratégies qui ont l’influence
forte sur les émotions des récepteurs.
Nous avons définit les stratégies rationnelles suivantes :
1.
L’actualisation (Elle représente un processus de passage d’un état
potentiel, qui ne corresponde pas à la réalité, vers l’état d’actualité. Quand nous
parlons de l'actualisation du sacrale, les situations réelles/profanes sont utilisées
comme les exemples. Et par contre, dans l'actualisation du profane les situations
réelles sont reliées avec le sacral qui sert à les expliquer.)
2.
L’appel à l'autorité (la solution des contradictions pré-communicatifs
s'appui sur l'autorité.)
3.
La redéfinition (La définition persuasive représente un outil très
effectif de l'argumentation, qui est utilisé pour assurer la perception positive des
arguments du locuteur. La stratégie de redéfinition représente une pratique bien
élaborée dans le domaine religieux. Presque tous les concepts du christianisme ont
été révisés, car ils sont devenus inacceptables dans leur sens originel.)
La stratégie rationnelle contribue à la présentation de l’information devants
les auditeurs, elle considère les engagements des récepteurs, tandis que l’objectif
de la stratégie émotionnelle est de générer le désir. Pour que l'influence du discours
ait du succès, il faut prendre en compte les émotions de l'auditoire.
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Mise
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(Consulté le 24.04.2016. )
ANNEXE
Annexe A
Distribution des catholiques en 1910 et en 2010
Source: PewResearchCenter. The Global Catholic Population
URL: http://www.pewforum.org/2013/02/13/the-global-catholic-population/
Annexe B
Principales branches du christianisme
Source : Branches du christianisme, Wikipédia
URL: https://fr.wikipedia.org/wiki/Branches_du_christianisme
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