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Санкт – Петербургский Государственный Университет
Филологический факультет
Кафедра романской филологии
Лаврищева Виктория Владимировна
Проблема передачи эмоционального содержания французского
художественного текста на русский язык (на материале произведений
XX-XXI вв.)
Диссертация на соискание академической степени
магистра
Научный руководитель:
к.ф.н., доцент Ушакова Т.М.
Рецензент:
Санкт – Петербург
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Université d’Etat de Saint-Pétersbourg
Faculté de lettres
Département des langues romanes
Viktoria Lavrischéva
L’émotivité du texte français littéraire : le problème de son équivalence en
traduction
Mémoire de master
Directeur des recherches :
T. Ouchakova
Commentateur :
Saint-Pétersbourg
2016
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Table des matières.
Introduction............................................................................................................... 4
Chapitre 1................................................................................................................ 10
§1 L’expressif et l’émotionnel dans la langue......................................................10
§2 Les types de phrases émotives........................................................................ 15
§3 Les interjections............................................................................................. 19
§4 Les propositions interjectives.........................................................................24
§5 La traduction des interjections........................................................................ 27
Chapitre 2................................................................................................................ 33
§1 Les interjections primaires.............................................................................. 33
§2 Les interjections secondaires...........................................................................49
§3 Les interjections dites religieuses....................................................................69
§4 Les interjections injurieuses............................................................................ 77
Conclusion...............................................................................................................81
Références bibliographiques................................................................................... 87
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Introduction.
Dans la psychologie les proсessus de la réflexion rationnelle sur la réalité et de sa
perception émotionnelle sont traditionnellement étudiés ensemble, comme les
éléments interliés. La question de la corrélation et de l’interaction de l’émotion et
de la cognition a toujours attiré une attention particulière des psychologues russes
(A. Léontiev, L. Vygotskiy) ainsi que des chercheurs étrangers : la revue intitulée
«Cognition and Emotion» a été publiée pendant de longues années. Cet ouvrage
scientifique portait sur le rapport entre les processus émotionnels et cognitifs.
Cependant, dans la linguistique nous avons toujours été en présence d’ une nette
opposition de l’intellectuel et de l’affectif ou d’une étude prioritaire d’un de ces
aspects. Mais les recherches psycholinguistiques des dernières décennies montrent
que l’intellectuel et l’affectif non seulement coexistent dans le langage, mais aussi
collaborent activement. Ainsi, les chercheurs étudient l’influence de la tension
émotionnelle sur le déroulement de l’activité langagière du sujet, les types des
réactions langagières en fonction du portrait psychologique d’une personne.
D’autres chercheurs essaient de distinguer la composante émotionnelle dans la
signification des mots. Toutes ces recherches montrent les côtés différents des
processus du fonctionnement et de la coopération de l’intellectuel et de l’affectif
dans le langage. Pourtant, plusieurs études prouvent que l’émotionnel accompagne
toujours le rationnel dans le langage. La nature de leur coopération dans chaque
situation concrète dépend des caractéristiques émotionnelles de tout message qui
dépendent à leur tour des moyens linguistiques (Поломских).
Parmi ces moyens linguistiques qui expriment les émotions on peut distinguer les
moyens phonétiques, lexicaux, grammaticaux (morphologiques et syntaxiques).
Les moyens grammaticaux font une partie importante des ressources émotives de
la langue. Ils sont très diverses (l’inversion, les répétitions, l’emphase, etc) et
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donnent aux auteurs beaucoup de possibilités d’exprimer leurs émotions et les
émotions de leurs personnages (Парсиева, 2012: 3).
En ce qui concerne la phonétique, on distingue les moyens suivants : les sons,
l’accentuation, l’intonation. La phonétique est étroitement liée avec la graphie en
écrit et le phénomène assez moderne de la répétion des sons dans les mots
émotionnellement importants trouve le reflet dans la littérature contemporaine
(tellllement - Gavalda). La violation des normes de l’ortographe peut aussi servir
de moyen de transmettre ses émotions (Гох: 57).
En admettant que l’émotionnel pénètre dans tous les niveaux de la langue, certains
chercheurs pensent qu’au niveau syntaxique l’émotionnel trouve son expression
verbale dans sa totalité et s’unit avec l’émotionnel aux niveaux morphologique et
lexical (Верба).
Pourtant, les linguistes se mettent d’accord sur le fait que ce sont les moyens
lexicaux qui jouent le rôle le plus important dans le potentiel émotif dans toutes les
langues. Les recherches linguistiques dans ce domaine se caractérisent par
l’ambition de mettre à part les unités lexicales spécifiques (lexique émotif) et les
opposer au lexique dit «neutre» (Адамчук: 14). Cependant, la diversité des
moyens lexicaux émotifs s’explique par la capacité de toutes les unités lexicales, y
compris neutres, d’acquérir la sémantique émotive dans une situation concrète de
la parole (dans un contexte) (Шаховский: 101).
D’après les résultats des recherches linguistiques, le lexique de toute langue
comprend deux types de mots qui peuvent transmettre de telle ou telle façon les
émotions des locuteurs. V. Chakhovskiy les définit comme le lexique émotif et le
lexique des émotions1 (Ионова : 66). Suite à cette idée, L. Babénko attribue au
lexique émotif les mots affectifs qui expriment l’état d’âme de celui qui parle (le
lexique injurieux, les interjections). Le lexique des émotions est représenté par les
1«…эмотивная
лексика и лексика эмоций» (Ионова: 66).
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mots qui n’expriment pas les émotions directement, mais les nomment (Бабенко:
4).
Mais quel est le rôle du potentiel émotif de chaque texte dans le système de la
traduction littéraire? Quels moyens lexicaux émotifs présentent le plus grand défi
pour les traducteurs?
Pour répondre à ces questions il nous semble nécessaire de rappeler ce qu’on
appelle la traduction littéraire, en quoi consiste ce processus et quels sont ses
objectifs. Un des plus remarquables théoriciens de la traduction russes, V.
Komissarov, définit la traduction littéraire comme une sorte de traduсtion dont
l’objectif principal est de créér en langue cible une oeuvre langagière capable de
porter une influence esthétique sur le destinataire 2. L’analyse des traductions des
oeuvres littéraires montre que dans ce type de traduction il est possible de sacrifier
l’exactitude maximale de sens pour atteindre l’effet esthétique (Комиссаров : 95).
Сette inexactitude qui permet, toutefois, de garder la valeur esthétique d’une
oeuvre littéraire peut être résultat des transformations. I. Retsker définit ces
transformations comme un moyen de l’action de pensée logique qui aide à
expliquer le sens d’un mot étranger dans le contexte et à trouver son équivalent
dans la langue cible, autre que celui proposé par le dictionnaire (Рецкер 2006: 45).
N. Garbovskiy ajoute que tous les processus de traduction ne peuvent pas être
traités comme transformation. Le linguiste est sûr que les transformations ne
touchent pas les structures extérieures, puisque elles changent presque toujours
quand on passe de la langue source à la langue cible. Ces transformations touchent
le sens. C’est le système des sens qui est transformé pendant la traduction
(Гарбовский: 364-365).
2« Художественный
перевод – это вид переводческой деятельности, основная
задача которого состоит в порождении на языке перевода речевого
произведения, способного оказывать художественно-эстетическое
воздействие на реципиента перевода» (Комиссаров: 95).
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Alors, nous pouvons conclure que, du point de vue de la traduction littéraire, les
mots, les combinaisons des mots, les phrases et les textes dont les contextes
éxigent les transformations présentent le plus grans intérêt et peut-être la plus
grande difficulté.
En essayant de comprendre quels éléments émotifs du texte exigent
le plus
souvent des transformations nous avons remarqué que ce sont les mots affectifs,
tels que les ineterjections et les mots injurieux. Dans la plupart des cas, on ne le
voit pas dans les descriptions des émotions, mais on les rencontre dans le discours
des personnages qui dans les oeuvres littéraires est un des moyens de transmettre
les paroles – vives et naturelles (Шилина: 81). Dans les recherches qui portent sur
la nature des interjections et de leurs propriétés expressives, les linguistes notent
que grâce à leur capacité d’exprimer une émotion sans la nommer directement les
interjections créent un effet de véracité, de l’authenticité de l’émotion. D’autre
part, le caractère conventionnel des interjections contribue à la compréhension
immédiate et adéquate de l’état d’âme lié aux interjections (Хван: 67). De plus, le
problème de la traduction des interjections est peu étudié (Парсиева: 78).
Сes raisons expliquent notre intention d’analyser dans ce travail les moyens de
traduction des interjections du français vers le russe.
Сette intention nous semble bien pertinente, parce que les belles-lettres ont
toujours été et restent le moyen principal de la communication interculturelle entre
les nations-locutrices natives de langues différentes.
Aujourd’hui les traducteurs des textes littéraires ont une tâche double: transmettre
de la façon la plus authentique les réalités d’une culture étrangère et en même
temps garder l’integralité, la clarté et l’harmonie de sa langue native. Cela devient
peut-être plus difficile quand on traduit les mots qui expriment les sentiments des
personnages, car il faut veiller à l’expressivité et au laconisme en même temps
(Стрельницкая: 133).
Justification du corpus.
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Pour notre analyse nous avons choisi les oeuvres littéraires françaises des XX-XXI
siècles et leurs traductions en russe:
les oeuvres du commencement du XX s.: L’immoraliste (1902) d’André
Gide traduit par A. Radlova e t Jean-Christophe (volume 1) (1904)
de Romain Rolland traduit par O. Kholmskaya;
les oeuvres du milieu du XX s.: Zazie dans le métro (1959) de Raymond
Queneau traduit par E. Razlogova et M. Golovanivskaya, Les Eygletière
(1965) , Le Geste d’Eve (1964) d’ Henri Troyat traduits par N. Stolyarova, V.
Kolyaguin respectivement;
les oeuvres de la fin du XX s. et du XXI s.: Stupeur et Tremblements (1999),
Ni d'Ève ni d'Adam (2007) d’Amélie Nothomb traduits par I. Popov et N.
Popova, I. Kouznetsova respectivement; 99 francs (2000) d e Frédéric
Beigbeder traduit par I. Volévitch; Je voudrais que quelqu'un m'attende
quelque part (1999), Je l’aimais (2002), Ensemble, c’est tout (2004) d’Anna
Gavalda traduits par E. Klokova et N. Khotinskaya, E. Klokova
respectivement.
Nous avons essayé de faire de sorte que notre recherche comprenne les textes du
commencement, du milieu et de la fin du XX-commencement du XXI s. pour avoir
l’image la plus démonstrative et pour voir si les moyens de la traduction varient
selon la période.
Méthodologie.
Nous avons opté pour la sélection linéaire des phrases exclamatives contenant une
interjection émotive. Dans les oeuvres mentionnées nous avons trouvé 427
exemples dont 92 sont entrés dans ce travail pour illustrer les tendances de la
traduction.
Hypothèses et objectifs du travail.
Notre première hypothèse est que certaines interjections ne peuvent pas être
traduites par les interjections ou d’autres mots proposés par les dictionnaires et
exigent une transformation linguistique.
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Notre deuxième hypothèse est que parmi les moyens de traduction les uns sont plus
adéquats et pertinents que les autres (ne défigurent pas le sens, ne baissent et
n’augmentent pas le degré d’expressivité des interjections).
Nous nous sommes posé pour objectifs de:
1. décrire les particularités des phrases exclamatives et des interjections ;
2. faire l’analyse des oeuvres littéraires pour y trouver des exemples
d’utilisation des interjections émotives ;
3. classifier les exemples selon les moyens de traduction des interjections ;
4. expliquer les moyens de traduction qui sont plus adéquats, à notre avis ;
5. proposer nos variantes de traduction dans les cas où la traduction donnée
nous semble inappropriée.
Répartition du travail.
Ce travail comprend deux chapitres, une introduction et une conclusion, ainsi que
des références bibliographiques.
Le premier chapitre consiste à étudier les aspects théoriques des phénomènes qui
feront l’objet de la recherche. Ce chapitre donne un parcours des études de
l’émotionnel dans le langage, des phrases exclamatives (surtout interjectives) et
des interjections (surtout dans l’aspect de la traduction).
Le second chapitre présente l'analyse critique des traductions et la classification
des tendances dans la traduction que nous avons révélées.
Dans la conclusion nous faisons le bilan et
analyse.
présentons les résultats de notre
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Chapitre 1.
§1 L’expressif et l’émotionnel dans la langue.
Dans la linguistique russe il existe plusieurs définitions d'expressif et d'émotionnel.
Pour certains chercheurs ces notions sont équivalentes (voir Реформатский,
Пиотровский, Шмелёв), d’autres étudient ces phénomènes séparément (voir
Галкина-Федорук, Вольф). Alors se pose la question: l’émotionnel et l’expressif,
sont-ils deux composantes de la signification? Les réponses sont souvent
contradictoires. Ainsi, E. Galkina-Fédorouk qui a été une des premières à étudier
ces caractéristiques du discours y voit les relations entre une entité et sa partie. Elle
définit l'expressif comme l'amplification de l’éloquence due au désir du locuteur de
rendre sa parole plus efficace et d’augmenter ses effets. Selon cette linguiste,
l'expressif est une notion plus générale que l’émotionnel, puisque dans le langage
l'émotionnel est toujours expressif, mais l'expressif n'est pas obligatoirement
émotionnel (Галкина-Федорук: 107).
Selon U. Ossipov, lesdites notions se complètent et dans le système de la langue
qui est envisagé comme un modèle, l'expressif ce n'est pas un élément de ce
modèle, mais son résultat (Осипов: 126).
Dans les ouvrages linguistiques le terme l'émotionnel est souvent concurrencé par
celui de l'émotif. Ainsi, E. Volf considère que l'émotif est un synonyme de
l'appréciatif et se rapporte au domaine linguistique, tandis que l'émotionnel se
rapporte au domaine des sens. L'émotif est un terme plus général et comprend
l'émotionnel et le rationnel comme ses composantes. (Вольф: 45).
D'autres chercheurs disent qu'au niveau de la langue l'émotionnel qui est une
catégorie psychologique se transforme en émotif. V. Chakhovskiy était le premier
qui a proposé de séparer les termes émotif et émotionnel en soulignant que l'émotif
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est la même chose que l'émotionnel mais se rapportant à la langue. L'emotif est une
capacité sémantique de la langue d'exprimer l'émotionnel par le système de ses
moyens (Шаховский: 24).
Suite à l'oeuvre de V. Chakhovskiy, L. Piotrovskaya, en se basant sur l'approche
fonctionnaliste de la langue, définit l'émotif comme une fonction des unités de la
langue liée à l'expression de l'attitude émotionnelle de celui qui parle envers la
réalité elle-même ou envers la signification des unités de la langue (Пиотровская:
42).
Dans la linguistique moderne on distingue, selon le moyen de verbialisation des
émotions, les signes qui nomment les émotions, les signes qui expriment les
émotions et les signes qu'on utilise pour désigner les symptomes des émotions.
(Kрасавский: 49).
D'après l'idée de V. Chakhovskiy concernant l'émotif, les signes qui expriment les
émotions et les signes qui décrivent les émotions ne sont pas les mêmes puisque les
signes émotifs sont ceux qui expriment directement les émotions, tandis que les
signes qui nomment les émotions sont traités comme le lexique émotif par
association, mais ne sont pas émotifs de nature (Шаховский: 14). Le lexique
émotif de nature est représenté par les interjections, par exemple ( nous allons en
parler plus en détail ci-dessous), puis qu'elles expriment directement les émotions
sans les nommer.
Selon J. Vendryes, les sentiments deviennent importants pour les linguistes quand
ils sont exprimés par des moyens linguistiques (Вандриес: 136).
Les émotions sont traitées comme une manière spéciale de refléter la réalité ou
l'état d'âme d'une personne liée avec la possibilité ou l'impossibilité de contenter
ses désirs et d'atteindre ses buts, parce que toute classification d'émotions n'est
souvent qu'un paravent qui sert à cacher la classification des besoins de l'homme
pas toujours reconnue (Симонов: 91). Il est bien évident que la classification des
émotions elles-mêmes n'est pas un objectif de la linguistique.
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La communication est une sorte d'activité humaine qui rend possible toute autre
activité commune. Et le processus de communication est étroitement lié avec
l'expression de son attitude émotionnel par rapport aux faits, à la situation, à son
interlocuteur. Les émotions reflètent la réalité, font corps avec la vie des hommes
et jouent un rôle important dans leur vie. Quand nous sommes en train d’apprendre
des phénomènes de la réalité, nous y réagissons de telle ou telle manière ce qui
trouve son expression dans la langue que nous parlons (Kрутова: 107). Dans le
discours parlé l'intonation est un moyen universel pour transmettre ses émotions.
La syntaxe émotive s'intéresse à toutes les phrases prononcées avec une intonation
exclamative. Cependant, les chercheurs n'ont pas encore d'opinion commune au
sujet de ces phrases émotives ( ou exclamatives), car on distingue trois types de
phrases selon l'objectif communicationnel de celui qui parle:
- phrases déclaratives. L'objectif de celui qui parle est de donner quelques
informations ;
- phrases interrogatives. Celui qui parle demande les informations dont il a besoin ;
- phrases impératives. L'objectif est d'inciter les participants de la communication à
telles ou telles actions. (Kустова: 57-59; Валгина).
L’intonation exclamative peut accompagner toute phrase indépendamment de son
type communicationnel, c'est pourquoi d’habitude on n’attribue pas aux phrases
émotives le statut d’un type communicationnel particulier. Cependant, chaque
langue possède des constructions qui doivent être traitées uniquement comme
exclamatives, c'est-à-dire les phrases prononcées avec une intonation exclamative
avec le but d'exprimer ses sentiments, son attitude envers un fait. En admettant que
l'émotif est une caractéristique importante de la phrase, et pas seulement un
élément facultatif, il est possible de distinguer les phrases émotives comme un
groupe indépendant (Ушакова: 104-106). S. Delesalle dans son ouvrage L'étude de
la phrase distingue initialement quatre types de phrases: des phrases déclaratives,
impératives, interrogatives et exclamatives (Delesalle : 62).
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Selon R. Martin, l'exclamative peut être traitée comme une variante de la phrase
assertive déclarative, car elle «est présentée comme vraie dans le monde actuel. En
m'exclamant Mais il est là ! ou bien Comme elle est mignonne !, je donne pour vrai
le fait qu'il est là ou bien qu'elle est mignonne. S'il n'en est pas ainsi, il me faut
reconnaître que je me suis trompé — ou bien que j'ai menti. L'exclamative apparaît
ainsi comme une variante de la phrase assertive: le contenu qu'elle véhicule
est admis pour vrai ». Pourtant, le chercheur ajoute que « la phrase exclamative
s'éloigne de l'assertive correspondante sur au moins deux points : par son mode
d'assertion, par la tension qu'elle porte en elle » (Martin : 501-502).
Ainsi la phrase Ce tableau est très beau est une phrase déclarative, si on y ajoute
une intonation exclamative (Ce tableau est très beau!), la phrase devienne
exclamaive, elle aussi. Mais sa modification Ce que ce tableau est beau! est une
propostion proprement dite émotive ou proprement dite exclamative qui une
structure grammaticale spécifique (Ушакова: 106, Зевахина : 25).
O. Tourbina trouve que les constructions de la syntaxe émotive naissent pendant
un acte de communication par l’improvisation, c’est pourquoi ces construcrtions
ont un caractère occasionnel (individuel ou subjectif). Pourtant, chaque langue
développe des moyens spéciaux pour presenter les structures de la syntaxe
émotive. Ces moyens sont formés pendant la fonction verbale à la base
d’élaboration d’une autre vue sur les moyens d’expression neutres qui existent déjà
dans la langue (Tурбина: 4).
T. Ouchakova pense que le but communicatif de phrases émotives, globalement
parlant, c’est de donner son appréciation à la réalité. Ainsi, on peut distinguer
plusieurs types de but communicatif des phrases émotives françaises:
1. Réaction émotionnelle et impulsive à la situation et au comportement des
autres.
Les paroles de l’interlocuteur peuvent aussi provoquer une réaction émotionnelle et
impulsive chez celui qui parle. Pourtant, dans ce cas-là cette phrase émotive n’est
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pas la première et unique réplique, mais fait partie de la deuxième réplique donnée
comme réponse à la première. Сhaque phrase peut être caractérisée de trois points
de vue: l’intonation, la grammaire (sa structure) et le contenu lexical. Quand il
s’agit des phrases émotives, leur effet expressif est créé par deux caractéristiques
(lexique et intonation dans les phrases interjectives) ou pаr toutes les trois
caractéristiques (par exemple, la phraséologie exclamative).
2. Appréciation émotionnelle.
Le but communicatif des phrases émotives de ce type est de donner une
appréciation émotionnelle à une personne, à des faits, à des événements. Une
intonation exclamative est toujours présente dans ces phrases, mais une
appréciation émotionnelle peut être exprimée différemment: par le lexique
(adjectifs et substantifs appréciatifs), par la syntaxe (constructions spéciales) ou par
ces deux moyens ensemble.
3. Déclaration de son état d’âme.
Ces énonciations sont toujours construites de la même manière. Elles s’inscrivent
dans un cadre bien défini, un frame. Premièrement le locuteur déclare dans quel
état d’âme il est. La phrase émotive qui contient un verbe, un participe, un adjectif
ou bien un substantif qui nomme ses sentiments ou l’appréciation d’un fait. Le
contexte suivant donne l’explication, les raisons qui ont provoqué un tel ou tel
sentiment : la colère, le regret, etc. Celui qui parle annonce ses sentiments pour être
compris par son interlocuteur ou pour inciter son interlocuteur à des actions.
4. Optatif.
Les phrases émotives peuvent comporter les verbes de désir et signifier un souhait.
Il existe plusieurs structures avec une idée implicite (cachée) de désir, liées à
l’expression des sentiments du locuteur.
5. Un message, une question et une incitation à une tonalité émotionnelle.
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Le but principal de celui qui parle est de transmettre un message, demander des
informations ou inciter à une action. Mais en même temps le locuteur transmet ses
sentiments et son attitude appréciative à la réalité (Ушакова: 106-111).
Plusieurs chercheurs partagent cette opinion, par exemple N. Béssédina, qui écrit
que les phrases exclamatives (comme un type communicationnel particulier) se
caractérisent tout d’abord par un but communicatif autonome qui est déterminé par
l’intention de celui qui parle d’exprimer son état d’âme, de donner une
appréciation émotionnelle aux faits de la réalité qui ont causé son état d’âme actuel
et influencer le récepteur par l’expressivité de ses paroles.
Le but communicatif des phrases exclamatives est d’une nature complexe et
comprend :
- expression de la réaction émotionnelle et impulsive pour transmettre son état
d’âme avec ses nuances les plus fines: la colère, la joie, la tristesse, l’amour,
l’affection, la surprise, l’admiration, l’indignation, etc;
- expression de son attitude émotionnelle et appréciative aux faits de la réalité;
- expression des ses optatifs ;
- désir d’influencer les émotions du récepteur.
§2 Les types de phrases émotives.
Les propostions émotives françaises peuvent être divisées en deux grands groupes,
selon les moyens du langage qui assurent l’effet expressif de la construction: le
premier groupe comprend les phrases dont l’expressivité est liée au potentiel d’une
partie du discours, le second groupe comprend les phrases dont l’expressivité est
créée par leur structure même (Ушакова: 114). Parlons plus en détails de ces deux
groupes.
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1. Le groupe comprenant les phrases émotives dont l’expressivité est créée par
leur structure même:
a. Les phrases sans prédicat, telles que Charmante, cette fille!
Il ne serait pas correct de traiter ces phrases comme elliptiques et essayer de
reconstituer le verbe (Cette jeune fille est charmante!). Celui qui parle est le sujet
implicite de cette phrase, ses sentiments sont la raison qui l’a poussé à émettre
cette énonciation: Je trouve cette jeune fille charmante!
L’adjectif placé en tête de la phrase signifie généralement une appréciation positive
ou négative (ibidem: 135).
b. Les phrases avec la tournure de la mise en relief et (nom, pronom) qui
(que).
Il s’agit des phrases telles que Et cette ambulance qui n’arrive pas ! Elles sont
toujours prononcées comme une réaction émotionnelle et appréciative des faits ou
d’un message.
Dans ce cas-là la phrase affective (synonyme d’émotive) exprime une appréciation
des faits comme n’étant pas conformes à la situation. C’est le sentiment de regret et
d’ennui qui est le plus souvent lié avec cette structure (ibidem: 136).
c. Les structure pseudosubordonnées.
Certaines phrases de subordination sont parfois à la base des structures
affectives. Dans ce cas la proposition principale est omise et la subordonnée est
introduite par les conjonctions si, comme si, quand, puisque:
-Alors, tu es un vrai Japonais, maintenant.
- Comme si j’avais besoin de ça pour le devenir ! (N.EA: 63)
L’émotionnel est dû à l’insinuation. La phrase peut être considérée comme
affective, car sa forme inachevée entraîne le contenu implicite -appréciation
émotionnelle (ibidem: 137-138).
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d. Les phrases inachevées.
Ce sont les structures où la consécution syntaxique est violée à cause de nonréalisation de certaines composantes. Les phrases de ce type peuvent être
inachevées spontanément ou exprès.
-Où vais-je dormir ?
-Avec moi, dans le lit de mes parents.
Je protestai contre un tel impair. Rinri eut son habituel haussement d’épaules.
-Le lit de tes parents, quand même ! (N.EA: 67)
L’idée essentielle n’est pas explicitée. Сependant, malgré la structure inachevée,
l’idée est comprise par le récepteur sans problème (ibidem: 138).
2. Les phrases dont l’expressivité est liée au potentiel d’une partie du discours:
a. Les structures dans lesquelles le substantif a comme déterminatif un article
indéfini ou un adjectif démonstratif. Tu es d’une beauté! Cette question!
Сes deux types de phrase ont un trait commun – la structure inachevée qui est
souvent déterminée comme ellipse. L’article indéfini reçoit dans ces structures une
signification qui ne lui est jamais propre dans la syntaxe neutre: ce n’est plus donc
la corrélation avec une catégorie d’objets similaires, mais l’article indéfini
commence à exprimer l’intensité d’une qualité. En outre, l’article indéfini attire
d’habitude l’attention aux informations qui suivent, parce que ce sont ces
informations qui dévoilent entièrement le contenu du substantif ayant l’article
indéfini comme déterminant. Dans ces structures les informations attendues ne
viennent pas ce qui crée l’effet «de l’attente trahie». En ce qui concerne les
adjectifs démonstratifs, ils perdent leur fonction déictique, renvoient à une
appréciation présupposée et prennent la fonction de déterminant (ibidem: 115-124).
b. Les phrases avec un exclamateur.
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La notion d’exclamateur sert à définir un élément d’énonciation qui a une force
expressive particulière se trouvant en tête de la phrase et concentre la nature
exclamative de l’énonciation. Сe sont les mots tels que quel, comme, combien,
que, ce que, qu’est-ce que.
A l’aide de ces structures le locuteur peut donner son appréciation de personnes, de
leurs actions, de la réalité. Que tu es gentil! Quel aplomb! (ibidem : 125).
c. Les phrases-interjections et les phrases proches des interjections.
Les interjections qui sont les mots affectifs et n’ont aucun contenu conceptuel,
transmettent la réaction d’une personne directement et expressivement
au
maximum. La plupart d’interjetions ne sont pas associées à tel ou tel champ
sémantique, mais prennent leur signification dans un contexte, c’est pourquoi on
peut dire que les interjections sont multifonctionnelles.
Dans le texte (l’énonciation) les interjections sont rarement employées comme une
réplique achevée, car les sentiments qu’éprouve celui qui parle l’incitent à
continuer: — Oh! que je suis contente de vous revoir! que je suis heureuse!
Pendant une longue période les chercheurs ont pensé que l’interjection est amorphe
du point de vue de la syntaxe, donc elle n’est pas un terme de proposition et
n’interagit pas avec les autres termes. Pour ces raisons on assimilait les
interjections aux mots-phrases. L’étude du discours parlé a enrichi cette théorie: les
interjections peuvent former une phrase autonome, mais aussi être termes de
propositions en constituant un tout, une entité avec le terme qui le suit: — Ah! la
sérénité! L’interjection est étroitement liée au substantif, terme principal de cette
proposition nominative, et se prononce avec la même intonation. Le rôle important
des interjections, leur unité intonationnelle avec un terme de la proposition sont
souvent soulignés graphiquement : il n’y a pas de majuscule après le point
d’exclamation.
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Les constructions avec des particules, des adverbes, des interjections, des pronoms
démonstratifs, telles que ça alors, et comment, et encore, etc peuvent jouer le
même rôle. Elles sont aussi spontanées et n’ont pas de contenu concret, par
exemple:
Début 1996, mon père m’appela de Tokyo :
-Nous avons reçu un faire-part de Rinri. Il se marie.
-Ça alors !
- Il épouse une Française. (N.EA : 122)
On peut admettre que les constructions pareilles forment une classe de
phraséologie exclamative qui comprend aussi les expressions figées avec d’autres
parties du discours: des substantifs, des adjectifs, des verbes, des adverbes: Par
exemple! La belle affaire! Tu parles! Tu penses! Et comment ! Tout comme les
interjections ils apparaissnt en discours comme une réaction émotionnelle et
impulsive (ibidem : 127-128).
§3 Les interjections.
Les interjections sont propres à toutes les langues, mais ce sont les mots assez peu
étudiés. L’étude du système d’interjections dans les langues différentes est un
objectif pertinent, car la linguistique moderne tourne de plus en plus vers l’étude
du discours parlé auquel appartiennent les interjections. Les linguistes n’ont pas
d’opinion commune quant au statut d’ interjections, parce que ce groupe comprend
des unités très hétéroclites du point de vue de la sémantique et de la structure.
Globalement parlant, les interjections sont définies comme un groupe de mots
invariables qui servent à transmettre une réaction émotionnelle. Mais il n’est pas
facile de les isoler d’autres classes de mots, parce qu’elles n’ont pas de
сaractéristiques grammaticales spécifiques et se caractérisent par des significations
assez vagues (Прокахина: 3). Mais quand il s’agit de définir le statut d’
21
interjections le plus grand problème est la différence qui existe entre celles-ci et les
parties du discours principales et auxiliaires. Il n’est pas correct d’affirmer que les
interjections sont une partie du discours principal, car elles ne nomment pas de
phénomènes de la réalité. D’autre part, ce n’est pas une partie du discours
auxiliaire, parce que les interjections ne constituent pas de liens entre les mots de la
phrase. Les interjections sont plus proches des parties du discours auxiliaires par
leur
forme, mais leur signification les rapproche des parties du discours
principales, car elles peuvent transmettre des sentiments. Une autre raison qui
permet d’isoler les interjections des autres parties du discours c’est leur capacité de
fonctionner comme une proposition indépendante et indémembrable, c’est-à-dire
exprimer les relations entre le sujet et le prédicat (nous allons parler de ces
popositions interjectives plus tard). Cette capacité peut être expliquée par la
structure compressive de toutes les interjections c’est-à-dire leur potentiel de
transmettre le sens de toute une proposition par une unité indémembrable du point
de vue de la syntaxe.
A.Guérmanovitch a résumé les caractéristiques les plus importantes des
interjections. Ce sont: un grand degré émotionnel, absence de toute signification
léxicale, absence de formes dérivatives typiques, accompagnement par la mimique
et les gestes (Германович: 5).
Il existe aussi plusieurs définitions d’ interjections. M. Lomonossov, par exemple, a
écrit que l’ interjection transmet brièvement le mouvement d’esprit d’une
personne3 (Парсиева: 15). A. Smirnitskiy pense que les interjections forment une
classe spécifique de mots qui ont une signification compréhensible pour tous et en
même temps cette signification diffère de celles d’autres mots. En plus, les
interjections ont la fome grammaticalement achevée (Смирницкий: 89). Dans ce
travail nous nous appuyons sur la définition de D. Prokakhina pour qui
l’interjection est une unité lexico-grammaticale, résultat de la compression
linguistiique (de forme ou de sémantique) qui se caractérise par l’autonomie
3
«…представляет движение духа человеческого кратко» (Парсиева: 15).
22
syntaxique et transmet les réactions émotives et optatives de celui qui parle, ayant
la capacité de changer sa signification selon le contexte et le haut degré
d’expressivité 4 (Прокахина: 7-8).
Les chercheurs ont entrepris plusieurs tentatives de classification des interjections.
Ainsi, A. Guérmanovitch distingue deux grands groupes d’interjections :
émotionnelles et impératives qui différent par leur fonction, leur signification et
souvent par leur forme. Les interjections impératives servent donc à transmettre la
volonté: сommande, ordre, interdiction (брысь! Алло! Oust! Allo!). On les
rapproche parfois des formes verbales à l’impératif. Les
interjections émotionnelles comprennent surtout les interjections primaires ( а, о,
ай, ой, ух; a, ah, oh, eh), leurs sens est très souvent déterminé par l’intonation.
L’auteur de cette théorie souligne qu’elles ne sont pas à confondre avec les
exclamations réflexes, telles que la réaction à la douleur, par exemple (Германович:
5-7, 19). Plus tard cette classification a été complétée par deux groupes: les
interjections d’étiquette et l e s interjections cognitives. Le sens d’ interjections
d’étiquette se base sur leurs fonctions: fatique, conative et régulatrice. Les
interjections cognitives reflètent les pensées de celui qui parle. Сe sont les
interjections de compréhension, de récognition et de soupçon (Прокахина: 13).
La forme d’ interjections donne lieu à une autre classification qui distingue les
interjections primaires (non-dérivées) et secondaires. On appelle primaires les
interjections simples, pareilles aux exclamations réflexes et n’ayant pas
d’omophones parmi les autres lexèmes. Dans la conscience des locuteurs natifs les
4 «…лексико-грамматическую
единицу, являющуюся продуктом языковой
компрессии (структурной или семантической), характеризующуюся
синтаксической самостоятельностью и выражающую эмотивно-волетивные
реакции говорящего на определенную ситуацию, способную менять значение
в зависимости от контекста и обладающую повышенной степенью
экспрессивности» (Прокахина: 7-8).
23
interjections secondaires ont un lien évident avec un autre lexème qui peut même
appartenir à une autre langue.
Les interjections primaires sont plus influencées par la loi d’économie linguistique
et peuvent être traitées comme compressives, du point de vue de la sémantique et
de la forme. L’interprétation de signification de ces interjections peut causer des
problèmes communicatifs, car une seule interjection peut transmettre des
sentiments extrêmement différents, même polaires : positifs ainsi que purement
négatifs.
Les interjections secondaires proviennent d’autres parties du discours, des
combinaisons de mots et de propositions qui subissent une sorte de « renaissance »,
changent de cathégorie et perdent leur signification, mais gardent la forme des
mots dont elles proviennent. Les interjections primaires est un groupe fermé à
l’opposé des secondaires qui, au contraire, représentent un groupe ouvert qui
s’amplifie grâce aux nouveaux vocables: les parties du discours principales qui
subissent la désémantisation dans les positions qui leur sont impropres (Пузиков:
9, Прокахина : 9, Корди : 6).
M. Pouzikov a essayé de particulariser parmi les interjections primaires russes les
structures les plus prolifiques. Il a obtenu les résultats suivants: les plus prolifiques
sont les structures comprenant une voyelle (а, ааа, э), une consonne et plusieures
consonnes (ммм, гм, пфф, брр), voyelle+consonne- voyelle+consonne (ай-ай, ойой) et quelques autres structures.
Alors, le chercheur a constaté l’existence du modèle prototype de l’interjection
primaire russe et il a conclu que les interjections qui s’écartent de ce modèle ne
peuvent transmettre que peu d’émotions possibles et alors s’emploient rarement.
Toute classification d’interjections secondaires est, selon Pouzikov, peu fiable faute
de la pertinence de leur principe structurel (Пузиков: 9).
M. Pouzikov a aussi élaboré sa classification d’interjections qui est possible,
d’après lui, à condition de se baser sur les fonctions d’interjections et faire
24
attention à la perception des interjections (la réaction du récepteur), et non à la
réaction de celui qui parle. Alors, le chercheur a distingué:
1. 1.Les interjections qui expriment les sentiments et les sensations de nature
physiologique (la peur, la fatigue) et l e s interjections qui accompagnent
certaines actions et servent à atténuer la tension (оп, ах), donc concentrent
l’attention sur l’état de celui qui parle. En général ce type est représenté par
les interjections primaires.
2. Les interjections qui concentrent l’attention sur des événements, des
changements importants (le plus souvent négatifs): Ой! Упс!
3. Les interjections émotionnelles et appréciatives qui attirent l’attention aux
éléments particuliers de telle ou telle situation. Dans ce groupe les
secondaires sont majoritaires (Безобразие! Здорово!).
4. Les interjections cognitives qui expriment les émotions dites intellectuelles:
la compréhension, la récognition et le soupçon : Ах да! Гм!
5. Les interjections exprimant le reproche, la menace, la critique. Leur but est
d’influencer le récepteur en lui signalant son tort et en critiquant son
comportement (Эх ты! Ай-ай!) (ibidem :10).
E. Kordi qui a consacré beaucoup de temps à l’étude des interjections françaises a
proposé une classification qui se base sur deux principes concourant: d’une part –
les relations entre le sujet et la réalité exprimées par l’interjection ainsi que sa
signification (émotions, volonté ; etc), d’autre part – à quel point cette signification
est déterminée.
Dans le cadre du premier principe E. Kordi distingue trois groupes d’interjections :
1. Les interjections qui transmettent une réaction immédiate du sujet à la
réalité, donc impulsives ( ah! Hum! Mon Dieu!)
2. Les interjections qui reflètent l’influence du sujet sur l’environnement qui
l’entoure (chut! Allons!)
3. Les interjections qui reflètent les actions qui ne touchent pas directement le
sujet (et patati et patata!).
25
Les groupes d’interjections impulsives et impératives se divisent en groupes plus
petits selon la nature des sens exprimés. Dans le groupe d’interjections impulsives
on distingue les émotionnelles (ah! bah!) et les intellectuelles (hum!). Parmi les
impératives: les proprement impératives (allons!) et les appels (hoho!).
Le second principe : à quel point la signification d’une interjection est déterminée.
E. Kordi classifie toutes les interjections en deux groupes: 1) les interjections à la
signification déterminée et tout à fait claire (hourra! bravo! merci! etc) dont le sens
ne dépend ni du contexte ni de la situation (ce sont les interjections qui peuvent
être associées à des notions logiques) et 2)les interjections à signification vague
(mon Dieu! Oh! Allons!) dont le sens est déterminé par le contexte ou la situation
(ces interjections ne sont jamais associées à des notions logiques) (Корди: 4-5).
Finalement, après avoir examiné les particularités et les classifications des
interjections nous pouvons conclure que c’est une partie du discours ambiguë qui
présente beaucoup de difficultés pour ceux qui l’étudient.
§4 Les propositions interjectives.
D’après D. Prokakhina, la caractéristique la plus importante des interjections est
leur capacité de сombiner les aspects lexical et syntaxique. Les interjections sont
les lexèmes et les propositions en même temps.
Les propositions interjectives indémembrables (Mon Dieu ! Medre ! Allons !) ont
les principales caractéristiques sémantiques de la proposition:
1) elles peuvent être les unités de la communication ;
2) elles sont les énonciations sur un objet, parce qu’un message (une appréciation),
une question ou une incitation sont aussi les types d’énonciation ;
3) elles sont achevées du point de vue de l’intonation (en expression orale c’est
l’intonation qui importe le plus). L’intonation accentue leur modalité sans laquelle
26
l’énonciation ne peut pas être formulée. En actualisant la proposition, l’intonation
complète la défectivité des constructions elliptiques.
Plusieurs chercheurs se mettent d’accord sur l’idée que les interjections autonomes
sont égales aux propositions interjectives qui ne contiennent que l’interjection et
qui peuvent être déclaratives (souvent contenant une appréciation émotionnelle),
impératives, interrogatives. Les propositions interjectives de nature émotionnelle et
appréciative sont formées par une seule interjection, par exemple «Bah!», «Allons
bon», «Pouah».
Les propositions interjectives impératives ne contiennent qu’une interjection
impérative («Paix!», «Oust», «Motus», «Ohé»).
Les propositions interjectives interrogatives peuvent être formées par une
interjection exprimant une question («Hein?», «En bien?», «Eh?»).
Finalement, les propositions interjectives déclaratives contiennent les interjections
imitatives («pan pan!», «pata- tras!»).
Les propositions interjectives peuvent également contenir d’autres termes. On peut
en parler quand l’interjection régit un substantif (un pronom) avec une préposition
ou un adverbe. Dans les propositions de ce type l’interjection est le centre de toute
la structure, c’est-à-dire le prédicat. La capacité d’être le mot dirigeant et le centre
structurel de proposition rapproche l’interjection du verbe et témoigne que
l’interjection a une nature prédicative.
En outre, les unités interjectives peuvent s’insérer dans d’autres propositions
comme les éléments épenthétiques. Elles entrent en relation avec d’autres termes
de la proposition sans qu’il soit possible de poser une question du mot principal au
mot dépendant, cependant nous voyons un lien bilatéral (les relations de
détermination) entre la proposition et l’interjection : les interjection déterminent le
caractère émotionnel de la proposition et la proposition qui suit l’interjection
précise la signification de l’interjection (Прокахина: 10-11, Корди : 9-10).
27
Nous avons déjà mentionné les constructions typiques pour la langue française,
telles que Tu parles! Ces constructions qui sont diverses gardent leurs propriétés
verbales et la capacité de constituer les unités plus élargies, c’est pourquoi elles
présentent un intérêt particulier.
Dans la conversation la deuxième réplique comprend souvent le verbe parler à la
deuxième personne: tu parles! (beaucoup plus rarement — Vous parlez!) et le
verbe penser — tu penses! penses-tu! vous pensez! pensez-vous! tu n’y penses
pas! vous n’y pensez pas!
Malgré le fait qu’il existe parallèlement deux formes pour s’adresser à une
personne – le tutoiement et le vouvoiement et leur fonctionnement logique dans la
langue, là nous sommes en présence de violation de la concordance sémantique: —
Or, je suis ici pour plaider la cause du docteur. —Ne vous fatiguez pas. ‘Un type
qui s'est fichu de moi dans des proportions pareilles! —Il ne s'est pas fichu de
vous. — Tu parles! — Il vous épouse.
Le vouvoiement dans les répliques précédentes n’impêche pas celui qui parle de
choisir la forme du singulier tu parles!, cependant ce choix dénonce une certaine
familiarité.
Les constructions avec le verbe penser sont plus diverses et donc plus répandues
que les constructions avec le verbe parler. On peut expliquer ce phénomène par la
sémantique de ces deux verbes. Le verbe parler est concret et monosémique, il
désigne le fait de dire quelque chose, d’exprimer ses pensées avec des mots. Le
verbe penser a plus de combinaisons possibles et de nuances du sens: à commencer
par l’action liée à la mentalité jusqu’à la signification plus large: croire, avoir
l’intention, etc. C’est avec cette significаtion-là qu’il est entré dans des
périphrases.
Dans les dialogues les constructions avec les verbes parler et penser jouent le rôle
des intermédiaires. Dans les contextes en question les verbes parler e t penser
peuvent remplacer l’un l’autre: la pensée est exprimée avec les mots qui sont
28
précédés par la refléxion. L’essentiel c’est que la signification modale qui est
dominante écarte la sémantique du verbe.
Les dictionnaires traduisent tu parles! par «как бы не так!» et définissent cette
construction comme une réaction négative qui signifie le mépris, la moquerie,
tandis que tu penses! «конечно! еще бы!» a une signification positive, exprime
l’accord et l’approbation. Les constructions avec l’inversion (penses-tu, pensezvous! «да что ты! да что вы!») mettent en question la vérité des informations
présentées par l’interlocuteur et ont le sens négatif.
Grâce à leurs formes brèves et les contextes pareils les constructions en question
inluencent l’une l’autre et reçoivent des significations qui ne leur sont pas propres
en général. Alors, tu parles! dans certains contextes reçoit une signification
positive et tu penses! reçoit des nuances de sens négatifs sous l’influence de tu
parles! et grâce à la confusion avec penses-tu!. Сe ne sont que penses-tu! et tu n’y
penses pas! qui gardent leur sens négatif invariable grâce à leur forme particulière
(interrogative dans un cas, négative dans l’autre).
Mais en quoi consiste l’effet expressif de ces constructions ? En général les verbes
parler et penser réalisent en discours leurs deux valences, la gauche et la droite
(penser à, de, penser faire, parler à, de).
Dans les propositions émotives
l’univalence qui n’est pas propre à ces verbes (ou la perte de la bivalence
obligatoire) en combinaison avec une intonation émotive crée une nouvelle unité
de sens et de structure. Les répliques tu parles ! et tu penses ! ne sont pas
informatives, c’est pourquoi elles modifient bien facilement leur interprétation et
deviennent une formule exprimant un fort désaccord ou une forte approbation.
Etant les répliques autonomes, ces structures peuvent être considérées comme une
réaction appréciative aux paroles de l’interlocuteur (Ушакова 128-132).
Selon A. Guérmanovitch qui a fait une analyse de propositions interjectives dans la
littérature russe, seule l’interjection peut souvent transmettre et déceler toutes les
émotions du locuteur (Германович: 33-34). Les interjections jouent vraiment un
29
grand rôle en créant la tonalité des textes littéraires, c’est pourquoi le problème de
traduction des interjections nous semble vraiment important.
§5 La traduction des interjections.
Le problème de la traduction des interjections d'une langue vers une autre est peu
étudié dans les travaux des théoriciens connus de la traduction, ce qui est bien
étonnant. L'absence d’une base théorique dévéloppée concernant cette question
exerce naturellement une influence négative sur la qualité de la traduction de toute
oeuvre littéraire, puisque les interjections possèdent un grand potentiel langagier.
Dans une situation concrète du discours, à l'aide des interjections on peut réaliser la
communication de manière autonome, c'est pourquoi l'ignorance des interjections,
des règles de leur fonctionnement dans une langue étrangère peut causer
l’impossibilité de comprendre le locuteur natif quand il emploie isolément une telle
ou telle interjection. Les difficultés, auxquelles se heurte l'interprète en traduisant
les interjections d'une langue vers une autre, ne sont pas toujours causées par
l’absence de base théorique concernant cette question dans la théorie de la
traduction et la présentation lexicographique des interjections.
Ainsi, A. Fiodorov écrivait que la traduction de qualité consiste en transmission
d’un lien spécifique entre le contenu et la forme qui existe dans la langue source
par la reproduction des particularités de la forme (si c'est possible dans la langue
cible), sinon il faut créer des conformités fonctionnelles. Cela suppose l'utilisation
de tels moyens de la langue, qui ne coïncident pas souvent en ce qui concerne leur
caractère formel avec les éléments de la source, mais, ne violent pas les normes de
la langue cible. Ces moyens auraient donc la fonction expressive analogique dans
le système (Фёдоров: 114).
En traduction, la fonction de l'unité séparée du texte de la langue cible présente
pour nous une signification dans le contexte défini.
30
Le problème de la transmission des interjections et des formations interjectives
d'une langue vers une autre semble peu étudié. Selon nos observations, les
interjections se trouvent souvent en dehors de l'attention de l'interprète. Il existe
une sorte de sous-estimation du rôle des interjections dans la traduction ce qui est
tout à fait injustifié, puisque les fonctions des interjections dans le discours sont
très diverses et importantes.
Il faut noter que dans la langue cible il y a dans la plupart des cas des correlations
régulières pour les interjections de la langue source. Cependant l’objectif de
l'interprète se complique par le fait de la présence de ces conformités dans les
langues qui entrent en contact pendant la traduction n’assure pas obligatoirement
leur préservation, puisque les interjections dans le système de la langue (comme les
unités lexicographiques) peuvent avoir d’autres propriétés qu’à l’oral. Dans le
discours les formations interjectives sont considérablement plus nombreuses, et les
significations qu’elles transmettent sont plus diverses que celles fixées dans les
dictionnaires. En outre, il est vraiment important de comprendre correctement
l'intonation avec laquelle on prononce une interjection dans une situation concrète,
puisque c’est l'intonation qui définit le plus souvent le contenu sémantique de
l'interjection. C'est pourquoi pour garantir l'adéquation complète dans la traduction
des interjections il est nécessaire de distinguer leurs variantes dans la langue
source, ainsi que dans la langue cible.
Dans la traduction d'une langue vers une autre des interjections et des formations
interjectives il faut aussi prendre en considération que les interjections
sémantiquement proches peuvent différer considérablement de leurs utilisations
stylistiques.
Plusieurs chercheurs notent que les interjections se caractérisent par un lien étroit
entre leur sémantique et la tradition nationale et culturelle et l'histoire du peuple –
locuteur natif de toute langue. Par exemple, il est intéressant de noter que dans la
traduction du russe vers l’ossète il est important de savoir que dans la langue ossète
31
on distingue les interjections et les formations interjectives utilisées principalement
par les hommes ou par les femmes (Парсиева: 62).
Parfois une mauvaise traduction peut empêcher les lecteurs de comprendre
l'humeur d’un personnage. Et dans les cas où l'interjection est transmise vers la
langue cible par la translitération, la sémantique du texte est souvent déformée,
ainsi que le style de la narration, il y a aussi une sensation de "l'infériorité" de la
langue cible et une compréhension incorrecte du comportement émotionnel du
personnage (ibidem: 64-65).
Сertaines interjections se trouvent généralement en postposition et d’autres
interjections au contraire sont presque toujours en préposition. Placée en
préposition l'interjection anticipe la proposition explicative, et placée en
postposition- elle accentue le comportement émotionnel du sujet, le reprend de
manière brève et expressive, mais sous la forme unie (Костомаров: 81).
Dans la langue cible on distingue les équivalents, les analogues ou les
remplacements adéquats des unités interjectives de la langue source. Il faut traiter
comme équivalent la conformité constante ayant le même sens, qui en temps défini
et en position définie ne dépend plus du contexte. L'analogue est un résultat de la
traduction par analogie par le choix d'un synonyme parmi quelques synonymes
possibles. On choisit le remplacement adéquat, quand pour la transmission exacte
de l'idée l'interprète doit chercher une solition du problème à partir de l'entier: du
contenu, de la tendance idéologique et du style de l'original. Mais dans le
remplacement adéquat fondé sur la prise en compte de la coopération de tous les
32
éléments de l'original, il peut y avoir aussi des régularités connues 5 (Рецкер: 157158).
Ainsi, la révélation des différences et des conformités, des ressemblances
régulières des interjections des deux langues contribue au dévéloppement des
méthodes adéquates de la transmission des interjections et des formations
interjectives d'une langue vers une autre, la mise en relief des équivalents, des
analogues et des remplacements adéquats des unités de la langue source par les
moyens de la langue cible.
Le contenu sémantique et stylistique des interjections dans le discours, dans le
contexte de l'oeuvre littéraire est tellement important que l'ignorance de la
transmission des interjections vers la langue cible déforme la proposition traduite
ou même l’alinéa.
De tout ce qui a été dit on peut conclure que pour la traduction adéquate des
interjections le traducteur doit prendre en considération le plus large contexte et
les particularités nationales de l'utilisation des interjections.
Donc, que peut faire le traducteur avec les interjections qu’il rencontre dans le
texte? Certes, ses conseillers principaux sont les dictionnaires bilingues, cependant
les conformités proposées par les dictionnaires ne peuvent pas toujours être
utilisées comme les universels déjà prêts pour la transmission des interjections
5 «Эквивалентом
следует считать постоянное равнозначащее соответствие,
которое для определенного времени и места уже не зависит от контекста.
Аналог - это результат перевода по аналогии посредством выбора одного из
нескольких возможных синонимов. К адекватной замене прибегают, когда для
точной передачи мысли переводчик должен искать решение задачи, исходя из
целого: из содержания, идейной направленности и стиля подлинника. Но и в
адекватной замене, основанной на учете взаимодействия всех элементов
подлинника, могут быть известные закономерности» (Рецкер: 157-158).
33
vers la langue cible, puisque le contenu sémantique de l'interjection peut varier en
fonction d’une situation de discours.
Il semble impossible de proposer dans le dictionnaire une variante unique de la
traduction, puisque l'interjection a beaucoup de variantes sémantiques et
pragmatiques. Les facteurs importants pour la définition de la valeur de
l'interjection, tels que la sonorité spécifique et l'intonation, ne sont pas fixés dans
les dictionnaires.
On peut distinguer diverses nuances des manifestations émotionnelles transmises
par n'importe quelle interjection, en connaissant seulement la situation concrète du
discours.
La complexité de la présentation lexicographique des interjections est due à la
spécificité de leurs significations, qui ne peut pas être décrite par le moyen
ordinaire employé pour les autres mots de la langue, puisque les interjections
expriment directement l’opinion subjective et sensuelle sur la réalité, sans la
nommer. Il est important de prendre en compte l'intonation, la mimique, les gestes
pour comprendre la sémantique des interjections. Сes informations ne figurent pas
dans les dictionnaires, malgré leur importance. Si un jour ces phénomènes entrent
dans les dictionnaires, cela contribuera à la définition plus compexe des
interjections et facilitera considérablement le travail des traducteurs sur la
transmission des interjections d'une langue vers une autre (Парсиева: 78).
Ainsi, nous faisons une conclusion que le traducteur doit essayer d’imaginer la
situation en détail, la dessiner dans l'imagination, "voir" la mimique et "entendre"
l'intonation des personnages.
34
Chapitre 2.
Comme nous avons déjà dit, parmi tous les moyens de la langue qui servent à
exprimer les émotions ce sont les interjections qui nous intéressent
particulièrement. Dans ce chapitre nous allons essayer de comparer les phrases
avec les interjections tirées des textes français avec leurs traductions vers le russe.
Le critère principal de comparaison sera le degré d’émotionnel qui dépend
beaucoup du moyen de traduction, comme nous allons le voir.
Le chapitre comprend l’analyse détaillé des exemples avec les interjections
primaires et ensuite secondaires.
§1 Les interjections primaires.
35
Dans les textes que nous avons analysés nous avons remarqué que les auteurs
utilisent plus souvent les interjections primaires que secondaires pour transmettre
les émotions des personnages. Сependant, nous n’avons pas remarqué de grande
diversité d’interjections secondaires, leur liste se résume à Oh, Ah, Eh.
Toutes ces interjections se sont montrées «diffuses», c’est-à-dire, elles peuvent
participer à la formation de la réaction positive ainsi que négative. Meme après
avoir constaté ce fait, nous avons décidé d’analyser les exemples en les divisant en
deux groupes: 1) les exemples où l’interjection primaire participe à la formation
d’une émotion positive, 2) ceux où l’interjection primaire participe à la formation
d’une émotion négative.
Dans chaque groupe nous avons noté trois tendances principales de la
traduction des interjections:
1. l'interjection primaire est traduite par l'interjection primaire ;
2. l'interjection primaire est omise;
3. l'interjection primaire est traduite par l'interjection secondaire ou un mot/
une combinaison de mots autre qu’interjection.
1. L’interjection primaire participe à la formation d’une émotion positive.
A. L'interjection primaire est traduite par l'interjection primaire.
Voilà les exemples où l’interjection française est traduite par l’interjection
analogue russe. Dans le premier exemple il s’agit d’une surprise agréable
qu’éprouve le personnage:
(1)-Vous savez, j'ai une cheminée !
-Pardon ? Ah ! Oh ! C'est vous. . . Bonjour mademoiselle. Triste temps, n'est-ce
pas ? (G.En:102)
- Знаете, у меня появился камин!
36
- Что, простите? А… Ох, это вы! Здравствуйте, мадемуазель. Унылая
погода, не правда ли? (Г. Пр:31)
Dans l’exemple suivant le personnage est content d’avoir le résultat qu’il attendait:
(2)- Il a avoué ! hurlèrent Turandot et Gridoux.
- Ah ! tu avoues ! dit Gabriel d’une voix forte.
- Pardon ! cria Trouscaillon, pardon ! (Zaz :70)
- Он признался! - заорали Турандот и Подшаффэ.
- А! Ты признался! - громко сказал Габриель.
- Простите! - кричал Хватьзазад.- Извините! (Заз:74)
Là le personnage est soulagé et reconnaissant:
(3)-Ah! Merci, merci, docteur! soupira Carole. Nous vous devons une telle
reconnaissance, à vous et au Dr. Maupel! (Eyg: 181)
- Ах, спасибо, спасибо вам, доктор! — вздохнула Кароль. — Мы так
благодарны и вам и доктору Мопелю! (Эгл:133)
Mais il y a les cas où Oh est traduit par Ах et au contraire:
(4) Il agita les mains. C'était : Piou, piou. . . Oh, les petits oiseaux et les jolis
papillons ! Piou, piou qu'ils sont mignons. . . (G.En : 361)
Он начал бурно жестикулировать.
- А вот так: фью, фью… Ах, маленькие птички, ох, прелестные бабочки!
Фью, фью, боже, какие миленькие… (Г.Пр: 116)
Le traducteur introduit deux interjections dans le texte et, probablement, pour
augmenter l’effet et pour diversifier le texte il emploie deux formes différents.
Ne trouvant pas d’explications pour certaines variantes de traduction, nous avons
consulté le dictionnaire de la langue russe de S. Ozhégov. Voilà ce que nous avons
trouvé:
37
АХ- interjection. Exprime la surprise, la peur et d’autres émotions.
А (peut être prononcé avec une longueur différente), interjection. Exprime l’ennui,
l’amertume, mais aussi la surprise, la mauvaise joie et d’autres émotions pareilles.
ОХ – interjection. Exprime le regret, la tristesse, la douleur et d’autres émotions.
O – interjection. Exprime un sentiment fort6 (Толковый словарь…).
Comme nous le voyons bien, le dictionnaire de définitions n’aide pas à résoudre le
problème de la traduction des interjections primaires, сar les explications comme
«et d’autres émotions» et «un sentiment fort» sont très vagues.
Ensuite nous avons consulté le dictionnaire anglo-russe des interjections (le
dictionnaire franco-russe des interjections n’existe pas, autant que nous le
sachions). D’après ce dictionnaire, l’interjection russe Ах peut vraiment exprimer
presque toutes les émotions possibles, ainsi que Ох (Русско-английский…: 38,
249).
Alors, nous avons conclu que ces interjections peuvent se substituer sans déformer
le sens et le traducteur compte premièrement sur son expérience linguistique.
Plusieurs chercheurs se posaient la question : comment les locuteurs natifs
perçoivent et comprennent les interjections et comment ils choisissent une
interjection pour exprimer une telle ou telle émotion. Le linguiste russe M.
Pouzikov a fait plusieurs épreuves. L’objectif de sa première épreuve était de
comprendre comment les locuteurs natifs perçoivent les interjections hors contexte,
6АХ.
1.межд. Выражает удивление, восхищение, испуг и другие чувства.
А3 [произносится с различной степенью длительности], межд. Выражает
досаду, горечь, а также удивление, злорадство и другие подобные чувства.
ОХ. 1. межд. Выражает сожаление, печаль, боль и другие чувства.
О2, межд. 1. Выражает какое-н. сильное чувство. (Толковый словарь…)
38
quelles caractéristiques des interjections
(structurelles ou sémantiques) ils
prennent en compte pour les classifier. L’objectif facultatif était de voir si les
locuteurs natifs distinguent les interjections des formules d’étiquette et d’autres
mots. Les personnes soumises à l’épreuve se sont vu proposer la liste de 40
interjections et mots traités traditionnellement d’interjections (les interjections
avaient été choisies de sorte que la liste comprenne les interjections de plusieurs
types). Сitons quelques-unes: Уф, Боже мой, Стоп , Увы, Ах, Ба, Брр, Супер,
Хорошенькое дело, Блин (Ouf, Mon Dieu, Stop, Hélas, Ah, Ba, Brr, Super, La
belle affaire, Merde).
Les personnes soumises à l’épreuve devaient les diviser en groupes selon
n’importe quelles caractéristiques. Le nombre de groupes et de mots dans chaque
groupe n’était pas fixé. Le temps n’était pas non plus limité.
Tout d’abord le chercheur a noté que la liste n’a pas causé de difficultés aux
personnes soumises à l’épreuve, c’est-à-dire pour elles même hors contexte les
mots proposés avaient des caractéristiques plus ou moins définies auxquelles il
était possible de s’appuyer en procédant à la classification. Après la fin de
l’épreuve le chercheur a compté combien de personnes ont mis chaque mot dans un
groupe avec les autres mots et ensuite il a essayé de comprendre quelles
caractéristiques des interjections étaient les plus importantes pour les personnes
soumises à l’épreuve en création de groupes.
Le chercheur souligne l’importance du fait que les personnes soumises à l’épreuve
distinguaient conséquemment les interjections émotives ce qui prouve la logique
de distinguer les interjections comme une classe de mots autonome en se basant sur
leur fonction émotive.
Les résultats de l’épreuve montrent que dans la conscience des locuteurs natifs les
interjections primaires ont plus de liens avec d’autres interjections que les
interjections secondaires, alors ce sont les primaires (un nombre défini de
primaires plus exactement) qui ont le rôle des interjections de base. Et c’est par
39
leur médiation que les locuteurs natifs ont l’accès à toutes les interjections de leur
langue. Les interjections primaires sont plus étroitement interliées dans la
conscience des locuteurs natifs (Пузиков: 11-12).
Alors, nous pouvons conclure que la traduction des interjections dans les exemples
(1-3) et la traduction analogue dans les autres exemples qui suivent est adéquate.
Notons aussi la tendance d’unifier l’interjection et la proposition qui suit en
traduction vers le russe. Mais si le point d’exclamation est gardé à la fin de cette
nouvelle proposition, cela n’entraine pas la perte d’expressivité. Nous pouvons
supposer que dans la culture linguistique française les interjections jouent un rôle
plus important, c’est pourquoi elles sont accentuées par un point d’exclamation.
B. L'interjection primaire est omise.
Ne sont pas rares les exemples où l’interjection primaire est omise. Dans l’exemple
qui suit l’interjection exprime une protestation joyeuse:
(5)- J ’aime la pluie sur la figure!
- Et tes cheveux, Francoise? dit Carole avec reproche.
- Oh! mes cheveux, je m’en moque! (Eyg: 97)
- Я люблю, когда дождь бьет в лицо!
- Ну хоть волосы чем-нибудь прикрой, Франсуаза! — посоветовала Кароль.
- А что с ними сделается, с моими волосами! (Эгл: 65)
Dans l’exemple suivant le personnage est ravi :
(6)Christophe fut ébloui. Voir son nom, ce beau titre, ce gros cahier, son oeuvre!…
Il continuait de balbutier :
– Oh ! grand-père ! grand-père !… (JC1: 96)
Кристоф не верил своим глазам. Его имя на обложке, пышное заглавие,
толстая тетрадь – его собственные сочинения!.. Он только растерянно
повторял:
– Дедушка! Дедушка! (ЖК1: 46)
40
Là le personnage est étonné, mais c’est une bonne surprise:
(7)-T’es où maintenant ?
- Dans le dixième.
- Ah ! c’est marrant moi aussi. (G.JV: 119)
- И где ты теперь живешь?
- В десятом округе.
- Ну надо же, я тоже. (Г.М)
Nous ne pouvons pas expliquer ce moyen de traduction, car, selon nous, l’omission
des interjections entraîne la déformation de l’image d’un personnage. Ainsi dans
l’exemple (6) tiré du livre Jean-Christophe de R. Rolland, le discours du
personnage principal, Christophe, se caractérise évidemment par l’abondance
d’interjections primaires Oh, Ah. Alors, en omettant ces interjections le traducteur
risque de déformer le spontané de la réaction du personnage.
C. L'interjection primaire est traduite par l'interjection secondaire ou un mot/
une combinaison de mots autre qu’interjection.
Сette traduction est la plus inattendue, car comme nous avons déjà dit la traduction
d e Oh, Ah par les interjections russes analogues est très appropriée. Peut-être, le
traducteur a senti que ces interjections-là demandent une explication. En tous cas,
nous pouvons voir des interjections secondaires dites religieuses (voir page 64)
comme traduction :
(8) Ah ! que c'était bon de rire! Que c'était bon. . . (G.En : 450)
Господи! До чего же это здорово - смеяться! До чего здорово…(Г.Пр: 145)
(9) Ces masses de couleurs, la brutalité des contrastes, l'incohérence
des perspectives. . . Oh ! comme il avait du s'amuser ce jour-là ! (G.En : 270)
41
Какое богатство цвета, какие резкие контрасты и противоречивость
перспектив… Боже, как он, должно быть, забавлялся в тот день! (Г.Пр: 86)
Dans les deux cas les personnages éprouvent de la joie.
Cependant, ce moyen de traduction peut etre « risqué », puisque les interjections
religieuses (nom de Dieu, nom de diable) présentent une vive caractéristique du
personnage. C’est que certaines personnes ont l’habitude d’utiliser le nom de Dieu
pour exprimer leur émotions, certaines choisissent le nom de diable. Cela dépend,
selon nous, de l’éducation et du caractère de l’individu. Alors pour comprendre si
c’est possible de traduire une interjection primaire par Боже, Черт, etc, il faut
vérifier si le personnage a l’habitude d’utiliser ces interjections religieuses, si oui –
lesquelles.
Donnons quelques exemples avec d’autres interjections secondaires :
(10) – Mon petit vieux, lui répondit Gabriel, mêle-toi de tes cipolles. She knows
why and she bothers me quite a lot.
– O h ! mais, s’écria Zazie, voilà maintenant que tu sais parler les langues
forestières. (Zaz: 37)
- Послушай, старик,- сказал ему Габриель. - Не суй свой нос в чужие дела.
She knows why and she bothers me quite a lot.
- Вот это да! - воскликнула Зази.- Теперь ты что, по-заграничному
заговорил?! (Заз: 38)
(11)- Mais je n'ai pas de cheminée, hélas. .
- Hé ! Tout le monde n'a pas la chance d'avoir un cottage à Paris. . . (G.En : 119)
- Увы, у меня камина нет…
- Неважно! Не всем повезло заиметь коттедж в Париже… (Г.Пр: 38)
(12)- Non, c'est. . . C'est trop d'honneur !
42
- Ah ! s'amusait-elle, c'est trop d'honneur. . . (G.En : 103)
- Нет, это… Это слишком большая честь для меня!
- Вот как! - Она развеселилась. - Значит, слишком большая честь… (Г.Пр:
32)
Comme nous l’avons déjà dit, les interjections Ох, Ах peuvent transmettre toute
une gamme de sentiments et leur traduction par les interjections secondaires
permet de nuancer le sens. Ainsi, dans l’exemple (10) Вот это да! marque
clairement une bonne surprise, alors que Неважно! (11) explique le sens de
l’interjection Hé dans ce contexte-là: le désir d’encourager son interlocuteur.
Pour résumer tout ce que nous avons dit, soulignons encore une fois que:
1) la traduction des interjections primaires par les interjections primaires est un
moyen de traduction adéquat qui n’entraîne pas le risque de déformer le
sens ;
2) l’omission des interjections est injustifiée, selon nous ;
3) comme les interjections primaires sont capables de transmettre toute une
gamme d’émotions, leur traduction par un mot autre qu’interjection est
possible si ce mot explique leur sens, mais n’ajoute pas d’idées
supplémentaires.
2. Les interjections primaires qui sont utilisées pour transmettre des
émotions négatives.
A. l'interjection primaire est traduite par l'interjection primaire.
Dans le premier exemple le personnage est indigné par le fait que l’autre a éteint la
musique:
(13)- T'as connu beaucoup de filles ?
- Ça veut dire quoi, connaitre ?
- Hé ! Pourquoi tu l'enlèves ? (G.En :286)
43
- Ты знал много девушек?
- Что значит знал?
- Эй! Зачем выключил музыку? (Г.Пр: 92)
Le personage est très confus et gené:
(14)- Un problème ? demanda-t-elle.
- Ah ! Oh ! Euh ! Pardon ! (Il se tordait les mains.) Bonsoir mademoiselle,
pardonnez-moi de euh. . . de vous importuner, je. . . Je vous importune, n'est-ce pas?
(G.En : 37 )
- Что -то не так? - спросила она.
- Ах! Ох! Э-э-э! Извините! - Он в отчаянии заламывал руки. - Добрый вечер,
мадемуазель, простите, что я… э-э… вам докучаю, я… Я ведь вам докучаю?
(Г.Пр: 11)
Le personnаge est déçu par son ignorance de la grammaire:
(15)- J’énonçai, dit enfin Trouscaillon. Ah ! la grammaire c’est pas mon fort. Et
c’est ça qui m’en a joué des tours. Passons. (Zaz: 67)
- Вопрос,- наконец согласился Хватьзазад.- Ах, эта грамматика! Я в ней не
силен. (Заз: 69)
Le personage est aussi déçu, mais c’est pour son interlocuteur:
(16)- J ’ai un examen demain matin.
- Evidemment tu n’y es pas préparé?
- Non...
- Et ta licence de lettres?
- J ’y ai renoncé.
- Oh! Jcan-Marc! Quel dommage! (Eyg : 151)
- Завтра коллоквиум по практическим работам.
44
- И ты, конечно, не готов?
- Нет…
- А филология?
- Я ее бросил.
- О, Жан-Марк, это обидно! (Эгл: 109)
Celui qui prononce l’interjection est indigné, voire scandalisé:
(17)- Ah ! Et vous trouvez honorable d'affirmer sans vergogne que vous êtes la
dernière des imbéciles ?
- Je ne pense pas que je sois si bête. (N.ST: 18)
- А! И вы находите достойным уважения бесстыдно утверждать, что вы
последняя дурочка?
- Я не думаю, что так уж глупа. (Н.ДО: 16)
Alors, ce moyen de traduction nous semble le plus évident et n’entraînant pas le
risque d’altérer le niveau de l’émotionnel.
Сependant, ne sont pas rares les cas où les traducteurs choisissent les moyens de
traduction plus originaux.
B. l’interjection primaire est omise.
Notons tout d’abord que les exemples où l’interjection primaire exprimant des
sentiments négatifs est omise sont vraiment rares. Nous pouvons conclure que les
émotions négatives sont souvent plus importantes pour la caractéristique des
personnages.
Сitons des exemples:
45
(18)- Oh ! tu me fais chier. . . Allez. . . Va faire coucouche dans ton panier. . .
(G.En : 238)
- Ты меня достала! Давай… Отправляйся баиньки в свою норку… (Г.Пр: 76)
Dans l’exemple cité le personnage est irrité. Dans le cas suivant le personnage
éprouve un étonnement mêlé au dégoût:
(19) Elle est repartie et je me suis rassis.J’ai passé le reste de la nuit à rêvasser en
lissant son petit mot sur ma cuisse. Rien de très sulfureux, tu vois...
— Oh ! quand même... C’était votre cuisse...
— Que tu es bête, ma fille. (G.Je : 109)
Она ушла, а я снова сел. Провел остаток ночи в мечтах, положил на колено
ее записку и разглаживал ее. Ничего скабрезного, как видишь…
— Разве что ваше колено?
— Какая же ты дурочка. (Г.Л)
Nous voyons que l’interjection est omise, mais le traducteur transforme la phrase
émotive en interrogative. On est loin de parler de tendance, mais avec les
interjections secondaires c’est bien le cas (voir la page 59 ).
Le personage peut être étonné, voire choqué:
(20) Vous êtes pas content avec ça ? Eh bien, allez vous faire voir par les
Marocains.
– Oh ! fit Trouscaillon choqué. (Zaz: 44)
И вы еще чем-то недовольны? В таком случае, шли бы вы кудап подальше,
туда, где эти, как их, раки ночуют.
Хватьзазад был шокирован. (Заз: 47)
En résumant la situation nous pouvons dire que l’omission des interjections nous
semble injustifiée. Toutefois, dans les exemples cités les émotions sont exprimées
46
par d’autres moyens lexicaux (достала- 1 8 , шокирован -20). Mais les
interjections, selon nous, sont les moyens plus expressifs pour renforcer l’irritation
et l’indignation.
C. L'interjection primaire est traduite par l'interjection secondaire ou un mot/
une combinaison de mots autre qu’interjection.
Si en parlant de cette tendance dans le contexte des interjections qui expriment un
sentiment positif, nous n’avons remarqué que les nuances de sens, dans ce groupe
nous voyons l’affaiblissement et le renforcement de l’émotionnel.
Commençons par les exemples où, selon nous, le caractère émotionnel de
l’énonciation est affaibli à cause d’un moyen de traduction pas approprié.
(21)Ta mère m’a appelée, ma mère m’a appelée… Tu parles d’une matinée.
- Eh nan ! désolé… c’est pas pour cette fois ! Faudra attendre encore un peu
pourte débarrasser de ma mère. (G.JV : 65)
Твоя мать мне звонила, моя звонила… То еще выдалось утро.
- Милая, мне так жаль! Но на этот раз все обошлось… Еще немножко тебе
придется потерпеть мою матушку. (Г.М)
La formule d’appel «милая» nous semble un supplément inadmissible ce qui ne
rend pas la traduction adéquate et dans ce cas-là entraîne la perte de l’émotionnel,
car la situation est très tendue, les personnages sont nerveux (ce qui est transmis
surtout à l’aide de l’interjection). Сomme variante de traduction nous pouvons
proposer l’interjection Ну уж нет! qui, d’après nous, transmet bien l’idée de
protestation.
(22 )J’ai défait ma montre et je l’ai posée sur ma table de nuit. Le paquet
Christian Dior était posé à côté comme si de rien n’était. Aaahhh ! ! ! mes
chéries… (G.JV :115)
47
Я снял часы и положил их на тумбочку рядом с кроватью. Диоровский
пакетик с подарком для Сары лежал в ящике - словно никогда его и не
покидал. Эх вы, мои дорогие…(Г.М)
Dans cet extrait le sentiment de tristesse et de regret est transmis surtout
graphiquement ce qui n’est pas reflété dans la traduction.
Dans l’exemple suivant l’interjection émotionnelle est traduite par l’interjection
cognitive (qui exprime l’état des pensées du personnage):
(23)- Je suis venu reconduire une enfant perdue à ses parents.
- Vous allez finir par me le faire croire.
- Et ça m’a attiré bien des ennuis.
- Oh ! dit Gridoux, pas bien graves. (Zaz: 32)
- Отвел заблудившуюся девочку домой к родственникам.
- В конце концов вы заставите меня в это поверить.
- И я дорого за это заплатил.
- Мг! Не так уж и дорого,- сказал Подшаффэ. (Заз: 33)
Selon nous, Oh exprime l’indignation et une sorte de protestation, mais Мг n’a rien
à voir avec les émotions.
Dans le cas suivant l’interjection émotionnelle est traduite par la paranthèse
Знаешь (вводное слово) (Толковый словарь…):
(24) - Puisque je te dis que je les ai en mains. Faut en profiter. Tiens, par
egzemple, où tu les emmènes dîner ?
- Ah ! c’est qu’on les soigne. Ils ont droit au Buisson d’Argent. Mais c’est payé
directement par l’agence. (Zaz: 49)
- Я же тебе сказал: что скажу - то они и сделают. Надо этим
воспользоваться. Вот, кстати, куда ты их везешь ужинать?
48
- Знаешь, с ними так цацкаются! Они ужинают в "Серебряных кустах", ни
больше ни меньше! Но платит за это непосредственно туристическое
агентство. (Заз: 52)
Nous pensons que ce mot ne transmet pas, lui non plus, d’émotions (l’indignation
dans cet exemple-là).
Citons les exemples où l’émotionnel est renforcé.
(25)- C’est ta nièce… ta putain, de nièce…
- Ah ! attention, s’écrie Gabriel en retirant sa main pour la lever au ciel, ma nièce
c’est ma nièce. (Zaz: 36)
- Это все из-за твоей племянницы... Чтоб она!..
- Эй, ты! Потише! - воскликнул Габриель, отдернул руку и воздел ее к небу.В конце концов это моя племянница. (Заз: 38)
Là le personnage indigné est prêt à battre son interlocuteur, ce qui est bien exprimé
à l’aide de Эй, ты! qui souligne la menace.
Dans les deux exemples suivants les personnages sont indignés, voire scandalisés
par le comportement d’un autre personnage et par toute la situation:
(26)- E t puis elle est jolie! dit Daniel.
- Oh! Jolie! grogna Jcan-Marc. Elle fait surtout beaucoup de manières pour le
paraître! Enlève le maquillage, il ne restera rien! (Eyg: 49)
- К тому же она красивая! — добавил Даниэль.
- Подумаешь! — проворчал Жан-Марк. — Во всяком случае, не настолько,
как она воображает! Смой с нее косметику, ничего не останется! (Эгл: 28)
(27) Une grimace méchante le défigura. Maintenant il avait l’ air d ’un gamin de
douze ans qui se rebiffe. Elle eut pitié de lui à en pleurer. Ah! Carole avait fait du
beau travail! Dominant la tendresse qui la gagnait elle dit entre ses dents :
— Tu es un petit salaud! (Eyg: 145)
49
Лицо его стало недобрым и в то же время жалким, а сам он напоминал
злобно огрызающегося мальчишку. Мадлен стало жаль его до слез. Ничего
не скажешь, Кароль неплохо поработала! Заглушая в себе растущую
нежность, которая грозила совсем обезоружить ее, Мадлен процедила:
— Ты просто подлец! (Эгл: 103)
Dans tous ses exemples les variantes de traduction nous semblent bien appropriés
et nuançant les idées et les sentiments mis dans les paroles des personnages par les
auteurs: dans l’exemple (26) - la goujaterie, (27) - une indignation extrême.
Cependant, il y a un exemple où la traduction proposée nous semble superflue:
(28) Eh oh! J'ai pas dit que j'acceptais l'offre. (B99: 48)
– Эй, не гони картину! Я пока еще не согласился! (Б99)
Nous ne pouvons pas expliquer le désir du traducteur d’accentuer le désaccord du
personnage par l’expression idiomatique. Сette expression est évidemment
familière, donc le traducteur qui choisit des variantes pareilles doit être sur que
l’expression n’est pas hors de la stylistique du texte et peut etre utilisée par le
personnage selon son portrait verbal général. Сomme variante nous pouvons
proposer Стоп! Стоп! ou bien Эй! Стоп!
Pour résumer tout ce que nous avons dit, soulignons encore une fois que:
1) là les omissions sont plus rares que dans la traduction des interjections
primaires exprimant des sentiments positifs. En plus, cette omission est
souvent compensée (par le choix des mots dans la phrase, par exemple) ;
2) la traduction des interjections primaires par les interjections primaires reste
toujours le moyen le moins risqué ;
3) les mots autres qu’interjections et les interjections secondaires donnés
comme traduction n’expliquent pas seulement le sens des interjections, mais
affaiblissent ou renforcent l’émotionnel.
50
Pour voir la statistique et prouver encore une fois la véracité des conclusions nous
ajoutons ce tableau de fréquence ou les chiffres désignent le nombre d’exemples
trouvés:
l’interjection primaire l’interjection primaire
participe à la formation participe à la formation
d’une émotion positive
l'interjection primaire est 69
d’une émotion négative
73
traduite par l'interjection
primaire
l'interjection primaire est 25
12
omise
l'interjection primaire est 26
34
traduite par l'interjection
secondaire ou un mot/
une combinaison de mots
autre qu’interjection.
§2 Les interjections secondaires.
Les interjections secondaires que nous avons révélées dans les textes sont plus
variées que les primaires. Nous présentons leur liste complète, les interjections sont
placées dans l’ordre de fréquence:
En bien !
Allons/allez/allons bon !
(Et) voilà !
Quoi!
Tiens!, penses-tu!, ça par exemple!, ça alors!, (et) comment !, tu parles !,
hélas!, zut !
Bon ben alors !, la belle affaire !, mais enfin !
51
Ah bon !, Voyons !, Misère!
Toutes ces interjections aident à former une réaction positive ainsi que négative,
sauf les interjections dont la sémantique les empêche d’avoir le sens positif
(merde !, putain !). En outre, parmi les interjections secondaires nous avons
distingué un groupe que nous avons appelé les interjections religieuses et dont
nous allons parler ensuite. Pour ces raisons nous avons renoncé à la classification
selon le caractère positif ou négatif des émotions, mais nous avons noté quelques
tendances principales dans la traduction des interjections vers le russe :
1. L’interjection secondaire française est traduite par une interjection secondaire
russe ;
2. La traduction se fait par d’autres moyens syntaxiques ou lexicaux ;
3. L’interjection secondaire française est traduite par «Ну» ou par «Ну» plus une
autre partie du discours ;
4. La phrase exclamative contenant une interjection secondaire devienne
interrogative.
Mais avant de passer à l’analyse, nous allons présenter les traductions de certaines
interjections que nous trouvées dans le dictionnaire:
eh bien! – вот оно что! (exprime la surprise, l’ironie, la déception) (Новый
французско-…: 112);
allons! – ну! ну-ка! ну же! довольно! чего уж! хорошо!; allons donc! – полноте!
помилуйте!; allons bon! – вот ещё! (ibidem: 34);
quoi! quoi donc ! hé quoi! – как! (ibidem: 867);
tiens! (exprime la surprise, l’ironie, l’indignation) – a ! как! ну ! ах! вот как! ага!
каково! подумать только! вот те на! (ibidem: 1053);
zut! – чёрт ! вот ещё! подумаешь! (ibidem: 1139).
A.
L’interjection secondaire française est traduite par une interjection
secondaire russe.
52
L’interjection La belle affaire !, par exemple, a plusieurs variantes de traduction,
telles que Милое дело! et Подумаешь! Dans les deux cas il s’agit de l’indignation,
mais il nous semble que dans le premier exemple cette émotion est plus forte :
(29) Qu’est-ce que c’est que ce travail de grouillot dans les caves d’un musée
quand on sait de quoi tu es capable ? C’est du temps perdu. Tu fais quoi ? Des
copies ? Des moulages ? Tu bricoles. La belle affaire ! Jusqu’à quand ? Jusqu’à
la retraite ? Ne me dis pas que tu es heureuse dans ce trou à rats de
fonctionnaires... (G.Je: 93)
Но что это за работа — копаться в музейных подвалах, когда все знают, на
что ты способна? Пустая трата времени. Чем ты, собственно говоря,
занимаешься? Копируешь? Делаешь слепки? Рукодельничаешь. Милое дело!
И сколько это будет продолжаться? До пенсии? Только не говори, что
чувствуешь себя счастливой в этой крысиной дыре…(Г.Л)
(30) Francoise et Daniel viennent avec nous. Si ça te chante...
— Mais il n ’a pas déjeuné, dit Françoise.
— La belle affaire! dit Philippe. (Eyg: 87)
Франсуаза и Даниэль едут с нами. Если ты не возражаешь…
— Но ведь он не завтракал, — вступилась Франсуаза.
— Подумаешь! — сказал Филипп. (Эгл: 58)
L’interjection Tu parles ! est aussi traduite par des interjections russes différentes:
Подумаешь! et Куда там! Les émotions sont, selon nous, tout à fait différentes –
le désir dissimulé de montrer son indifférence par rapport à l’étonnement de son
interlocuteur:
(31)- Qu’est-ce que tu deviens, toi? Père m’a dit qu’il t ’a rencontré, la semaine
dernière, je ne sais où, au théâtre, avec une fort jolie femme!
Jean-Marc haussa les épaules:
53
- Tu parles! J ’étais avec ma belle-mère!
- Ah! c’est donc ça! (Eyg: 85)
-Где ты пропадаешь? Отец говорил, что на прошлой неделе видел тебя,
кажется, в театре с очень красивой женщиной!
Жан-Марк пожал плечами:
- Подумаешь! Это была моя мачеха!
-Ах, вот оно что! (Эгл: 56)
Dans le cas suivant c’est la surprise avec du regret :
(32) - Alors j’étais dérouté. Je m’attendais à travailler avec un vieux monsieur
anglais, un traducteur du cru avec qui Françoise avait minaudé au téléphone,
«Vous allez voir, un vrai gentleman... » Tu parles ! Me voilà, sous pression, décalé
d’une nuit, angoissé, noué, tremblant comme une feuille, et pas le moindre British
à l’horizon. C’était un énorme marché, de quoi faire tourner la maison pendant
plus de deux ans. Je ne sais pas si tu peux t’en rendre compte... (G.Je: 97)
- А то, что я был совершенно сбит с толку. Готовился работать со старым
англичанином, переводчиком из местных — Франсуаза полюбезничала с ним
по телефону и пообещала мне: «Увидите, он настоящий джентльмен…»
Куда там! Вообрази — я прилетел, огромная разница во времени, нервы на
пределе, я волнуюсь, трясусь как осиновый лист — и ни одного тебе
британца на горизонте. Сделка очень важная, обеспечит работой нашу
фирму на два года вперед, если не больше. Не знаю, можешь ли ты все это
понять…(Г.Л)
Nous n’avons rencontré l’interjection Zut! que dans un seul livre, Les Eygletière,
d’Henri Troyat, et cette interjection appartient aux paroles de personnages
différents. La traduction n’est pas la même, parce que Zut ! aide à exprimer toute
une gamme d’émotions – l’ennui :
54
(33)- Nous devrions aller à Lisieux, pour voir la cathédrale que Françoise et moi
ne connaissons pas encore, dit Patrick.
- Ce serait merveilleux! dit Françoise. Elle n ’avait pas achevé sa phrase, que la
pluie frappait aux carreaux.
- Zut! s ’ecria-t-elle. Avec la pluie je n ’ai pas tellement envie de sortir! (Eyg: 61)
- Хорошо бы поехать в Лизье и посмотреть собор, который мы с
Франсуазой еще не видели, — ответил Патрик.
- Это было бы чудесно, — поддержала его Франсуаза.
Не успела она договорить, как дождь забарабанил по оконным стеклам.
-Вот досада, — вскричала Франсуаза. — В дождь неохота вылезать из
дома! (Эгл: 38) ;
la surprise avec du regret :
(34)- Il n ’y a plus de pain pour ce soir.
- Zut! s ’ecria Carole. J’ai completement oublie d’en faire acheter! (Eyg: 97)
- А хлеба-то у нас нет.
- Вот так история! — воскликнула Кароль. — Я совершенно забыла
послать за ним! (Эгл: 65) ;
une mauvaise surprise avec de l’indignation :
(35) - La concièrge vient de me prévenir que la voiture de Mme Gorget empêche la
voiture du copropriétaire de rentrer, dit-elle. Elle demande
qu’on vienne la
déplacer immédiatement!
- Zut! dit Madeleine. Je descends!
Elle prit la clef de contact dans son sac et se précipita dehors. (Eyg: 29)
55
-Только что приходила консьержка и сказала, что машина мадам Горже
загораживает проезд; один из домовладельцев не может въехать во двор.
Он требует, чтобы машину немедленно убрали с дороги!
- Черт! Сейчас спущусь!
Мадлен взяла из сумки ключ и бросилась вниз. (Эгл: 16)
Comme nous avons déjà dit, les exemples sont tirés du même livre traduit par un
traducteur, c’est pourquoi nous sommes loin de faire quelques conclusions en ce
qui concerne l’interjection Zut !, mais ces trois exemples prouvent encore une fois
que chaque interjection peut être choisi pour exprimer plusieurs émotions,
positives ainsi que négatives. Notons que dans l’exemple (35) la traduction est
celle proposée par le dictionnaire. Selon nous, cette traduction est possible dans les
exemples (33-34).
Donnons encore quelques exemples qui montrent que l’interjection secondaire
française est souvent traduite par une interjection secondaire russe.
(36) Il éclata.
- Eh bien! oui, je suis un petit salaud! Et même un grand salaud! Mais je m’en
fous! (Eyg: 145)
- Пусть! — взорвался он. — И даже вполне законченный! А мне плевать!
(Эгл: 103)
L’interjection n’est pas traduite par le moyen que propose le dictionnaire.
Dans les deux exemples suivants les interjections russes sont assez longues, de
trois mots.Cependant, on ne peut pas mettre en doute leur nature interjective, car
ces groupes de mots aident à exprimer ses sentiments sans les nommer
directement:
(37) Des signatures dans un coin : papa, Jean-Marc, Daniel, Carole... Françoise
prit l’autre carte postale, se pencha dessus, fronca les sourcils et brusquement
s’illumina:
56
- Ça, par exemple! dit-elle d'une voix étrange, un peu tremblante. Sais-tu qui
m’écrit? Alexandre Kozlov, mon répétiteur à l’Ecole des Langues Orientales! (Eyg:
61)
В углу теснились подписи: папа, Жан-Марк, Даниэль, Кароль… Франсуаза
взяла вторую открытку, склонилась над нею, наморщив лоб, и вдруг лицо ее
просветлело.
- Вот так чудеса! — Ее голос чуть дрожал. — Знаешь, кто мне пишет?
Александр Козлов, мой преподаватель из Института восточных языков!
(Эгл: 38)
(38) - Mais non, ils vont pas vous mettre dans une maison ! Mais non ! Et pourquoi
que vous dites ça? Ils vont vous soigner et puis voilà ! Dans quelques jours vous
serez chez vous!
- Non. Je sais bien que non. . .
- Ah ! ça par exemple, mais voilà autre chose ! Et pourquoi donc, mon petit
bonhomme? (G.En : 16)
- Боже, конечно, нет! Вовсе нет! Зачем вы так говорите? Они вас подлечат,
только и всего! Через несколько дней будете дома!
- Нет. Я точно знаю, что нет…
- Вот еще новости! И почему, скажите на милость, дорогая моя девочка?
(Г.Пр: 4)
Dans cet exemple nous voyons l’interjection russe Приплыли! qui exprime
l’impossibilité de continuer toute activité :
(39) Ce que femme veut, Dieu le veut. . .
-Qui c'est qui dit ça ?
-La sagesse populaire. . .
-Et voilà ! Ça recommence ! Vous faites chier tous les deux avec vos citations. . .
(G.En :419)
57
Чего хочет женщина, того хочет Бог…
- Кто это сказал?
- Народная мудрость…
- Приплыли! До чего же вы оба мне надоели с вашими цитатами… (Г.Пр:
135)
Selon nous, dans cet extrait nous pouvons voir comment le traducteur perd et en
même temps compense l’expressivité du texte français. Ainsi, la traduction
надоесть pour faire chier n’est pas vraiment appropriée, car faire chier est
beaucoup plus expressif et vulgaire que надоесть. Nous pouvons proposer le
verbe достать (как вы меня достали).Сependant, pour l’interjection Et voilà ! le
traducteur choisit Приплыли!, et non quelques variantes assez neutres comme Ну
вот! Alors, le traducteur a trouvé le moyen d’harmoniser le degré d’expressivité
dans cet extrait, pourtant, nous sommes convaincus qu’il faut faire attention à la
stylistique des mots pour qu’ils ne sonnent pas de manière étrange dans la bouche
de tel ou tel personnage.
Après avoir présenté cette tendance dans la traduction d’interjections, nous
pouvons conclure que:
1) Les solutions prises du dictionnaire ne sont pas nombreuses ;
2) Ce type de traduction est très pertinent, selon nous, cependant le traducteur
qui cherche l’interjection russe la plus appropriée doit contrôler l’aspect
stylistique pour ne pas défigurer le portrait du personnage et ne pas perdre
l’expressivité du texte ce qui rend tout texte “fade”.
B. L’interjection est traduite par d’autres moyens syntaxiques ou lexicaux.
Dans tous les exemples que nous allons présenter l’interjection française n’est pas
simplement omise, mais remplacée par une autre partie du discours.
58
Du point de vue de la morphologie nous pouvons noter que la traduction de
l’interjection par un verbe à l’impératif est assez fréquente. Dans ces exemples-là
celui qui parle veut encourager un autre personnage:
(40) Yvonne n'était pas de cet avis : -Allons ! Il faut vivre ma Paulette ! Il faut
vivre, tout de même ! (G.En : 15)
У Ивонны было другое мнение: - Ну же, Полетта, мужайтесь! Нужно
жить! Все-таки нужно жить! (Г.Пр: 4)
(41) Philippe tourna vers son fils un visage dont l ’expression indulgente le
bouleversa.
- Tu mens, dit-il. C ’est pour la premiere fois que tu as vu des blesses graves?
- Oui.
- Allons! Ça peut arriver a tout le monde. J ’étais comme toi à vingt ans. Mais j’ai
surmonté ce qu’il y avait de trop tendre dans mon caractère. ( Eyg: 46)
Филипп повернулся к сыну, и Жан-Марк был поражен: лицо отца выражало
сочувствие.
- Конечно, хитришь! Ты впервые видел тяжелораненых?
- Да.
- Не переживай, это может случиться с каждым! — добродушно сказал
Филипп. — В двадцать лет я был такой же, как ты. Но я подавил в себе
чрезмерную чувствительность. (Эгл:25)
Là le personnage qui pronoce l’interjection est indigné par les paroles de son
interlocuteur:
(42) - Vous voulez que je lui bousille sa vie et que je la mette en fourrière juste
parce qu'elle a oublié une casserole sur le feu, c'est ça ?
- Voyons ! Tu parles d'elle comme si c'était un chien !
59
- Non, c'est pas d'elle que je parle ! Et vous savez très bien de quoi je parle ! Vous
savez très bien que si je la mets dans un mouroir, elle va pas tenir le choc ! Merde !
Vous avez bien vu la comédie qu'elle nous a fait la dernière fois! (G.En: 133)
- Хотите, чтобы я изуродовал ей жизнь, сдав на живодерню только потому,
что она кастрюльку забыла на огне, да?
- Прекрати! Ты говоришь о ней так, словно она не человек, а собака!
- Да не о ней я говорю, не о ней, и вы прекрасно все понимаете! Сами знаете:
если я помещу ее в дом престарелых, она этого не перенесет! Черт! Забыли,
какой спектакль она устроила в последний раз?! (Г.Пр: 43)
Nous trouvons que dans tous les cas la traduction est pertinente, parce que la
phrase ne perd pas d’expressif et le traducteur n’ajoute pas d’idées
supplémentaires. D’ailleurs, cette substitution nous semble appropriée, car ces
interjections (Allons! Voyons !) remontent aux formes verbales (l’impératif).
Notons que ce ne sont pas les variantes de traduction proposées par le dictionnaire.
L’ interjection est parfois traduite par un substantif :
(43) - Tu as couché avec la femme de l'ambassadeur, c'est ça ?
- Non.
- Avec sa fille ?
- Oui ! Là ! Voilà ! T'es contente ? (G.En : 412)
- Ты спал с женой посла?
- Нет.
- С дочерью?
- Да! С дочерью! Довольна? (Г.Пр: 133)
С’est une sorte de reprise qui aide à accentuer l’idée de la phrase. Cette traduction
est assez originale parce que il y a toujours la possibilité de traduire Voilà! par une
interjection comme Вот так! Так-то!
60
Nous avons aussi trouvé plusieurs exemples où l’ interjection est traduite par la
particule Да placée en tête de la phrase exclamative:
(44) Ils se mirent à jouer. Comme Christophe commençait à se rassurer un peu, le
petit bourgeois tomba en arrêt devant lui, et touchant son habit, il dit :
– Tiens, c’est à moi ! (JC1 : 40)
Потом они затеяли игру. Кристоф уже начал понемножку приходить в себя,
как вдруг маленький барин остановился перед ним, ткнул пальцем в его
курточку и воскликнул:
– Да это моя! (ЖК1: 20)
Dans cet extrait le personage exprime une mauvaise surprise. Dans l’exemple
suivant il s’agit de l’humeur joyeuse :
(45) Sur le chemin du retour, on entendait le chant du merle et la voix intriguée
d’une petite fille qui demandait :
- Mais pourquoi il avait capturé la grand-mère de madame Pécaut, le diable ?
- Tu ne devines pas ?
- Non.
- Parce qu’il était très gourmand, tiens ! (G.Je: 46)
На обратном пути мы слушали пение дрозда, а удивленная маленькая
девочка все спрашивала:
- Но почему дьявол забрал бабушку мадам Пеко?
- Не догадываешься?
- Нет.
- Да потому, что он любил вкусно поесть! (Г.Л)
Dans ce cas- là l’ interjection ne présente pas de phrase indépendante, mais fait
partie d’une phrase exclamative et accentue l’idée de cette phrase. La traduction en
question nous semble bien appropriée.
61
Pour faire un petit bilan, notons que :
1) les interjections qui remontent aux formes verbales (allons, voyons) sont
souvent traduites par les impératifs;
2) les transformations syntaxiques quand l’interjection est traduite par la
particule russe accentuent bien les émotions.
C. L’interjection secondaire française est traduite par «Ну» ou par «Ну» plus
une autre partie du discours.
Сe sont le plus souvent les interjections Allez !(allons !) et Eh bien ! qui sont
traduites de cette manière dans les textes que nous avons vus:
(46)- Baisse le son ou j'appelle les flics.
- Mais ouais, c'est ça, appelle-les et arrete de nous faire chier. Allez ! Casse-toi, je
te dis ! (G.En : 238)
- Сделай потише, или я вызову полицию.
- Давай, вызывай, только отвяжись от нас. Ну! Вали отсюда! (Г.Пр: 75)
Il est évident que le personnage est en colère et s’impatiente déjà. Allez ! transmet
son impatience.
Dans les exemples suivants nous pouvons remarquer de l’étonnement:
(47) - Il y a combien de mètres carrés en tout ?
- Un peu plus de trois cents. . .
- Eh bien ! siffla-t-il, je vais peut-etre vous sembler indiscret, mais vous faites quoi
dans la vie, vous ? (G.En : 167)
- И сколько тут квадратных метров?
- Триста - или чуть больше…
- Ну-ну! - присвистнул врач. - Возможно, я покажусь вам бестактным, но
скажите, чем вы занимаетесь в этой жизни? (Г.Пр: 53)
De la joie avec le sentiment de soulagement:
62
(48) Allons ! je suis sauvé ; devant Bocage au moins tout va bien. Quel imbécile
que ce Bute ! Certes, ce soir je n’ai pas grand désir de braconner. (Imm: 113)
Ну, я спасен! В отношении Бокажа, по крайней мере, благополучно. Что за
болван этот Бют! Разумеется, в этот вечер мне не очень хотелось
браконьерствовать. (Имм: 45)
(49) Daniel s ’accorda le luxe de ne pas repondre immédiatement, s ’approcha de
la table, serra la main de Didier, de Jean-Marc, et annonca négligemment:
- Eh bien! Ça y est!
- Quoi? demanda Jcan-Marc. Reçu?
- Oui, dit Daniel. (Eyg: 197)
Даниэль позволил себе ответить не сразу. Он подошел к их столику, пожал
руку Дидье и Жан-Марку и только тогда небрежно кинул:
- Ну, вот и все!
-Что? — спросил Жан-Марк. — Сдал?
- Сдал. (Эгл: 150)
La traduction nous semble bien pertinente, pour les exemples où le sentiment de
soulagement est exprimé nous pourrions proposer la traduction Наконец! comme
variante.
Notons que dans les deux derniers cas Ну n’est pas une interjection, mais une
particule. Nous avons aussi beaucoup d’exemples où cette particule accompagne
une autre partie du discours.
Voilà l’exemple où Ну accompagne l’interjection secondaire qui aide le personnage
à exprimer son étonnement:
(50) Puis, avisant les chatons du calendrier des Postes:
- Oh, ben ça par exemple ! C'est la Saint-Valentin samedi. Tu le savais, toi ?
(G.En : 511)
63
Она бросила взгляд на календарь с котятами и воскликнула, изображая
удивление:
- Ну надо же! В субботу у нас День Святого Валентина! Ты знал? (Г.Пр:
165)
(51)- J ’ai eu peur que tu ne sois venue a cause de ma lettre!
- Quelle lettre? dit Madeleine en feignant la surprise. Oh! non, penses-tu! Non,
non... (Eyg: 17)
- А я испугалась, что ты приехала из-за моего письма!
- Какого письма? — притворно удивилась Мадлен. — Ах да! Ну что ты!
(Эгл: 8)
Dans ce cas-là l’ interjection secondaire accompagnée par Ну sert à manifester
l’indignation:
(52) Daniel s’était jeté sur lui et l ’embrassait furieusement. Ce gamin était trop
démonstratif! L’éducation de Madeleine! ... A demi étouffé, Philippe protesta:
- Allons, assez! (Eyg: 30)
Даниэль бросился к нему, раскрыв объятия. Мальчишка совершенно не умеет
сдерживать свои чувства! Сразу видно воспитание Мадл ен…
Полузадушенный, Филипп прикрикнул:
- Ну ладно, хватит! (Эгл: 17)
(53)- Tu es toujours amoureux de cette fille?
- Quelle fille? murmura Jean-Marc.
- Je ne sais plus son nom... Cette fille de bonne famille.
- Valérie de Charneray? Penses-tu!
- Ah! Tu me rassures. (Eyg: 128)
- Ты по-прежнему влюблен в эту девушку?
64
У Жан-Марка округлились глаза.
- В какую?
- Не помню, как ее зовут… Ну, та девушка из хорошей семьи.
- Ты о Валерии де Шарнере? Ну что ты!
- Тогда слава Богу! (Эгл: 93)
Ne sont pas rares les exemples qui montrent que l’interjection secondaire peut être
traduite par Ну + une autre particule russe (да, вот, же).
Dans tous les exemples Ну вот! sert à exprimer le reproche avec une nuance de
regret:
(54) Je m’élançai vers elle avec une sorte de rage : Marceline ! Marceline ! –
Allons bon ! qu’ai-je fait ! Ne suffisait-il pas que moi je sois malade ? – Mais
j’étais, je l’ai dit, très faible ; peu s’en fallut que je ne me trouvasse mal à mon
tour. J’ouvris la porte ; j’appelai ; on accourut.(Imm: 19)
Я бросился к ней с каким-то бешенством: "Марселина! Марселина!" — Ну,
вот что я наделал! Разве недостаточно было того, что я болен? Но, как я
сказал, я был очень слаб, и еще немного — я тоже упал бы в обморок. Я
открыл дверь, стал звать; на мой крик прибежали. (Имм: 7)
(55) - Oh, Chloé... Je ne veux pas que tu pleures. Ça me rend malheureux.
- Et voilà ! Encore vous ! Vous êtes incorrigible... (G.Je: 65)
- Ох, Хлоя… Не хочу, чтобы ты плакала. Я чувствую себя несчастным.
- Ну вот! Снова вы о себе! Неисправимый эгоист…(Г.Л)
(56) Franck fit comme si de rien n'était :
- Ben alors ! T'es encore trop couverte, toi ! plaisantait-il en la déshabillant vite
fait. (G.En : 491)
Франк повел себя так, словно ничего не произошло.
65
- Ну вот! Ты снова слишком тепло укуталась! - шутил он, быстро и ловко
раздевая ее. (Г.Пр: 157)
Ну да est choisi pour traduire l’interjection qui sert à exprimer la surprise:
(57) - Comment va Sophie?
- Elle attend un enfant.
- Ça alors! C'est drôle, moi, j'attends un canapé. (B99: 53)
– Как там Софи?
– Ждет ребенка.
– Ну да! Лихо, – а я вот жду сэндвичей. (Б99)
Dans tous les exemples cités les particules да e t вот suivent ну, tandis que la
particule же ne le suit pas dans la phrase, mais est placée après le pronom
interrogatif:
(58) – Mais, dis-je avec une légère impatience, rien ne me montre encore que je
puisse vous parler plus qu’aux autres. Allons ! qu’est-ce que vous avez appris sur
moi ?
– D’abord, vous aviez été malade.
– Mais cela n’a rien de…
– Oh ! c’est déjà très important. (Imm : 82)
- Но ничто еще не доказывает мне, что я мог говорить с вами больше, чем с
другими, — возразил я с легким раздражением. — Ну, что же вы узнали обо
мне?
- Прежде всего, что вы были больны.
- Но в этом нет ничего…
- О, это уже очень важно. (Имм: 32)
Il nous semble que c’est une bonne solution pour accentuer le ton moqueur et
l’irritation du personnage.
66
Pour résumer tout ce que nous venons de dire sur les variantes de la traduction qui
contiennent Ну, notons que dans les cas où cette particule accompagne une
interjection secondaire elle nous semble un élément superflu qui n’ajoute aucune
nuance. Mais ну + да/вот/же joue, d’après nous, un rôle important en ajoutant de
l’expressif.
D. La phrase exclamative contenant une interjection seconadaire devient
interrogative.
Commençons par les cas assez évidents où l’interjection a la forme d’un pronom
interrogatif (quoi, comment).
(59) - Veux-tu arrêter ce truc! dit Madeleine.
- Tu n ’aimes pas?
- Ça m ’empêche de réfléchir.
Daniel fit un oeil étonné :
- C’est drôle! Moi, au contraire, ça m’aide. Je travaille toujours en musique.
- Ça ne donne pas de si bons résultats!
- Quoi! Je suis dans la moyenne! (Eyg: 21)
- Выключи, пожалуйста, эту штуку! — сказала Мадлен.
- Тебе не нравится?
- Она мешает мне сосредоточиться.
Даниэль удивился.
- Чудно! А мне, наоборот, помогает. Я всегда занимаюсь под музыку.
- Не такой уж блестящий от этого результат!
- А что? Я не хуже других! (Эгл: 11)
Rappelons encore une fois que les interjections sont une catégorie des mots
invariables qui n’ont pas de caractéristiques grammaticales spécifiques, mais ont
une fonction expressive, celle d’exprimer les sentiments et la volonté (Словарь
лингвистических…: 217).
67
Alors, dans ce cas-là elles ne sont pas à confondre avec les pronoms interrogatifs.
Dans cet exemple Quoi! contienne la surprise mêlée avec l’indignation du
personnage qui est vexé par son interlocuteur. Mais dans le texte russe le mot Что
est un pronom interrogatif qui forme une phrase indépendante.
Dans les deux exemples suivants Quoi! aide à exprimer une grande surprise:
(60) - Comment tu as retrouvé mon numéro ?
- Par ton père.
- Quoi ! (G.JV: 92)
- Как ты узнала мой телефон?
- У твоего отца.
- Что? (Г.М)
Mais dans ce cas-là le traducteur a intégré le mot что dans la phrase interrogative
où il joue le rôle de la particule qui accentue l’émotion (étonnement) du
personnage:
(61) Et pourquoi tu nous l’as pas présentée ? Quoi ! T’as peur qu’on la fasse fuir.
Tu nous connais bien mal… (G.JV: 117)
А почему ты нам ее не представил? Ты что, боялся, что она увидит нас и
сбежит? Плохо же ты нас знаешь…(Г.М)
Donnons encore un exemple avec l’ interjection comment. Il s’agit toujours de l’
étonnement:
(62)Moktir s’est montré fort surpris de ce silence… moi aussi.
– Je ne le suis pas moins de ce que vous me dites : comment ! il savait donc que je
l’avais surpris ! (Imm : 83)
Моктир был очень удивлен вашим молчанием… я тоже.
68
- Я не менее удивлен тем, что вы мне рассказываете. Как? Значит, он знал,
что я его поймал? (Имм: 33)
Notons que, d’après nous, cette transformation «phrase exclamative -> phrase
interrogative» est superflue, car dans la langue russe ces pronoms interrogatifs
что, как fonctionnent aussi comme interjections employés indépendemment avec
le point d’exclamation (-Я не смогу прийти. –Как! Ты же обещал!).
Сependant, d'autres interjections secondaires qui n’ont pas la forme d’un pronom
interrogatif sont parfois traduites par une phrase interrogative dévéloppée. Voilà
trois exemples avec l’ interjection Eh bien!
Dans notre premier exemple l’interjection exprime l’impatience du personnage :
(63) Il descendit les marches de l ’amphithéâtre en traînant les pieds pour gagner
quelques secondes.
- Eh bien! Dépêchons! Dépêchons! dit Mouchinot. (Eyg: 132)
Он спускался по ступенькам амфитеатра очень медленно, чтобы выиграть
хоть несколько секунд.
- В чем дело? Поторопитесь! — сказал Мушино. (Эгл: 97)
Dans l’exemple suivant le personage s’impatiente aussi, mais il commence déjà de
s’enrager:
(64) Rassemblant son courage, il ouvrit la portière et se glissa dehors. La faiblesse
de ses jambes le surprit. Son coeur n ’en finissait pas de tomber dans le vide.
— Eh bien! reprit son père d ’une voix dure.
Jean-Marc tressaillit et avança. (Eyg: 44)
Собравшись с духом, Жан-Марк открыл дверцу и почти вывалился из
машины. Ноги подкашивались, сердце падало куда-то в пустоту.
— Ну, идешь? — жестко спросил отец.
Жан-Марк вздрогнул и шагнул. (Эгл: 23)
69
Dans ces situations qui sont presque pareilles du point de vue émotionnel nous
apprécions bien cette variante de traduction, car ces transformations aident les
lecteurs à mieux comprendre la situation et les sentiments des personnages. Le
traducteur n’ajoute pas de sens superflus et ne perd pas d’expressif, car nous
comprenons bien que chaсune de ces interjections contient une idée d’impatience
et une question cachée (implicite). Alors, le traducteur la rend explicite.
Dans l’exemple suivant le personnage indigné prononce un long monologue où il
blâme son père. Eh bien ! dans ce cas-là nous transmet sa colère et son désespoir :
(65) Depuis que je sais certaines choses sur lui, je me sens tout à fait libre à son
égard, figure-toi! D ’ailleurs il n ’a cessé de m ’expliquer que tout était permis en
amour, qu’aucune femme n ’était sacrée! Il a voulu me construire à son image! Eh
bien! il y a reussi! (Eyg: 150)
С тех пор как мне стало кое-что известно, я — представь себе! — чувствую
себя свободным от всяких обязательств по отношению к нему! К тому же
отец сам без конца внушал мне, что в любви все дозволено и ни одна
женщина не должна мешать мужчине искать наслаждений как можно
больше, как можно чаще. Он хотел воспитать меня по своему образу и
подобию и добился своего! На что же ему жаловаться? Что посеешь — то
пожнешь! (Эгл: 108)
Au lieu d’une interjection russe (Что ж!, par exemple) le traducteur choisit une
phrase développée qui explique le sens de l’interjection française. Selon nous, c’est
possible dans ce monologue-là qui contient des phrases longues et assez
pathétiques. Pourtant, il faut être attentif et respecter la stylistique du texte à
traduire. C’est-à-dire, dans l’exemple (63) il nous semble incorrecte de traduire Eh
bien ! par une longue phrase, par exemple Ну почему вечно приходится вас
ждать? parce que la situation n’a rien à voir avec des sentiments profonds et les
émotions complexes.
70
Voilà encore des exemples avec d’autres interjections:
(66) Ma belle-mère protestait encore :
- Mais enfin ! Vous n’allez pas réveiller les petites maintenant quand même ! La
maison n’est même pas chauffée ! Il n’y a rien là-bas ! Il n’y a rien pour elles.
Elles... (G.Je : 8)
Свекровь не сдавалась:
- Что за безумие? Не станете же вы будить малышек, в такое-то время! В
доме не топлено! Там ничего нет! Туда нельзя везти детей! Они…(Г.Л)
Si dans cet exemple la traduction qui nous semble bien appropriée peut être
remplacée, selon nous, par une traduction interjective (Как же так!), dans
l’exemple suivant l’interjection secondaire est assez rare et demande une
traduction explicative :
(67) - Bon ben alors !… On emprunte la bagnole de ton père, on roule peinard et
dans quelques heures on la remet bien gentiment là où on l’a prise et c’est tout.
(G.JV: 81)
- Ну, ты понял?… Берем тачку твоего старика, едем себе спокойненько,
потом возвращаем ее по-тихому, откуда взяли, и все дела. (Г.М)
Pour résumer tout ce que nous avons dit sur ce moyen de traduction notons que
parfois cette transformation exclamation -> interrogation est superflue, mais il y a
des cas où elle aide à rendre explicite une question implicite et expliquer les
nuances de sens des paroles (63-67).
Nous avons trouvé un exemple assez intéressant où l’interjection secondaire est
traduite par l’interjection primaire:
(68) Que j’étais faible, alors !… Tiens ! voici des enfants… Non, je n’en reconnais
aucun. Que Marceline est grave ! Elle est aussi changée que moi. (Imm : 131)
71
Какой слабый я был тогда!.. Ах, вот и дети!.. Нет, я ни одного из них не
узнаю. Как Марселина печальна! Она тоже изменилась, как я. (Имм: 53)
Сe n’est qu’un exemple, donc nous sommes loin de parler de la tendance.
Cependant, la traduction nous semble bien adéquate, car, comme nous avons déjà
remarqué, toutes les interjections primaires peuvent exprimer n’importe quelles
nuances de sens.
§3 Les interjections dites religieuses.
Selon nous, il est nécessaire de mettre à part un groupe d’interjections dites
religieuses (qui contiennent un appel à Dieu) et leur contraire qui contiennent le
nom de diable, parce que certaines gens sont loin de la religion et n’utilisent jamais
ces interjections pour exprimer leurs sentiments. Et si on les utilise c’est une
caractéristique verbale importante.
En examinant les moyens de traduction de ce type d’interjections nous avons
remarqué 2 tendances principales:
A. L’interjection religieuse française est traduite par une interjection religieuse
russe .
Citons quelques exemples. Dans toutes les situations les personnages éprouvent
des émotions négatives, telles que la peur, la stupéfaction :
(69) Doux Jésus ! s'exclama-t-elle, en apercevant le corps de son amie étendu sur
le carrelage de la cuisine. (G.En: 11)
«Иисус милосердный!» - воскликнула она, заметив лежащую в кухне на
кафельном полу подругу. (Г.Пр: 2)
(70) Bon, se dit-il, je ne peux pas la lui laisser, on pourrait presque l'essorer. . .
Bon, tant pis, je verrai son. . . Enfin son soutien. . . Horreur ! Par tous les saints
72
du ciel! Elle n'en portait pas ! Vite, il rabattit le drap sur sa poitrine. Bien. . . Le
bas maintenant. . . (G.En : 154)
Так, сказал он себе, рубашку оставлять нельзя, она насквозь промокла…
Ладно, тем хуже, я увижу ее… Ее… Лифчик… Ужас! Святые угодники!
Она не носит лифчика! (Г.Пр: 49)
(71) Mais Christophe, qui ne comprenait pas leur conversation, entendait
seulement leurs éclats de voix, il voyait leurs traits crispés, et il pensait avec
angoisse : « Comme il a l’air méchant ! Ils se haïssent, sûrement. Comme il roule
les yeux ! Comme il ouvre la bouche ! Il m’a craché au nez, dans sa fureur. Mon
Dieu ! il va tuer grand-père… » (JC1: 28)
Кристоф же, не понимавший, о чем идет речь, слышал только раскаты их
голосов, видел искаженные лица и думал со страхом: “Боже мой, до чего же
он злой! Как они ненавидят друг друга! Как он вращает глазами, как
разевает рот! Все лицо мне заплевал! Господи! Он сейчас убьет дедушку!..”
(ЖК1: 14)
Il est à noter que dans le dernier exemple le texte français contient un appel à Dieu,
tandis que dans la traduction nous voyons deux appels exprimés par les mots
différents, сe qui, à notre avis, accentue l’émotion. Et dans ce cas c’est une
solution adequate, puisque, comme nous avons déjà dit, les paroles de ce
personnage, Christophe, contiennent beaucoup d’interjections, surtout religieuses.
Dans l’exemple suivant il s’agit du dégoût:
(72) – Bon Dieu ! qu’il est laid ! fit le vieux, d’un ton convaincu. Il alla reposer la
lampe sur la table. (JC1: 4)
– Господи! До чего безобразный! – с чувством проговорил старик, и, отойдя,
поставил лампу на стол. (ЖК1: 3)
73
Dans l’exemple suivant l’émotion est difficile à déterminer: la surprise avec de la
pitié, mais la traductuion reste la même - interjection religieuse russe :
(73) Je vis entrer, à la place de Charles, un absurde Monsieur, coiffé d’un ridicule
chapeau melon. Dieu ! qu’il était changé ! (Imm :102)
Вместо Шарля явился какой-то нелепый господин в смешном котелке. Боже,
как он изменился! (Имм: 41)
Cependant, dans un exemple nous avons remarqué une variante de traduction qui
présente une combinaison de deux interjections russes Господи et Боже мой.
L’intéressant est que chacune d’elles équivaut à l’interjection française Bon Dieu,
mais le traducteur les a placées ensemble pour renforcer une émotion de colère.
Cependant, nous ne pouvons pas expliquer pourquoi le traducteur a voulu
accentuer cette émotion et pas les émotions dans les deux exemples précédents (il
s’agit du même livre) :
(74) Le vieux la regarda ; elle évita son regard.
- Ce n’est pas vrai, tu mens.
Elle pleura silencieusement.
- Bon Dieu ! cria le vieillard, en donnant un coup de pied au foyer. Le tisonnier
tomba bruyamment. La mère et l’enfant tressaillirent. (JC1 : 6)
Старик пристально посмотрел на нее, она отвела глаза.
- Неправда, – сказал он. – Нечего меня обманывать.
Луиза тихо заплакала.
- Господи боже мой! – воскликнул старик, ударяя ногой в подпечек.
Кочерга с шумом упала на пол. Мать и ребенок вздрогнули. (ЖК1: 3)
Tous les exemples cités contenaient les interjections appelant Dieu directement –
Bon Dieu, mon Dieu, Jésus.
Mais quand il s'agit de la formation d'interjections à base du lexique de culte nous
sommes en présence de l’euphémisation: on remplace des mots ou des sons pour
74
des raisons de superstition, de morale, etc. Alors, le mot Dieu est souvent remplacé
par di, bieu, bleu. Et l’interjection par Dieu a donné les euphémismes tels que
pardi, parbleu, pardine (Корди: 7).
Il faut souligner que les interjections formées par l’euphémisation ont presque
toujours une nuance de sens injurieuse, alors, elles aident à exprimer les émotions
négatives, telles que la colère:
(75) - Mais vous vous entendez ? Vous entendez comme vous me parlez ! ? Mais je
ne suis pas un chien, Pierre. Je ne suis pas votre chien, bon sang ! (G.Je: 54)
- Вы сами-то себя слышите? Слышите, как вы со мной говорите? Я ведь не
собака, Пьер. Не ваша собачонка, Пьер, черт вас побери! (Г.Л)
(76) Jean-Michel continua d’une voix plus sourde, avec des éclats de colère :
– Qu’ai-je fait au bon Dieu pour avoir cet ivrogne de fils ? C’est bien la peine
d’avoir vécu comme j’ai vécu, de m’être privé de tout !… Mais toi, toi, tu n’es
donc pas capable de l’empêcher ? Car enfin, sacrebleu ! c’est ton rôle. Si tu le
retenais au logis !… (JC1: 6)
Жан-Мишель продолжал уже тише, но еще с гневными раскатами в голосе:
– Чем я согрешил, за что мне такая кара, что сын у меня пьяница! Стоило
жить, как я жил всю жизнь, – всегда во всем себе отказывать!.. Ну, а тыто, ты почему его не можешь удержать? Ведь это же, черт возьми, твоя
обязанность! Что это за жена, у которой муж никогда не сидит дома!
(ЖК1: 3)
Il s’agit souvent de l’indignation:
(77) – J’m’en vas le dire à mon père, que c’est vous qui tendez les collets.
– Parbleu ! c’est un des tiens.
– Ben sûr que c’est pas vous qui l’avez posé, celui-là. (Imm: 108)
— Вот я расскажу отцу, что вы расставляете силки.
75
— Черт возьми! Это один из твоих силков.
— Уж конечно, это не вы его расставили. (Имм: 43)
(78) Camille. . .Camille. . . grinçait le parquet, Retiens-nous. . .suppliaient les
vieilleries, Morbleu ! pourquoi les Tupperware et pas nous ? s'indignait le vieux
général photographié sur son lit de mort. (G.En : 403)
«Камилла… Камилла…» - скрипел паркет. «Удержи нас…» - молило старьё.
«Черт возьми! Почему эти Tupperware, а не мы?» - гневался старый
генерал, сфотографированный на смертном одре. (Г.Пр: 130)
Parfois c’est le regret d’être mal compris par son interlocuteur:
(79) -Vous ne l’avez pas rattrapée ?
-Comme dans les films ?
- Oui. Au ralenti...
- Non. Je suis allé me coucher.
- Vous coucher ?
- Oui.
- Mais où ?
- Chez moi, pardi ! (G.Je : 148)
- Вы ее не догнали?
- Как в кино?
- Да. Как в замедленной съемке…
- Нет. Я пошел спать.
- Спать?
- Да.
- И куда же?
- Домой, черт побери! (Г.Л)
76
Mais les émotions liées avec de telles interjections ne sont pas toujours négatives.
Il y a des exemples qui montrent qu’elles peuvent être utilisées pour exprimer un
sentiment positif, cependant ces exemples ne sont pas nombreux.
Nous pouvons remarquer l’humeur joyeuse de ceux qui parlent :
(80) Et il sort en me saluant très bas. À peine si je prends le temps de réfléchir :
– Charles ! – Il a parbleu raison… Oh ! Oh ! Mais si c’est là ce qu’on appelle
posséder !… Charles. Et je cours après lui ; je le rattrape dans la nuit, et, très vite,
comme pour assurer ma décision subite... (Imm : 115)
И он удалился, низко поклонившись мне. Я едва поспеваю сообразить и
кричу: — Шарль!
Он прав, черт возьми… О! О! Если это называется — владеть!.. "Шарль!"
И я бегу за ним; я нагоняю его в темноте и быстро, как бы для того, чтобы
закрепить свое внезапное решение, говорю… (Имм: 46)
(81) Tenez, prenez ma chapka au moins. . . Camille fit un effort pour sourire.
- Elle appartenait à votre oncle aussi ?
- Diantre, non ! Plutot à mon bisaïeul, celui qui a accompagné ce petit général
dans ses campagnes de Russie. . . (G.En : 148)
Почему вы без шапки, так можно умереть. Возьмите хотя бы мою…
Камилла попыталась улыбнуться.
- Она тоже принадлежала вашему дяде?
- Черт побери, конечно, нет! Скорее, прадеду - тому, который был рядом с
маленьким генералом во время русской кампании… (Г.Пр: 47)
Pour faire un petit bilan, nous voudrions souligner que dans la langue russe il
n’existe pas de tradition linguistique pareille quand on remplace le nom de Dieu et
de diable par quelques autres mots.
77
Nous voyons bien que dans tous les cas l’interjection française est traduite par
Черт, Черт возьми, Черт побери. A notre avis, ces trois interjections russes
n’ont pas de différence si on parle de leur force expressive.
Passons maintenant à la deuxième tendance.
B. L’interjection religieuse est omise dans le texte russe.
Nous avons trouvé plusieurs exemples d’omission d’interjection de ce type, voilà
quelques-uns. Dans cet extrait-là le personnage exprime son indignation:
(82) Quand il était enfant, il souffrait d'insomnie, cauchemardait, hurlait,
l'appelait et lui soutenait que lorsqu'elle fermait la porte, ses jambes partaient
dans un trou et qu'il devait s'accrocher aux barreaux du lit pour ne pas les suivre.
Toutes les institutrices lui avaient suggéré de consulter un psychologue, les
voisines hochaient la tete gravement et lui conseillaient plutot de le mener au
rebouteux pour qu'il lui remette les nerfs en place. Quant à son mari, lui, il voulait
l'empecher de monter. C'est toi qui nous le gates ! il disait, c'est toi qui le
détraques ce gamin ! Bon sang, t'as qu'à moins l'aimer aussi! T'as qu'à le laisser
chialer un moment, d'abord y pissera moins et tu verras qu'y s'endormira quand
meme. . . (G.En : 138)
Ребенком он страдал бессонницей, а когда засыпал, ему снились кошмары, он
кричал, звал бабушку, клялся, что, стоит ей закрыть дверь, как его ноги
проваливаются в дыру и ему приходится цепляться за спинку кровати,
чтобы удержаться и не упасть в эту дыру. Учителя рекомендовали
Полетте показать мальчика психологу, соседи сочувственно качали головами
и советовали отвести Франка к костоправу, чтобы тот поставил ему мозги
на место. Муж Полетты, дед Франка, каждый раз пытался помешать ей
бежать по первому зову в комнату внука. «Ты его балуешь! - так он говорил.
- Именно ты его портишь! Пусть поноет - меньше будет писаться и в конце
концов заснет, вот увидишь…» (Г.Пр: 44)
(83)– Alors, sur les dix sous que Monsieur donne, je lui laisse cinq sous par piège.
78
– Certainement il les mérite. Parbleu ! Vingt collets en cinq jours ! Il a bien
travaillé. Les braconniers n’ont qu’à bien se te-nir. Ils vont se reposer, je parie.
– Oh ! Monsieur, tant plus qu’on en prend, tant plus qu’on en trouve. Le gibier se
vend cher cette année, et pour quelques sous que ça leur coûte… (Imm : 111)
— И вот из десяти су, которые вы платите, сударь, я пять отдаю ему за
каждую западню.
— Конечно, он заслужил их. Двадцать силков за пять дней! Он славно
поработал. Теперь держитесь, браконьеры! Ручаюсь, что они сделают
передышку.
— О, нет, сударь, чем больше ловишь силков, тем больше их находишь. Дичь
в этом году дорога, и за те несколько су, что это им стоит…(Имм: 45)
(84) – Oh ! parbleu, vous êtes le maître ! et vous faites ce qui vous plaît. (Imm:
114)
- Ну, конечно, вы хозяин! Можете делать, что хотите! (Имм: 45)
Le personnage qui a peur utilise aussi des interjections de ce type :
(85) Louisa pleurait plus fort.
– Ne me grondez pas encore, je suis déjà si malheureuse ! J’ai fait tout ce que j’ai
pu. Si vous saviez comme j’ai peur, quand je suis seule ! Il me semble que
j’entends toujours son pas dans l’escalier. Alors j’attends que la porte s’ouvre, et
je me demande : Mon Dieu ! comment va-t-il paraître ?… Cela me rend malade
d’y songer. (JC1 : 7)
Луиза расплакалась еще сильнее.
– Не браните меня, мало у меня и так горя! Я уже все делала, что только
можно. Вы думаете, мне самой не страшно, когда я тут одна его
дожидаюсь?.. Мне все мерещится – вот его шаги на лестнице. Потом
ждешь – вот сейчас откроется дверь, а какой он войдет? Какой будет? Мне
прямо нехорошо, когда я об этом подумаю. (ЖК1: 4)
79
Ainsi nous voyons que ces interjections ne trouvent pas de traduction, cependant,
les traducteurs n’ont pas veillé à compenser l’expressivité perdue.
En parlant d’interjections que nous avons appelées religieuses nous voudrions citer
un exemple qui est unique parmi tous les exemples trouvés:
(86) - Bon Dieu ! mais donnez-lui queque chose de chaud ! cria-t-on dans
l'assemblée. . . (G.En : 455)
- Черт! Дайте же ей чего-нибудь горячего! - хором закричали
присутствующие. (Г.Пр: 147)
Alors, nous voyons que le nom de Dieu est traduit par le nom de diable ce qui est
bien inattendu. Dans ce cas-là il s’agit d’une émotion négative, cependant, cela ne
suffit pas pour expliquer cette traduction. Nous sommes loin de parler d’une
tendance, car nous n’avons qu’un exemple de ce type, mais cela pose un problème,
à notre avis. Nous pensons que l’utilisation du nom de Dieu ou du nom de diable
uniquement est une caractéristique importante d’un personnage. Pour le prouver
notons que dans les exemples (72, 74, 76) les interjections religieuses sont
présentes dans les paroles du même personnage (Jean-Michel, grand-père de
Christophe). Alors, une traduction pareille défigure le portrait verbal d’un
personnage.
§4 Les interjections injurieuses.
Passons maintenant aux interjections secondaires qui ne peuvent exprimer que des
émotions négatives à cause de leur valeur injurieuse, appelons-les donc les
interjections injurieuses. Notons que parmi les interjections dites religieuses,
plusieurs ont aussi la sémantique injurieuse (pardi, morbleu), selon E. Kordi
(Корди: 6-7), mais les interjections dont nous allons parler n’ont rien à voir avec le
culte.
80
La liste d’interjections injurieuses n’est pas grande : merde !, putain !, mince !,
bordel !.
La principale tendance que nous avons révélée dans leur traduction est que toutes
ces interjections sont traduites en russe par l’interjection Черт! qui appartient au
lexique de culte. Il ne vaut pas la peine de décrire toutes les émotions qui sont,
comme nous l’avons déjà dit, négatives. Alors, citons des exemples :
(87) Il était si troublé qu'il dut se tenir au rideau pour se relever et arracha la
tringle.
- Merde ! (G.En : 497)
Франк обалдел, настолько, что, поднимаясь с пола, машинально схватился
за штору и - естественно! - сорвал карниз.
- Черт! (Г.Пр: 160)
(88) Arrête ça tout de suite. C'est n'importe quoi. Oh, merde ! (G.En: 502)
Перестань сейчас же. Как не стыдно! О,черт! (Г.Пр: 162)
(89) Tu m'aideras pour les huitres aussi ?
- Il faut les ouvrir ? !
- Non, non, juste les faire belles. . . Au fait, c'est toi qui as pelé les pommes vertes?
- Oui. Elles sont là. . . Oh, merde ! On dirait plutot un dindon, mon truc. . . (G.En :
336)
Поможешь мне с устрицами?
- Мне что, придется их открывать?!
- Да нет, успокойся, только красоту навести… Кстати, ты почистила
зеленые яблоки?
- Да. Они вон там… О, черт! Индюшонок получился…(Г.Пр: 108)
(90) - Putain ! Mais combien de fois il faut que je vous le dise ? Le beurre, ça va
dans un beurrier parce que ça prend toutes les odeurs ! (G.En : 209)
81
- Черт! Ну сколько раз вам повторять? Масло должно лежать в масленке оно же «цепляет» на себя все запахи! (Г.Пр: 68)
(91)- Bon ben… on va le foutre dans le coffre ?
- Ouais.
- Merde !
- Quoi encore ? !
- Y a plein de trucs… (G.JV: 83)
- Ну что?… Запихнем его в багажник?…
- Угу.
- Черт!
- Что еще?
- Там полно барахла…(Г.М)
Cependant, comme nous avons déjà remarqué, même les interjections au sens
injurieux et tout à fait négatif peuvent participer à la formation d’émotions
positives, une grande surprise avec de la joie, par exemple:
(92)-C'est moi, là ?
- Oui.
- Mince, vous dessinez vachement bien !
- J'essaye. . . (G.En : 127)
- Это я, вот там?
- Да.
- Черт, вы классно рисуете!
- Пытаюсь… (Г.Пр: 41)
Les exemples montrent que dans la langue russe il n’y a pas d’interjection
injurieuses pas trop grossières pour être employées au quotidien. La seule qui nous
vient à l’esprit c’est le mot Блин! Mais à la différence de l’interjection
82
française Merde! qui ne perd pas son actualité avec le temps, Блин! n’était que la
mode linguistique des années 2000. Аlors, pour garder le caractère injurieux
d’interjections françaises et pour ne pas dire des grossièretés en russe les
traducteurs choisissent à l’unanimité le mot Черт!
83
Conclusion.
Dans ce travail nous avons analysé les phrases tirées des oeuvres littéraires
françaises des XX-XXI siècles qui contiennent une interjection émotive et leurs
traductions vers le russe.
Dans l’introduction nous nous sommes adressé aux notions d’émotionnel et de
rationnel dans la langue, nous avons énuméré les moyens de la langue qui peuvent
créer l’effet expressif et nous avons souligné que ce sont les moyens lexicaux qui
donnent plus de possibilités aux auteurs d’exprimer les émotions des personnages.
Puis, nous avons essayé de comprendre quels moyens lexicaux émotifs présentent
le plus grand intérêt pour les traducteurs des oeuvres littéraires et nous avons
constaté que ce sont surtout les interjections, car elles exigent souvent une
transformation linguistique. Nous avons aussi défini le corpus: les oeuvres
littéraires françaises des XX-XXI siècles des auteurs, tels que André Gide, Romain
Rolland, Raymond Queneau, Henri Troyat, Amélie Nothomb, Frédéric Beigbeder,
Anna Gavalda.
Rappelons que nous avions deux hypothèses:
1) plusieurs interjections ne peuvent pas être traduites par les interjections ou
d’autres mots proposés par les dictionnaires et exigent la transformation
linguistique ;
2) parmi les moyens de traduction les uns sont plus adéquats et pertinents que
les autres (ne défigurent pas le sens, ne baissent et n’augmentent pas le degré
d’expressf des interjections).
Dans le premier chapitre nous avons fait une étude théorique des notions clés pour
notre sujet. Ainsi, nous avons dit que l'expressif est une notion plus générale que
l’émotionnel et que l'émotif est un synonyme de l'appréciatif et se rapporte au
domaine linguistique, tandis que l'émotionnel se rapporte au domaine des sens.
Puis, après avoir noté qu’il existe les propositions proprement dites émotives, nous
avons présenté leurs types selon les moyens du langage qui assurent l’effet
84
expressif de la construction: les phrases dont l’expressivité est liée au potentiel
d’une partie du discours, et les phrases dont l’expressivité est créée par leur
structure même. Nous avons prêté une attention particulière aux propositions
interjectives et aux interjections mêmes.
En nous basant sur les ouvrages des linguistes qui étudiaient les interjections, nous
avons montré que cette partie du discours présente plusieurs problèmes pour
chercheurs faute de сaractéristiques grammaticales bien définies.
Ensuite, nous avons présenté certaines classifications des interjections. La
classification des interjections en primaires (simples, pareilles aux exclamations
réflexes et n’ayant pas d’omophones parmi les autres lexèmes) et secondaires
(celles qui ont un lien évident avec un autre lexème et peuvent même appartenir à
une autre langue) a servi de base pour notre analyse critique.
Mais rappelons que c’est surtout le problème de la traduction des interjections qui
nous intéresse, c’est pourquoi nous avons étudié les interjections de ce côté et nous
avons appris que ce problème est peu étudié dans les travaux des théoriciens
connus de la traduction, ce qui est bien étonnant. L'absence de base théorique
dévéloppée concernant cette question exerce naturellement une influence négative
sur la qualité de la traduction de toute oeuvre littéraire, puisque les interjections
possèdent un grand potentiel langagier.
Dans le deuxième chapitre nous avons fait l’analyse des exemples en les divisant
en 4 paragraphes : les interjections primaires, secondaires, dites religieuses (qui
contiennent l’appel à Dieu et au diable) et injurieuses (qui ne peuvent que
transmettre les émotions négatives).
Après avoir examiné toutes les variantes des traductions nous avons conclu que
dans le groupe des interjections primaires on peut distinguer trois tendances
principales de la traduction:
1. l'interjection primaire est traduite par l'interjection primaire ;
2. l'interjection primaire est omise;
85
3. l'interjection primaire est traduite par l'interjection secondaire ou un mot/
une combinaison de mots autre qu’interjection.
L’analyse des exemples montre que:
1) la traduction des interjections primaires par les interjections primaires (Ah –
Ax, Oh – Ох) est un moyen de traduction adéquat qui n’entraîne pas de
risque de déformer le sens. En plus, ces interjections peuvent se substituer
dans la traduction (Ah – Ох, Oh – Ах) , puisque chacune d’entre elles peut
exprimer plusieurs émotions ;
2) l’omission des interjections est toujours injustifiée, selon nous, mais les
omissions des interjections primaires exprimant des sentiments négatifs sont
plus rares que celle des interjections primaires exprimant des sentiments
positifs. En plus, cette omission est souvent compensée (par le choix des
mots dans la phrase, par exemple). On peut croire que les émotions
négatives sont souvent plus importantes pour la caractéristique des
personnages;
3) comme les interjections primaires sont capables de transmettre toute une
gamme d’émotions, leur traduction par un mot autre qu’interjection est
possible si ce mot explique leur sens, mais n’ajoute pas d’idées
supplémentaires. Mais dans le cas des interjections primaires exprimant les
sentiments négatifs les
mots autres qu’interjections et les interjections
secondaires donnés comme traduction n’expliquent pas seulement le sens
des interjections, mais affaiblissent ou renforcent l’émotionnel, ce qui est à
éviter dans la traduction.
En ce qui concerne les interjections secondaires, les tendances de leur traduction
sont les suivantes :
1. l’interjection secondaire française est traduite par une interjection secondaire
russe ;
2. la traduction se fait par d’autres moyens syntaxiques ou lexicaux ;
3. l’interjection secondaire française est traduite par «Ну» ou par «Ну» plus une
autre partie du discours ;
86
4. la phrase exclamative contenant une interjection secondaire devienne
interrogative.
L’analyse des exemples montre que:
1) les variantes de traduction prises du dictionnaire ne sont pas nombreuses.
Cela prouve bien que la traduction des inerjections exige une
transformation ;
2) la traduction des interjections secondaires par les interjections secondaires
(La belle affaire – Милое дело, Tu parles – Куда там, Eh bien – Пусть ) est
très pertinente, selon nous, cependant le traducteur qui cherche l’interjection
russe la plus appropriée doit contrôler l’aspect stylistique pour ne pas
défigurer le portrait du personnage et ne pas perdre l’expressivité du texte ;
3) il est possible de compenser l’expressivité perdue à cause d’un choix
incorrect de l’interjection par d’autres moyens de la langue;
4) les interjections qui remontent aux formes verbales (allons!, voyons!) sont
souvent traduites par les impératifs (не переживай, прекрати), ce qui est
logique et adéquat;
5) les transformations syntaxiques dans les cas où l’interjection est traduite par
la particule russe ( Tiens, c’est à moi! – Да это моя!) accentuent bien les
émotions, souvent sans perte d’expressivité et sans défiguration de sens ;
6) dans les cas où la particule russe Ну accompagne une interjection secondaire
(ну что ты, ну ладно) elle nous semble un élément superflu qui n’ajoute
aucune nuance. Mais ну + да/вот/же joue un rôle important en ajoutant de
l’expressif ;
7) la transformation exclamation -> interrogation est superflue, mais il y a des
cas où elle aide à rendre explicite une question implicite et expliquer les
nuances de sens des paroles des personnages.
Dans le groupe des interjections secondaires que nous avons appelées religieuses,
nous avons révélé 2 tendances principales:
87
1. l’interjection religieuse française est traduite par une interjection religieuse
russe ;
2. l’interjection religieuse est omise dans le texte russe.
L’analyse des exemples montre que:
1) le nom de Dieu est le plus souvent traduit par le nom de Dieu (Doux Jésus –
Иисус милосердный , Bon Dieu – Господи) ;
2) le diable n’est jamais nommé directement dans les textes que nous avons
vus, nous sommes en présence des euphémismes (diantre) et le nom de Dieu
subit aussi l’euphémisation dans les injures (parbleu, pardi, morbleu). Et ces
mots sont traduites en russe par Черт, Черт побери, car dans la langue et
culture russes il n’existe pas de tradition pareille. Cette traduction nous
semble bien pertinente, parce que, selon nous, les mots Черт, Черт возьми,
Черт побери ont la même force expressive que les euphémismes français;
3) l’omission reste toujours la façon de traduire inappropriée, surtout dans ces
cas-là, parce que les interjection religieuses présentent une caractéristique
verbale importante.
Toutes les interjections injurieuses sont traduites en russe par l’interjection Черт.
Nous expliquons cette tendance par le fait que dans la langue russe il n’y a pas
d’interjection injurieuses pas trop grossières. Аlors, pour garder le caractère
injurieux d’interjections françaises et pour ne pas dire des grossièretés en russe les
traducteurs préfèrent le mot Черт!
Ajoutons que les moyens de la traduction ne varient pas selon la date de la sortie
des livres (début, milieu ou fin du XXme siècle). Et nous n’avons pas remarqué
non plus la prédominance de tel ou tel moyen selon les périodes.
Alors, l’analyse a justifié nos hypothèses: pour traduire les interjections il ne suffit
pas de trouver leurs analogues dans le dictionnaire, car la majorité des interjection
peuvent exprimer une gamme d’émotions différentes, selon le contexte. Les
88
exemples ont prouvé que la transformation peut entraîner la défiguration des sens
et la perte ou l’affaiblissement de l’effet expressif. Donc, la traduction des
interjections est un objectif difficile pour les traducteurs des oeuvres littéraires qui
demande une bonne intuition linguistique et le respect de la stylistique des textes.
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89
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B99 - Beigbeder F. 99 francs.
Eyg - Troyat H. Les Eyglétière.
G.En - Gavalda A. Ensemble, c’est tout.
G.Je - Gavalda A. Je l’aimais.
G.JV - Gavalda A. Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part.
Imm - Gide A. L’immoraliste.
JC1 - Rolland R. Jean-Christophe. Volume 1 L’aube.
N.EA - Nothomb A. Ni d’Eve ni d’Adam.
N.ST - Nothomb A. Stupeur et tremblements.
Zaz - Queneau R. Zazie dans le métro.
Б99 – Бегбедер Ф. 99 франков.
Г.Л - Гавальда А. Я её любил. Я его любила.
Г.М - Гавальда А. Мне бы хотелось, чтоб меня кто-нибудь где-нибудь ждал.
Г.Пр – Гавальда А. Просто вместе.
ЖК1 - Роллан Р. Жан-Кристоф (том 1).
Заз - Кено Р. Зази в метро.
Имм - Жид А. Имморалист.
Н.ДО - Нотомб А. Дрожь и оцепенение.
Эгл - Труайя А. Семья Эглетьер.
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